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Pâturage hivernal des bovins allaitantsLe parc stabilisé d’hivernage réduit les coûts de production

Le parc stabilisé d’hivernage réduit les coûts de production

Laisser ses animaux pâturer durant l’hiver permet d’économiser de la place en bâtiment, de la paille, du foin et éventuellement du temps de travail. Trois fermes expérimentales ont tenté l’expérience de la conduite hivernale des bovins allaitants en plein air avec affouragement dans un parc stabilisé d’hivernage (Psh). Les résultats sont encourageants et cette technique semble une piste intéressante pour réduire les coûts de production.



Voir la vidéo sur le pâturage hivernal des bovins et ovins réalisée sur cinq sites expérimentaux (source :Idele)

Si le plein air hivernal est parfois pratiqué dans certaines régions avec des sols portants, les chercheurs de l’Inra et de l’Institut de l’élevage ont associé cette pratique avec l’utilisation d’un parc stabilisé d’hivernage (Psh).

Les facteurs clés de succès :

- Choisir avec soin l’emplacement du parc stabilisé : parcelle portante et bien orientée, pas trop éloignée de l’exploitation ou proche d’un lieu de stockage de bottes.

- Avoir un stock d’herbe suffisant  (8-12 cm) lors de l’entrée des animaux dans la parcelle, mais pas trop haut pour éviter le gaspillage.

- Mettre à disposition des fourrages grossiers, comme du foin de première coupe à 0,6 Uf.

Ces expériences innovantes, réunies sous le nom de Casdar Salinov*, explorent de nouvelles idées pour réduire les coûts de production et de logement en utilisant moins de fourrage et de paille, en limitant le temps de travail mais tout en conservant des performances zootechniques.

Pâturer un stock d’herbe sur pied

Afin de minimiser l’affouragement, il faut que les animaux puissent pâturer un stock d’herbe sur pied, issu de la pousse d’automne. D’après les essais, les ovins s’adaptent plutôt bien au plein air hivernal sans affouragement, y compris lorsque la pâture est couverte par quelques centimètres de neige (voir la vidéo).

Les bovins consomment assez rapidement le stock d’herbe sur pied et l’affouragement devient alors nécessaire. Tout au long de l’hiver, les vaches pâturent ras (jusqu’à 4 cm) et ingèrent tout de même quelques kilos d’herbe si l’affouragement est bien dosé. Les vaches en gestation perdent pas ou peu en note d’état corporel (voir tableau) et il se produit chez les génisses de deux ans un phénomène de croissance semblable à celui du printemps.

 

 Ferme expé
Les Vaseix
(Lycée agricole)
Jalogny
(CA 71)
Laqueuille
(Inra)
Département
Haute-Vienne (87)
Saône-et-Loire (71)
Puy-de-Dôme (63)
Localisation et type de sol
En plaine, sol limono-sableux
En plaine, sol limono-argileux
1.000 mètres d’altitude. Sol limoneux
Objectif
Pâturer tout l’hiver en utilisant les restes d’arrière-saison et les pousses aléatoires
Prolonger la période de pâturage avec un stock d’herbe sur pied
Période
Tout l’hiver
Déc. – Mars
¾ hiver
Déc. – Fév.
½ hiver
mi Nov. – Janv.
Animaux et chargement
4 génisses de 2 ans / ha
3 vaches gestantes (vêl. Mars)/ha
2,5 vaches gestantes (vêl. Mai)/ha
Hauteur d’herbe à l’entrée
7 - 10 cm
8 – 15 cm
20 – 24 cm
Foin apporté
% des besoins couvert
6,5 – 7,3 kg/J
77 – 88 %
8,0 – 9,1 kg/J
67 – 81 %
8 % jusqu’à 68 % en période d’affouragement
Performances de croissance
 
530 g/j (excès de foin) à 220 g/j
 
 
Variation de note d’état corporel
+0,3 avec foin en excès. Sinon ≈0
≈ 0
- 0,3 à - 0,4 sans apport de fourrage, puis récupéré en fin d’hiver et printemps
parc stabilisé d'hivernage bovin
Le choix de la parcelle et l'emplacement du parc stabilisé d'hivernage conditionnent la réussite du projet.  
(© Salinov/Idele)

D’importantes économies de foin et de paille à la clé

Comparée à l’affouragement en stabulation, la consommation de foin peut être réduite de moitié sur l’ensemble de la période hivernale. Cela dépend beaucoup de la hauteur d’herbe en début d’hiver (8-12 cm).

Le parc stabilisé d’hivernage, paillé ou avec une litière en copeaux de bois, évite que les animaux pataugent dans un bourbier autour du râtelier. « Le parc sert essentiellement à nourrir les animaux et à les bloquer lorsque l’on juge qu’ils vont trop abîmer la prairie, indique Jean-Pierre Farrié de l’Institut de l’élevage. Mais sur deux années d’essais, il y a eu assez peu de jours de blocage des animaux. »

Une prairie qui semble se remettre en état au printemps

Le piétinement engendre l’apparition de zones nues au cours de l’hiver, mais d’après les observations cet impact semble réversible au printemps. En pâturage hivernal, la reprise de la pousse est un peu plus tardive ce qui pénalise le rendement sur le mois de mars. A la fin avril, la production des parcelles pâturées en hiver atteint des hauteurs d’herbe très proches de celles observées dans les prairies non pâturées.

Le temps de repos de la prairie avant sa reprise au printemps ne semble pas impacter la production d’herbe. Quelle que soit la durée sans animaux, la reprise au printemps reste très similaire. Le mode de pâturage influence également la repousse de l’herbe. Par exemple, un pâturage tournant avec un râtelier fixe dégradera moins de surface que si le râtelier est mobile.

« Il y a des réflexes à changer par rapport à l’hivernage en bâtiment, fait remarquer Eric Pottier de l’Institut de l’élevage. Par exemple, la litière est souvent sale mais les animaux ne le sont pas forcément pour autant. De même, la prairie n’est dégradée par le piétinement que sur des surfaces assez limitées, à proximité du parc notamment, mais on ne voit que cela alors que l’essentiel de la prairie est en bon état. »

Le parc stabilisé d’hivernage (psh)

Le fond du Psh devra être étanche et drainé pour récupérer les jus. Si le sol est naturellement étanche, un compactage avec un film géotextile suffira. Un drain en Pvc ou en cailloux tous les 2 à 5 mètres avec une pente de 2 à 3 % évite aux jus de stagner. Les effluents s’avèrent peu chargés en azote car le Psh joue un rôle filtrant, équivalent à un traitement dit "primaire".

parc stabilisé d'hivernage
Coupe d'un parc stabilisé d'hivernage. (© Salinov/idele)

Il est recommandé d’utiliser des copeaux de bois en sous-couche, voire en couche unique. Le Psh permettrait d’économiser un tiers des quantités de paille utilisées habituellement en stabulation avec aire paillée. Le paillage, très lié à la pluviométrie, doit être plus conséquent en début d’hiver qu’à la fin. « La litière peut paraître sombre et souillée, mais elle est généralement sèche », note Eric Pottier.

Combien ça coûte ?

 

Parc stabilisé d'hivernage
Le coût de construction d'un Psh avoisine les 1.200 €/place.
(© Salionov/Idele)
A la ferme de Jalogny, le coût de construction de deux Psh de 100 et 140 m² avec citerne souple pour la collecte des effluents est de 29.500 € pour 24 génisses, soit 1.230 €/place. Les références pour les aires paillées intégrales sont de 1.500 €/place.

 

D’après les utilisateurs des Psh, cette solution paraît viable au quotidien s’il est bien conçu (affouragement par l’extérieur notamment). Un seul curage par hiver suffit. Les vaches ne semblent pas particulièrement souffrir de rester dehors tout l’hiver et elles restent sociables vis-à-vis des hommes malgré le peu de contact avec l’éleveur.


 

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