Quotas laitiers : le B n’est pas forcément un plus

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Quotas laitiers : le B n’est pas forcément un plus

Certains éleveurs ont la possibilité de produire du lait supplémentaire dans le cadre du quota B. Avant de se lancer, une simulation s’impose.

Vaches normandes au pré.
La marge générée par la production du quota B ne permet pas d’engager des investissements.
Il faut donc réaliser des simulations avant de s’engager. (© Terre-net Média)
Le volume de lait A est payé au prix du marché. Le volume B est destiné à la fabrication de produits de base comme la poudre. Il est donc soumis à la très forte volatilité que subit ce type de produits. Cela représente un grand changement pour les éleveurs concernés, puisqu’il n’existe plus un prix unique du lait, mais plusieurs prix pour plusieurs marchés… Le producteur doit donc se poser la question : est-ce vraiment rentable de produire cette rallonge de quota B ?

Une analyse est d’autant plus importante que beaucoup d’éleveurs comparent aujourd’hui les revenus de l’atelier laitier et ceux des céréales. S’il faut mobiliser des terres plutôt destinées aux cultures, pour produire plus de lait, la question mérite d’être posée. Dans certaines zones de polyculture-élevage, la concurrence entre les deux spéculations est plus que jamais d’actualité. Prenons l’exemple de M. Dupré qui a un quota de 35. 000 l. Ce volume se décompose en 96 % de A et 4 % de B. Dans cet exemple, le volume A est payé 320 €/1.000 l et le B 260 €.

Charges proportionnelles

Première étape : calculer la marge brute de la production laitière. Avec cette marge, il est possible d’estimer au plus près les charges proportionnelles par unité de production. Ces charges varient en fonction du volume produit et font toute la différence. Il peut y avoir de gros écarts entre exploitations. En grande majorité, il s’agit d’intrants (concentrés, minéraux) ou de services extérieurs (frais vétérinaires ou d’élevage), qui ne sont donc pas liés à la structure de l’exploitation.

Pour le coût des fourrages, l’approche sera différente. Le coût de la Sfp consommée aura un impact direct sur les surfaces mises en culture pour produire ce fourrage. Dans ce cas, il faudra que l’évolution attendue de la marge brute laitière couvre celle qui pourrait être espérée par la mise en place de cultures de vente. Dans l’exemple de M. Dupré, les charges s’élèvent à 168 €/1.000 l.

Charges supplémentaires

La simulation économique fait apparaître 2.345 € de charges supplémentaires générées par le volume B (cf. tableau 1). Ces charges devront être couvertes par la vente du volume B. Si cette production du volume B s’inscrit dans la durée, ces charges pourront être atténuées grâce à la vente du coproduit viande, estimé en moyenne à 40 €/1.000 l (veaux, réformes, génisses). En effet, les 14. 000 l supplémentaires nécessitent la présence annuelle de deux vaches.

Côté marge, dans notre exemple, la production du volume B au prix de 260 €/1.000 l devrait se traduire par une progression de la marge de 1.855 € (cf. tableau 2). Il ne s’agit pas d’un gain net : cette marge supplémentaire sera soumise aux prélèvements sociaux et fiscaux en vigueur. S’il se situe dans la tranche combinée de prélèvements classiques, une ponction de 40 % sera effectuée. Il ne restera donc plus à M. Dupré que 1.113 € de revenu après impôts et charges sociales. »

Coût marginal

Grâce à cet exemple, on voit que la hausse de la production laitière doit se faire au coût marginal. Le revenu disponible laissé par l’opération n’excède pas les 100 €/1 000 l. L’éleveur ne peut donc pas se lancer dans des investissements structurels pour produire ce volume B. De même, dans un contexte de coûts des intrants élevé, l’effet volume serait annihilé par le poids des charges proportionnelles. Avant de prendre une décision, il est important de comparer les résultats de la simulation à d’autres options qui pourraient être prises comme les cultures de vente, tout en prenant en compte l’impact sur le temps de travail.

Tableau 1 - Charges totales en fonction du volume de lait produit

En euros Volume A + B (350.000 l) Volume A (336.000 l)
Coût de la Sfp consommée

13.790

13.241

Coût des concentrés des vaches

18.550

17.810

Coût des concentrés des génisses

5.810

5.580

Minéraux

1.925

1.850

Frais vétérinaires

4.550

4.370

Frais d’élevage

6.860

6.585

Autres charges proportionnelles

7.315

7.020

Total des charges

58.800

56.455

Différentiel : + 2.345 € de charges pour 14.000 l, soit 167 €/1.000 l

 

 

Tableau 2 - La marge supplémentaire

 

En euros Volume A + B (350.000 l) Volume A (336.000 l)
Produit issu du volume A (336 x 320)

107.520

107.520

Produit issu du volume B (14 x 260)

3.640

0

Coproduit viande (40 €/1.000 l)

14.000

13.440

Total produits

125.160

120.960

Total des charges

58.800

56.455

Marge

66.360

64.505

Différentiel : + 1.855 € de marge en plus à comparer avec la mise en place éventuelle de cultures sur les terres destinées à la Sfp supplémentaire.

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Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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