Les races à faible effectif trouvent de nouveaux adeptes

Les races à faible effectif trouvent de nouveaux adeptes

Maraîchine, Noire du Berry ou Berger de Crau, ces races à faible effectif font partie de la culture française. Le "Prix de la Fondation du patrimoine pour l’agro-biodiversité animale" récompense les projets qui valorisent nos races d’antan.

Berger de Crau
Berger de Crau conduisant avec son maître un troupeau de mérinos d’Arles et de chèvres du Rove.
(© Fondation du patrimoine)
biodiversité domestique
(© Fondation du patrimoine)
La Fondation du patrimoine ne s’intéresse pas uniquement aux vieilles pierres ! Notre patrimoine naturel et notamment nos races rustiques y ont aussi leur place, car nul ne sait aujourd’hui les gènes dont nous pourrions avoir besoin demain.

Afin de récompenser les projets des éleveurs professionnels et amateurs qui conservent et valorisent les races rustiques à faible effectif, la Fondation du patrimoine a créé le "Prix de la Fondation du patrimoine pour l’agro-biodiversité animale". Ce prix sera remis le 27 février au Salon de l’agriculture sur le stand de l’Institut de l’élevage (Hall 3/C41). Il récompense chaque année des initiatives contribuant à la conservation et à la valorisation en France des races domestiques animales : bovins, caprins, ovins, porcins, équidés, volailles et autres animaux de basse-cour, chiens de travail. Cette année, après avoir reçu 70 dossiers, le jury récompense trois lauréats :

1er prix (6.000 €): Le Club français de la Poule noire du Berry (Centre), représenté par son président Francis Lasne, récompensé pour sa capacité à réintroduire une espèce quasi-disparue, selon un projet économique solide ancré à son territoire (gastronomie, tourisme, terroir du Berry, …) ;

2ème prix (3.000 €) : Théophane Rochette, éleveur des vaches Maraîchines de la ferme de la Grole Bagnade (Poitou-Charentes), récompensé pour le maintien de l’espèce sur son terroir, et la valorisation économique de son projet axé sur la vocation laitière traditionnelle de la race.

3ème prix (1.000 €) : L’Association de Sauvegarde du chien berger de Crau (Paca), représentée par sa présidente Françoise Simian, que le jury a voulu saluer pour son action très professionnelle, assurant la préservation d’une vieille race nationale de chiens de bergers.

Pour cette première édition du "Prix de la Fondation du patrimoine pour l’agro-biodiversité animale", le laboratoire Ceva Santé Animale, le ministère de l’Ecologie, du développement durable et de l’énergie, ont soutenu cette démarche.

La poule noire du Berry reprend des couleurs

Poule noire du Berry
Le Club a developpé la marque " La Noire du Berry" . (© Fondation du patrimoine)
Cette race de poule est originaire du Berry, ancienne province française, formée approximativement des départements du Cher et de l’Indre. De caractère vif, c'est une bonne pondeuse, précoce, rustique, qui s'acclimate à tous les sols. Elle a une très bonne aptitude à l'engraissement, et donne une chair blanche, fine et savoureuse. Jusqu’aux années 1940, la Noire du Berry connaît la prospérité. Mais après la Seconde Guerre mondiale, elle disparaît des élevages et des expositions.

Le Club Français de la Poule noire du Berry a été créé en 2004 par des éleveurs amateurs, auteurs du sauvetage de la race dans les années 70. Après plus de deux ans de travail préliminaire fourni par le Centre des Ressources Génétiques du Berry, le projet a débuté avec le lancement d'une production locale et responsable de poulets de chair, sous la marque "La Noire du Berry". Aujourd'hui, le club regroupe les éleveurs amateurs et des éleveurs professionnels. Pour continuer à sauvegarder la race et lui assurer un rôle économique et gastronomique, il faut maintenir et développer de façon rationnelle et viable une filière locale.

La Maraîchine retrouve son caractère laitier

vache maraichine
Dans les marais vendéens, la Maraîchine valorise également les systèmes de vente de viande (parfois bio)
en circuit court qui connaissent un vrai succès. (© Fondation du patrimoine)
Théophane Rochette a repris en 2010 une exploitation en polyculture-élevage, certifiée en agriculture biologique. Il souhaite réintroduire en Charente, la vache de race maraîchine laitière, dont seules 1.300 femelles subsistent en France, pour la plupart allaitantes. Il développe des produits laitiers (fromage, beurre, yaourt, lait, …) transformés par ses soins. Son objectif est d'augmenter le cheptel maraîchin pour le développement de la souche laitière de la race, et d’aménager une fromagerie ainsi qu’une cave d’affinage.

La Maraîchine se rattache au groupe des bovins vendéens ou poitevins comme la parthenaise, la nantaise, mais également les anciennes marchoise et berrichonne. Au début du XXème siècle, son aire de répartition va de la baie de Bourgneuf, en Vendée, à l'embouchure de la Gironde, ainsi que dans le Marais poitevin desséché. Aujourd’hui, les troupeaux sont essentiellement répartis en Vendée (Marais breton et poitevin) ainsi qu'en Charente Maritime.

Vache maraichine
Autrefois laitière, elle était secondairement élevée pour la viande, et les bœufs, de forte taille, servaient à la traction. (© Fondation du patrimoine)

Actuellement, elle est principalement élevée comme vache allaitante et pour la production de veaux et de jeunes bœufs. Son lait riche en matières grasses a contribué à la renommée du fameux beurre de "Charentes-Poitou". Dans les marais vendéens, la Maraîchine valorise également un système de vente de viande (parfois bio) en circuit court qui connaît un vrai succès.

Alors que la Maraîchine, après avoir subi des croisements désordonnés au XIXème siècle, a quasiment disparu, des éleveurs reviennent au type "vendéen" d'antan, et maintiennent autour du Marais poitevin, un noyau d'animaux laitiers parthenais/maraîchin qui sera la base du renouveau. Pendant ce temps, la race parthenaise est résolument orientée vers la production de viande. En 1986, il ne restait qu'une trentaine de femelles.

Le Berger de Crau, sauvé de justesse

Le Berger de la Crau revient de loin. Issu de la plaine du même nom en bordure de la Camargue, ce chien noir fut même considéré comme disparu. Autrefois très présent dans les troupeaux pour les grandes transhumances à pied, le Berger de Crau a été peu à peu remplacé par d'autres races comme le surdoué Border Collie venu d’outre-manche.

Berger de Crau
Il resterait environ 200 Bergers de Crau aujourd'hui. (© Fondation du patrimoine )

Aujourd'hui encore, il fait partie des races les plus menacées de France. C'est en 2008 que le Pr Courreau, de l’Ecole vétérinaire de Maison-Alfort, constate l'urgence de sauvegarder cette race canine. Il en resterait environ 200 sujets aujourd’hui. Même si son élevage semble un peu progresser, cette race reste en grand danger d'extinction et son avenir est intimement lié à la pérennité du système d'élevage du mérinos d'Arles.

C’est un chien sympathique, actif, au regard vif, à l’écoute. Il est très proche de son maître. Rustique, très endurant, il peut marcher avec les troupeaux pendant des heures. C'est un excellent chien de conduite, comme en attestent les bergers qui ont fait le choix de le reprendre à leur côté.

L’origine du projet de réhabilitation du Berger de Crau vient de l’association "Maison de la Transhumance". Le but est de sauvegarder et de promouvoir ce chien, non reconnu à ce jour en tant que chien de travail sur troupeaux. Il s’agit d’établir un standard, un inventaire et un suivi génétique, en vue de la reconnaissance de la race. A cette fin, l’Association de Sauvegarde du chien berger de Crau organise des rassemblements qui permettent de poursuivre l’identification des chiens et d’effectuer des prélèvements génétiques, ainsi que de réaliser une brochure d'information référençant le signalement des chiens et des portées. Le berger de la Crau est aujourd'hui en voie de reconnaissance officielle.

Les races en conservation présentées au Salon de l’agriculture

Cette année, l’Institut de l’Elevage, responsable de l’Organisme de Sélection des Races Bovines en Conservation (OS Rbc), accueillera l’ensemble des races bovines à faible effectif au Salon International de l’Agriculture.

Une vache de chaque race bovine en conservation sera présente sur le stand OS Rbc, situé hall 3 (stand C41) : Armoricaine, Béarnaise, Bordelaise, Bretonne Pie Noir, Casta, Ferrandaise, Froment du Léon, Lourdaise, Maraîchine, Mirandaise, Nantaise, Saosnoise et Villard de Lans. Après plus de 30 ans de travail, leur situation génétique est saine et elles souhaitent maintenant retrouver leur place dans le paysage agricole actuel.

 

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Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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