 Si un jour on introduit des bactéries issues du kangourous dans le rumen des vaches, faudra-t-il réhausser les clôtures de nos près ? (© DR)
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Dans un élevage de ruminants, la contribution aux gaz à effet de serre (Ges) est due à 60 % par le méthane entérique (CH4), à 25 % par le protoxyde d’azote (N2O) issue de la volatilisation de déjections et seulement à 15 % par le gaz carbonique (C02), notamment issu des énergies fossiles. Hors, le pouvoir de réchauffement d’un kilo de méthane équivaut à 28 fois celui d’un kilo de CO2, de même, un kilo de N2O émis correspond à 298 kilos de CO2.
Dans le rumen, la production de méthane est en étroite relation avec la dégradation des fibres contenues dans la ration. En présence d’hydrogène, le carbone contenu dans les fibres est dégradé par des bactéries dites « méthanogènes ». Pour réduire les émissions de méthane entérique différentes solutions peuvent être envisagées : « Si l’efficacité alimentaire est améliorée, il y a alors dilution de la production de méthane rapporté à la quantité de lait produit », explique Vincent Ballard, du groupe Ccpa (Conseil et compétences en productions animales). Il est également possible de jouer sur la nature du concentré, en augmentant la part d’amidon ou de certains acides gras tels que ceux issus du lin ou du tournesol.
De même, l’incorporation de différents principes actifs naturels comme les extraits végétaux (huiles essentielles et polyphénols) dans la ration des vaches permet d’améliorer leurs performances laitières tout en diminuant les émissions de méthane (voir l’étude dans l’encadré ci-dessous). En effet, certains extraits végétaux contribueraient à réduire la flore méthanogène du rumen (notamment Archaea methanogens) ainsi qu’à capter l’hydrogène (H) pour le rendre moins disponible à ces bactéries.
Les kangourous au secours des vaches !
D’autre projet seraient à l’étude. « On pourrait imaginer faire un vaccin qui produirait des anticorps pour tuer les bactéries méthanogènes de rumen », énonce Vincent Ballard. Autre idée : s’inspirer des kangourous roux, qui sont des herbivores au mode de digestion proche de celui des ruminants. En effet, le kangourou a évolué différemment avec une flore intestinale qui ne produit pas de bactéries méthanogènes, mais acétogènes, donc productrices d’acétate. « Si l’on réussit à introduire ce type de bactéries dans le rumen des bovins, il serait possible de réduire d’un tiers les rejets de méthane ! ».
Jouer sur le système fourrager
 Vincent Ballard (© Terre-net Média) |
«
La fertilisation représente entre 70 % et 90 % du bilan carbone des fourrages. En augmentant les rendements fourragers de 6 tonnes par hectare, le bilan carbone diminue de 40 % en moyenne selon les fourrages », indique Vincent Ballard de Ccpa.
Exemple d’émissions de gaz à effet de serre (en équivalent C02) par kilo de lait selon les rations fourragères en tenant compte du stockage du carbone dans les sols:
- Pâturage de prairie permanente : 0,42 kg eq. CO2 / litre de lait
- Pâturage de prairie temporaire : 0,59 kg eq. CO2 / litre de lait
- ½ ensilage herbe + ½ ensilage maïs : 0,60 kg eq. CO2 / litre de lait
- Ensilage de maïs : 0,63 kg eq. CO2 / litre de lait
Ajout d’extraits végétaux : - 10 % de méthane, + 1 kg de lait par jour
Un essai présenté aux journées 3R a montré que l’ajout de mélange d’huiles essentielles et d’extraits de polyphénol dans la ration permet d’améliorer les performances laitières d’un litre par jour sans augmenter l’ingestion, tout en diminuant les émissions de CH4 de 10 %. Deux mélanges végétaux (E1 et E2) ont été testés sur des vaches Prim’holstein.
Résultats : la quantité de méthane émis diminue de 6,3 % avec le mélange E1 et de 10,1 % avec E2 par rapport au lot témoin (T). La production laitière a augmenté quant à elle de respectivement de +0,4 et +1,6 litre de lait par jour.
Dans le premier mélange, c’est principalement l’amélioration de la valorisation de la ration, donc une meilleure efficacité alimentaire, qui explique ces différences. « Pour E2, en plus de l’amélioration de la valorisation alimentaire, la réduction de méthane pourrait être mise en lien avec une diminution de la flore méthanogène ainsi qu’une captation plus importante de l’hydrogène entrant dans la composition du méthane », explique les auteurs de l’étude. « Le TP et la matière protéique (MP) ont été similaires entre les trois lots. Le TB, plus faible dans le lot essais, traduit une dilution de la MG ».
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