Bon nombre de pratiques respectueuses de l’environnement peuvent aussi être bénéfiques au portefeuille de l’éleveur : optimisation de la fertilisation et de l’apport de concentrés, ajout de légumineuses, économies d’énergies, réduction du temps improductif des animaux,…
« Les exploitations les plus performantes sur le plan technique, qui enregistrent de faibles impacts environnementaux, ont également les meilleurs résultats économiques », affirme le rapport du projet Dairyman qui a évalué durant plusieurs années les impacts environnementaux des élevages laitiers de dix régions du Nord-Ouest de l’Europe. A l’inverse, les exploitations non optimisées techniquement ont recours de façon importante aux intrants (engrais, aliments, énergies directes et indirectes,…) et affichent des coûts de production élevés, réduisant l’excédent brut d’exploitation (Ebe).
| Leviers d'optimisation | Kg eqCO2 / Kg lait | Kg de PO4- / ha Sau | € Ebe (année 2011) |
|---|---|---|---|
Baisse de la fertilisation azotée (- 15 à - 30 kg/ha) | - 2 à - 4 % | - 5 à - 23 % | - 1,4 à 1,3 % |
| Optimisation du pâturage des VL | - 2 % | - 6 % | + 4 % |
Optimisation du concentré VL (- 30 à - 50 g/l sans perte de production) | - 3 à - 4 % | - 8 à - 9 % | - 1,4 à + 12 % |
| Remplacement de 50 % de tourteau de soja par du colza | - 2 à - 9 % | / | - 0,6 à + 0,3 % |
| Baisse de l'âge au vêlage (- 6 mois) | - 2 à - 3,5 % | - 3 à - 4 % | +10,5 à +17 % |
Hausse du lait/VL (+ 400 à 700 l pour des VL entre 5.800 et 7.500 l/VL) | - 2 à - 4 % | + 4 à + 7 % | - 0,5 à + 7,8 % |
| Plus d'herbe, plus d'autonomie alimentaire | - 2 à - 4 % | - 6 à - 9% | + 4,6 à 6,1 % |
Optimiser à la surface ou au litre de lait ?
L’augmentation de la production laitière associée à une réduction des effectifs de vaches est le levier le plus efficace pour réduire les impacts environnementaux ramenés au litre de lait. Par exemple, les systèmes intensifs néerlandais produisent en moyenne 19.735 litres/ha (en Bretagne ce chiffre est de 7.224 litres/ha), leur bilan azoté est l’un des plus faibles avec seulement 10 kg d’azote excédentaires par 1.000 litres (+ 17 kgN en Bretagne), mais à l’inverse, le bilan azoté des surfaces atteint 194 Kg N/ha, soit deux fois plus d’azote perdu que dans les systèmes bretons (97 Kg N/ha).
8.000 kg de lait/VL à l’optimum
A même niveau d’intrants et même gestion du troupeau, une productivité par vache supérieure est donc un gage de réduction de l’empreinte environnementale au litre de lait. « Néanmoins, cette tendance est toutefois à relativiser et doit pour cela considérer le niveau de production initial, précisent les experts du projet Dairyman. En effet, au-delà de 7.500 à 8.000 kg de lait/VL, certains gains de productivité se traduisent dans de nombreuses situations par des impacts environnementaux supérieurs ramenés au litre de lait et une plus forte pression sur le milieu. Cette dégradation des performances environnementales s’explique par un recours plus important aux intrants, à un temps de présence des animaux en bâtiment plus long, une plus faible part des prairies, davantage de fourrages stockés et de concentrés ingérés, ainsi qu’à un accroissement des risques sanitaires (boiteries, mammites, faibles longévité et fertilité,...) et donc du nombre d'animaux improductifs,… »
Jouer sur les concentrés azotés
Certains leviers sont efficaces sans avoir besoin de modifier le fonctionnement du système d'exploitation. Par exemple, l’ajustement des apports de concentrés aux besoins et/ou le remplacement du tourteau de soja par un mélange 50 % soja 50 % colza ont également un effet positif sur les émissions de gaz à effet de serre (réduites de 2 à 9 %) et une incidence économique positive.
Et l’âge au vêlage
En région de cultures fourragères, réduire l’âge au vêlage de 2 ans et demi à 2 ans limite de façon importante les émissions de méthane (CH4), en partie contrebalancée par plus d’émissions indirectes liées aux intrants (concentrés, fioul,…) et par une réduction du stockage de carbone dans les prairies permanentes. Réduire de 6 mois l’âge au vêlage diminuerait les émissions nettes de 2 à 3,5 % et l’incidence positive sur l’Ebe est sensible : + 10,5 à 17 %. Au contraire, ce levier ne doit pas être actionné dans les régions avec beaucoup de prairies permanentes « obligatoires », où les génisses avec des vêlages à plus de 32 mois valorisent efficacement les surfaces en herbe de l’exploitation.

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