Les plantes sauvages et cultivées à surveiller

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Les plantes sauvages et cultivées à surveiller

Saviez-vous qu’il suffit d’un demi-kilo de feuilles d’if, de laurier rose ou de laurier cerise pour provoquer la mort très rapide d’une vache ! En tête des intoxications les plus fréquentes : l’if, les glands de chêne, les grains de blé, la mercuriale, la fougère et les betteraves. Les "antidotes" sont rares, mieux vaut donc prévenir que guérir.

Plantes toxiques pour les vaches
Il est important de vérifier la flore présente dans les pâtures et les haies, mais également dans les parcelles de fauche ou de maïs fourrage.  (© Terre-net Média)
Les intoxications alimentaires chez les ruminants sont souvent liées à l’ingestion de polluants (produits phytosanitaires, médicaments mal dosés,…), d’animaux venimeux, d’excès de nitrates solubles (herbe jeune), ou de mycotoxines. Les céréales ou les correcteurs azotés ingérés en trop grande quantité provoquent des acidoses.

Le comportement alimentaire des bovins est différent de celui des ovins et des caprins. Les bovins trient moins leurs aliments que les petits ruminants et ont davantage de risque d’ingérer des plantes toxiques ou des corps étrangers. La chèvre, de nature curieuse, est également sujette aux intoxications. Certains animaux peuvent présenter des facteurs de perversion du goût comme l’attirance pour les glands de chêne ou des problèmes de hiérarchie et de comportement dans le troupeau (animaux mis à l’écart qui peuvent se nourrir différemment).

Environ 70 plantes ont été enregistrées comme cause d’intoxication. Les intoxications végétales sont réparties tout au long de l’année, mais moindre en hiver. Les bovins sont d’autant plus tentés par les plantes toxiques que la pousse d’herbe est insuffisante en été ou en automne et ils se tournent vers des plantes qu’ils refusent habituellement. Les intoxications végétales semblent plus fréquentes chez les jeunes animaux. Souvent plus curieux, les jeunes bovins ont également un rumen plus petit avec une flore ruminale encore limitée ce qui réduit le phénomène de dilution et d’élimination des toxines.

Les fourrages conservés ne sont pas indemnes pour autant

L’affouragement peut augmenter le risque d’ingestion de plantes habituellement délaissées par les animaux au pâturage. Les fourrages conservés, et notamment le foin, peuvent aussi s’avérer toxiques. Si certaines plantes perdent de leur toxicité après dessiccation, beaucoup de principes toxiques se trouvent plus concentrés une fois le foin séché. Par exemple, la dose toxique de colchique des prés chez les bovins est de 8 à 10 kg de feuilles fraîches, soit 2 à 3 kg de feuilles sèches.

Les ensilages rendent le tri impossible pour l’animal. L’exemple le plus commun est celui de la mercuriale dont la toxicité est généralement maximale au moment de la coupe de l’herbe. De même, les adventices, comme la morelle noire ou le datura, sont inévitablement stockées dans les ensilages si la prairie ou la parcelle de maïs contient ces espèces.

Les arbres : If, laurier-cerise, buis, robinier faux accacia, thuya et chêne

500 grammes de feuilles d’if provoquent la fixation d’alcaloïdes sur le bulbe rachidien, entraînant la mort très rapide des bovins, sans traitement possible. D’autres plantes ornementales comme le laurier-cerise, le buis, le thuya, les rhododendrons, ou le robinier faux acacia (graines et écorce), peuvent provoquer des troubles digestifs et cardiaques. Il faut donc empêcher les animaux d’avoir accès aux rameaux provenant de la taille des haies par exemple.

Les glands verts de chêne et les jeunes pousses contiennent beaucoup de tanin sous une forme soluble très toxique. Les tanins provoquent de la somnolence, l’arrêt du transit intestinal et l’émission d’urine colorée. Les jeunes animaux sont les plus touchés et la mortalité atteint 20 à 50 % en cas d’ingestions répétées pendant 8 à 10 jours. En automne, il faut tenir les bovins à l’écart des chênes, surtout si les glands sont fraîchement tombés (plus riches en tanin). Il peut être utile d’ajouter des hydrates de calcium (Ca(OH)2) aux concentrés et de distribuer des aliments laxatifs et aqueux.

Les herbacées sauvages : colchique, fougère, mercuriale, morelle noire et datura

Une à deux heures après l’ingestion de colchique d’automne (graines et plantes, notamment au printemps) des troubles digestifs et respiratoires apparaîssent, puis l’animal meurt dans la semaine qui suit. La fougère aigle, en plus d’abriter des tiques vectrices de maladies, provoque des cystites hémorragiques.

L’ingestion de mercuriale (parfois présente dans les champs de maïs) pendant quelques jours peut engendrer des intoxications mortelles. Les feuilles et surtout les racines d’œnanthe safranée sont hautement toxiques et induisent des convulsions et de violentes coliques. D’autres plantes sauvages comme les prèles, le chénopode blanc, la phytolaque, les ciguës (aquatique, petite ou grande) sont à éviter dans les prairies et cultures.

Les petits fruits verts de la morelle noire affectent majoritairement les petits ruminants. Les maïs peuvent être contaminés par cette plante, tout comme par le datura. 250 g de feuilles vertes/Ugb/j de datura provoquent une toxicité chronique entraînant anorexie, baisse de production, agitation/abattement,…

Attention aux nitrates solubles, oxalates et autres antithyroïdiens

Certaines variétés de sorgho jeune (inférieur à 80 cm), la féverole, le colza contiennent plus ou moins de tanin. Leur toxicité est faible mais réduit la digestibilité de la ration et provoque des constipations. Le chou fourrager et les tourteaux de colza contiennent des antithyroïdiens provoquant à haute dose des troubles digestifs et respiratoires. L’ingestion de chou fourrager doit être limitée à 30 kg brut/j/VL. Préventivement, il peut être utile d’équilibrer la ration avec du foin, des céréales du cuivre et de l’iode.

Le colza fourrager, tout comme l’herbe jeune (par temps froid et humide), l’amarante ou le chénopode blanc sont riches en nitrates (NO3) qui se transforment en NO2, puis méthémoglobine. L’intoxication par cette molécule peut aller de la phase chronique avec baisse des performances et chute des réserves en vitamines A, jusqu’aux troubles nerveux, locomoteurs, coma, voire mort de l’animal.

Les betteraves, tout comme l’oseille ou la rhubarbe, sont des plantes riches en oxalates. Les acides oxaliques contenus dans le collet et les feuilles. Les racines de betterave sont hyper-fermentescibles et peuvent provoquer des acidoses lactiques. Les betteraves doivent être introduites progressivement dans la ration, sans dépasser 30 kg/j de betterave demi-sucrière. La conservation doit être bien contrôlée pour éviter les collets moisis ou souillés, ainsi que les racines gelées. L’intoxication aux oxalates peut être chronique (anorexie, pas de rumination), aiguë (troubles digestifs, rénaux et respiratoires,…) ou suraiguë (convulsion, paralysie, mort).

Pour en savoir plus :

Thèse : diagnostic des intoxications végétales chez les ruminants

Gds 69 : intoxication végétales

 

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