
Si la plupart des éleveurs sont encore réticents à utiliser le lin dans l'alimentation animale, notamment en raison d'un surcoût potentiel, les adeptes de ces méthodes alternatives sont convaincus de leur bienfait sur le cheptel et l'environnement.
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Bruno Duchesne, éleveur laitier en Indre-et-Loire, a introduit du lin, de la luzerne et de l'herbe dans l'alimentation des ses bêtes il y a un peu plus de deux ans. « Au niveau de la santé animale, c'est totalement différent », affirme-t-il, estimant que ses vaches vivront plus longtemps. Un avis partagé par Michel Manoury, président de la section viandes à la Coordination rurale et producteur de viande dans l'Orne, qui constate « une meilleure fertilité » chez ses bêtes, les vaches laitières ayant en outre tendance à moins maigrir lorsqu'elles produisent du lait.
Si le coût de l'aliment est un peu plus élevé, admet Bruno Duchesne, il le compense grâce au prix auquel la coopérative lui rachète son lait, explique-t-il. Celle-ci compte près de 300 éleveurs engagés dans cette démarche, sur 13.000 au total. En outre, les charges vétérinaires ne représentent plus que 30 % de ce qu'elles étaient auparavant, estime Bruno Duchesne, qui affirme ne pas avoir « vu le vétérinaire depuis six mois». « Lorsque les vaches ou les poules consomment du lin, le lait, les oeufs ou la viande qui en sont issus ont un effet bénéfique sur la santé des consommateurs », écrit par ailleurs l'Institut technique du lin sur son site Internet.
Avant de se lancer, mieux connaître l'impact de cette alimentation sur les animaux
Selon l'association Bleu-Blanc-Coeur, qui défend cette alternative agricole durable, la méthode incluant de l'herbe, des graines de lin et de la luzerne permet en outre de réduire de 10 à 15% le rejet de méthane par les animaux. « Le méthane des ruminants en France représente 5 % des émissions de gaz à effet de serre », estime Pierre Weill, co-président de l'association qui compte 350 adhérents et dont le projet vient d'être récemment reconnu par l'Organisation des nations unies.
L'objectif, pour les éleveurs, est alors de comptabiliser leurs émissions de méthane grâce à un outil mis en place par l'association et, par la suite, de valoriser leurs réductions d'émissions sur le marché des crédits carbone, s'assurant ainsi un complément de revenu. Séduisante, la méthode éveille toutefois la prudence de certains acteurs de la filière. Avant de s'y lancer, il faut que « nous ayons une parfaite connaissance sur le plan technique » des conséquences de cette alimentation alternative sur les bovins, avance le président de la Fédération nationale bovine (Fnb), Pierre Chevalier.
Autre point, économique celui-là : « Est-ce que ce produit-là sera plus cher que le soja par exemple ? », s'interroge-t-il, à l'heure où les éleveurs cherchent par tous les moyens à réduire leurs coûts de production. « Souvent, la contrainte du cahier des charges » pèse sur l'éleveur « mais la valeur ajoutée part sur le produit transformé », souligne de son côté Marie-Thérèse Bonneau, secrétaire générale de la Fédération nationale des producteurs de lait (Fnpl). Par ailleurs, « si on doit nourrir tout le cheptel français avec du lin, il va falloir produire plus », ajoute-elle. En France, environ 15.000 hectares sont consacrés à la culture de la graine de lin mais «i l y a un potentiel pour 200.000 hectares », souligne François Bert, responsable de la filière lin au sein de l'Institut du végétal Arvalis.
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