Patricia Le Cadre (Céréopa): « Donner des aides à la production ne suffit pas! »

Patricia Le Cadre (Céréopa): « Donner des aides à la production ne suffit pas! »

Pour réduire la dépendance de la France aux importations de soja, il ne suffit pas de concentrer les aides à la production de protéines végétales. Pour Patricia Le Cadre, directrice adjointe du Céréopa, il faut aussi « aider les fabricants d’aliments à s’approvisionner en matières premières très riches en protéines » et ainsi offrir aux éleveurs des aliments à moindre coût. Explications.

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Entre 2006 et 2012, la France a réduit sa consommation de soja de 600.000 tonnes. Mais il ne faut pas voir dans cette baisse un signe d’une plus grande autonomie alimentaire de l’élevage français. « Nos importations, elles, n’ont pas baissé depuis 2009 et la France reste dépendante à 42 % des importations pour ses approvisionnement en protéines végétales », expliquait Patricia Le Cadre, directrice adjointe du Céréopa et responsable de Vigie Matières premières, mi-septembre lors du Space, à Rennes.

En fait, les fabricants d’aliments ont remplacé une partie du soja américain par une autre matière première très riche en protéines : le tourteau de tournesol décortiqué, qui a l’avantage d’offrir des garanties non ogm par rapport au soja américain.

Sauf que la France est l’un des rares pays à ne pas décortiquer son tournesol. Les fabricants en importent donc depuis les pays de la Mer Noire, de l’Ukraine notamment, à des tarifs d’ailleurs compétitifs.

De manière plus générale, « il est difficile, pour les fabricants d’aliments, de trouver en France des sources très riches en protéines », insiste Patricia Le Cadre.

Aider à valoriser la production française

Pour la spécialiste, la réorientation des aides de la Pac en faveur de la production de protéines pour l’autonomie fourragère à hauteur de 2 % du premier pilier, comme l’a annoncé François Hollande au Sommet de l’élevage, semble donc une très bonne chose. « Mais pour aider les filières d’élevage, il faut aller plus loin qu’aider la production. Car les fabricants peinent à capter la production française de protéines, ces dernières trouvent de meilleurs acheteurs à l’exportation. »

En clair, la filière française de la nutrition animale n’a pas les moyens de payer suffisamment cher des matières premières riches en protéines produites en France dès lors que ces protéines sont captées par d’autres débouchés.

Par conséquent, le soutien à la production de protéines végétales ne sera vraiment efficace que s’il s’accompagne d’un « soutien aux fabricants d’aliments pour qu’ils puissent valoriser cette matière première ».

Se focaliser sur les sources concentrées en protéines

Il faudrait même aller plus loin en soutenant, non pas uniquement la production de colza ou de pois protéagineux, mais celle de cultures protéiques plus concentrées, comme le tournesol ou le soja. « En matière protéique, il n’y a que les tourteaux de soja et de tournesol décortiqué qui sont vraiment intéressants. »

Un changement de cap en matière de production de protéines végétales pourrait ainsi être opéré via un usage ciblé des 2 % d’aides du premier pilier de la Pac affecté à la production de protéines. Sur le terrain, Saipol, filiale de Sofiprotéol assurant la première transformation des graines oléa-protéagineuses, commence à décortiquer des graines de tournesol dans son usine de Bassens en Gironde pour proposer aux fabricants et aux éleveurs des tourteaux plus riches en protéines.

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