![]() Les premières viandes de porc non castrés doivent être mises sur le marché français à partir de mars 2013. (© Terre-net Média) |
Un problème majeur
Des effluves d'urine, de transpiration ou de fèces (excréments), concentrées dans le gras, peuvent se retrouver sur 5 à 20 % des carcasses de porcs non castrés selon des proportions aléatoires en fonction de différents paramètres (âge, mode d'élevage, alimentation, race...), expliquent les ingénieurs de l'Ifip. Ces odeurs ne sont pas perçues de la même façon selon les individus : en France, 50 % de la population y est sensible.
L'Union européenne, après incitation des associations pour le bien-être des animaux, a ouvert la voie à la fin de la castration chirurgicale : les représentants européens de la filière porcine ont signé une déclaration pour tenter de parvenir à l'arrêt de la castration en 2018, à condition que des solutions efficaces soient trouvées pour détecter l'odeur du verrat.
Limiter la douleur
L'Ifip a organisé, jeudi 11 octobre, une réunion à Ploufragan (Côtes-d'Armor) avec tous les acteurs de la filière, jusqu'aux associations de défense du bien-être des animaux, pour faire le point sur cette question. « C'est la première fois que, publiquement en France, on fait un point d'étape », se réjouit Aurélia Warin-Ramette, chargée de campagne à la Protection mondiale des animaux de ferme (Pmaf), présente à la réunion.
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En attendant 2018, le label Vpf ("viande de porc française", 97 % de la production porcine française) a déjà pris, depuis 2012, une mesure intégrée dans son cahier des charges : l'obligation de donner au porcelet castré un anti-douleur après la castration.
Certains pays européens pratiquent une anesthésie locale, d'autres générale, ou utilisent un vaccin développé par le laboratoire Pfizer, qui castre chimiquement le porcelet. Mais, selon Jacques Crolay, directeur du Comité régional porcin (Crp) de Bretagne, « la production porcine bretonne et française a plutôt une position de prudence par rapport à la vaccination ». « La solution la plus souvent envisagée est d'abandonner purement et simplement la castration », affirme Michel Bonneau. La filière travaille à limiter le nombre de porcs entiers porteurs d'odeurs sexuées, en adaptant l'alimentation, le mode d'élevage ou encore par la sélection des races.
Recherches secrètes
L'élevage de porcs entiers va soulager les éleveurs d'un acte pénible pour eux, et douloureux pour l'animal, mais va poser d'autres problèmes : le verrat est plus agressif et surtout, il faut réussir à détecter les porcs entiers odorants à l'abattoir sans que cette viande n'aille jusqu'au consommateur.
La détection des carcasses odorantes à l'abattoir, sur la ligne d'abattage, doit être rapide, efficace et économique. Or, actuellement, seul un nez humain, bien entraîné, peut remplir cette fonction. Des recherches sont cependant en cours, souvent secrètes, pour créer un système automatique, à l'instar du Crp de Bretagne qui travaille avec des laboratoires sur un système de détection. « Cela va prendre plusieurs années », note Jacques Crolay, sans en dire plus.
Arrivée sur le marché en mars 2013
Les carcasses odorantes, écartées de la filière viande fraîche, pourront être utilisées notamment pour la fabrication de chorizos, pâtés, saucissons et autres produits transformés, selon l'Ifip. Mais sans attendre ces solutions encore à l'état de projet, la Cooperl, leader français de la filière porcine, propose à ses adhérents « de stopper la castration chirurgicale des porcelets ».
Les premières viandes de porc non castrés doivent être mises sur le marché français à partir de mars 2013. « On est à un tournant que l'on attendait depuis un petit moment. C'est le premier gros acteur de la profession à se lancer, il peut y avoir un effet boule de neige », assure Aurélia Warin-Ramette.
La viande de porcs entiers, moins grasse (21 % de gras contre 31 % pour un cochon castré) selon les tests effectués par l'Ifip, va donc rapidement arriver dans l'assiette des consommateurs. Un plus pour l'environnement, car le porc non castré produit moins d'excréments, donc moins d'azote, mais aussi pour les éleveurs, car il va leur apporter un gain économique, selon l'Ifip.