Les coops appellent à une meilleure synergie des filières animales

Les coops appellent à une meilleure synergie des filières animales

Face aux difficultés économiques des secteurs agroalimentaires et de certaines filières animales, Coop de France nutrition animale appelle toutes les filières d’élevage à travailler ensemble pour améliorer et promouvoir la qualité du « made in France » et regagner ainsi la confiance du consommateur.

culture de poisCoop de France nutrition animale souhaite que les 2 % des aides de la Pac destinées à la production de protéines végétales soient ciblées vers les cultures destinées à l'alimentation animale. (©Terre-net Média)

« Ensemble, tout devient possible »… Le slogan qui a amené Nicolas Sarkozy à la présidence de la République en 2007 pourrait être repris mot pour mot par les représentants du pôle nutrition animale de Coop de France.

Au lendemain de la convention nationale de ce pôle et à quelques semaines du congrès de Coop de France, son président Jean-Luc Cade et sa directrice Valérie Bris ont appelé toutes les filières animales, jeudi 7 novembre, à « répondre collectivement aux attentes des consommateurs ». Des réponses aux consommateurs qui constituent, selon eux, l’une des clés de la sortie de crise des filières d’élevage comme les productions porcines et avicoles ainsi que des secteurs agroalimentaires et amont et en aval.

D’un point de vue économique, la filière de la nutrition animale subit les conséquences de la perte de compétitivité des filières agricoles face, notamment, à notre voisin allemand. Les baisses des productions de porcs et de volailles se ressentent directement, pour les fabricants d’aliment sur les volumes produits et distribués. En 2013, coopératives et fabricants privés réunis vont produire tout juste 21 Mt d’aliment pour les éleveurs, soit 200.000 t de moins qu’en 2012, et 2 Mt de moins qu’il y a 10 ans. Et Jean-Luc Cade n’est pas plus optimiste pour 2014. « Compte tenu des difficultés, les effets sur la filière de la nutrition animale vont se faire sentir peut-être de manière plus forte encore l’an prochain. »

Les démarches actuelles peu valorisées

Malgré la perte de compétitivité et de la baisse des volumes qui en découle, Coop de France Nutrition animale veut s’afficher dans une « posture constructive » et entend avancer sur le dossier de la qualité et de la sécurité sanitaire, critères clés de la confiance des consommateurs.

« Différentes filières, de la nutrition jusqu’aux industries de la seconde transformation, mettent en place des démarches dispersées qui sont finalement peu ou pas valorisées », explique Jean-Luc Cade.  Or, pour apporter une réponse aux interrogations et attentes des consommateurs, il faut une « approche concertée et globale des filières » car « on voit bien les difficultés que nous avons, notamment, à imposer au niveau européen un étiquetage obligatoire de l’origine des viandes. »

De surcroît, le président de Coop de France nutrition animale estime que les filières « ont été jusqu’à présent très mauvaises en termes de démarches qualité » par rapport aux filières allemandes.

Pour l’alimentation animale, Coop de France souhaite donc que le « produit en France » repose une sécurité sanitaire et une traçabilité certifiées Oqualim.  Lancée il y a cinq ans, la démarche volontaire Oqualim consiste en un référencement de fabricants certifiés répondant à de bonnes pratiques de la nutrition animale et un contrôle des produits des fournisseurs.

Défendre ensemble le "Made in France"

Les coopératives souhaitent ainsi fédérer toutes les autres démarches de ce type, quel que soit le maillon de la filière, pour qu’Oqualim devienne un « prérequis incontournable » de tous les référentiels de qualité : signes officiels de qualité, origine France…  A force d’échanges avec tous les acteurs, Coop de France se donne « deux ou trois ans pour globaliser la démarche ».

Le "Made in France" doit aussi reposer, selon Jean-Luc Cade, sur la valorisation commune, auprès du consommateur, d’un approvisionnement « durable » sur l’ensemble des filières. « Quelle que soit la filière animale, la plupart de nos matières premières répondent d’ores et déjà à des exigences de durabilité sans que les acteurs ne le fassent savoir. » Les règles de la conditionnalité des aides appliquées par les agriculteurs, leurs engagements dans la maîtrise des intrants phytosanitaires, la certification des cultures destinées aux biocarburants « sont autant d’actes concrets en faveur de la durabilité à même d’être valorisés ». Avec le Snia, Coop de France a entrepris au printemps dernier une démarche « approvisionnement durable » en matière d’alimentation animale, cette dernière devant à terme s’inscrire dans « le sous-jacent à l’appellation viande française ».

La posture défensive face à l’écotaxe

Reste que cette « posture constructive » en matière de réponses à apporter aux consommateurs contraste sensiblement avec la ligne défensive des fabricants d’aliment dans le feuilleton de l’écotaxe.  Coop de France nutrition animale et l’ensemble des représentants des coopératives demandent l’abandon pur et simple de cette nouvelle taxe, sans forcément proposer des alternatives ou exiger une application sous réserves de garanties de « retour sur investissement » pour les filières en difficulté. « C’est vrai. On s’est réveillé trop tard, mais ce combat défensif méritait d'être mené », reconnaît Jean-Luc Cade, évoquant le fait que la taxe a été actée dès 2009 lors du Grenelle de l’environnement. « Avec un paysage agricole où se concentrent des filières d’élevage dans l’ouest et des productions végétales dans le reste de l’Hexagone, pourquoi ne pas mettre en place un grand plan directeur sur le transport de matières premières agricoles ? »

Avec le Snia, les coopératives d'alimentation animale avaient estimé à 25 M€ le surcoût de la taxe sur la filière. « En Bretagne où des abattements étaient prévus et où les usines d'aliments sont proches des élevages, l'écotaxe coûterait environ 0,5 € par tonne d'aliment livré, contre 2 €/t dans d'autres régions », explique le responsable.

Mais pour l'heure, « nos entreprises ne peuvent supporter le moindre surcoût. L'application de l'écotaxe, qui est devenue un monstre qui ne répond plus du tout aux objectifs initiaux, ne peut s'appliquer. »

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