Le groupe Doux, leader européen de la volaille (3.400 salariés en France), qui a été placé vendredi en redressement judiciaire pour six mois, faute d'accord avec ses créanciers, entend mettre au point un plan de continuation "privilégiant l'emploi".
Le tribunal de commerce de Quimper, qui avait enregistré jeudi une déclaration de cessation de paiement du groupe familial basé à Châteaulin (Finistère), l'a placé, à sa demande, en redressement judiciaire et a nommé un administrateur judiciaire. Le groupe, connu pour sa marque "Père Dodu", est plombé par une dette estimée par les syndicats à plus de 430 millions d'euros.
L'administrateur judiciaire assistera la direction "dans la mise au point d'un plan de continuation, en France, privilégiant l'emploi et la pérennité de l'entreprise", a indiqué le groupe dans un communiqué. Le groupe familial mettra ainsi en place à partir de lundi "un plan d'aide destiné aux fournisseurs stratégiques et aux éleveurs afin qu'ils ne subissent aucune difficulté", promet le groupe, expliquant que "la sécurisation des approvisionnements", "la continuité opérationnelle et la livraison des clients demeurent les priorités" de l'entreprise "qui exporte 50% de la production de volaille du Grand Ouest de la France dans plus de 100 pays".
Un comité central d'entreprise est prévu mardi. De 700 à 800 éleveurs travaillent sous contrat avec le groupe volailler en France, selon la Confédération française de l'aviculture. Le redressement judiciaire sera l'occasion pour le volailler de "mettre au point un nouveau plan d'affaires centré sur ses activités françaises", détaille Doux, qui précise que "les autorités publiques déploient tous leurs efforts pour que la procédure qui s'ouvre, essentiellement technique et liée au niveau d'endettement, n'affecte pas ses opérations".
De son côté, le directeur général délégué Jean-Charles Doux, nommé le 24 mai, a déclaré que le groupe "a fait le choix de la sécurité". "Les plans de refinancement qui nous ont été proposés reposaient sur des solutions à court terme qui n'offraient pas de garanties suffisantes sur la continuité et la préservation des intérêts régionaux historiques du groupe". Ce dernier a mené cette semaine des négociations avec ses créanciers - dont la banque d'affaires Barclays - à Paris sous l'égide du ministère du redressement productif.
Une source proche du dossier avait expliqué jeudi qu'un redressement judicaire serait "bénéfique à deux titres: il apporterait une bouffée d'oxygène car la dette ne serait plus exigible, et il créerait un cordon sanitaire entre la France et le Brésil", pays siège d'une filiale très déficitaire. Cette filiale - Frangosul - acquise en 1998, a fait l'objet en mai d'un accord de "location" avec Jbs, géant brésilien de l'agro-alimentaire, qui n'a toutefois pas repris la dette, estimée à 294 millions d'euros par la Cgt. S'il convient que le redressement judiciaire permettra "d'assainir les comptes, le délégué central de la Cfdt du groupe Doux, Jean-Luc Guillart, a fait part de sa crainte d'un démantèlement de l'entreprise. "On est dans le doute de ce qui va se passer. On craint un démantèlement. Le redressement judiciaire est pour nous la garantie du versement de nos salaires mais nous avons peur d'un plan social", a-t-il dit à l'Afp.
Numéro cinq mondial à l'exportation, Doux devait voir son chiffre d'affaires stagner à 1,4 milliard d'euros en 2011, selon des prévisions datant du mois de novembre. En 2010, il s'était élevé à 1,406 milliard d'euros. Selon les analystes, le groupe, marqué par une faible rentabilité, a souffert de la guerre des prix dans le secteur de la volaille industrielle, et par la hausse des coûts de l'alimentation des volailles.
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