
Bois, photovoltaïque, éolien, méthanisation : autant de modes de production d’énergie envisageables à l’échelle de l’exploitation, qui diffèrent par les objectifs recherchés, le niveau de financement à engager, les modifications de système impliquées et le temps de retour sur investissement. Jean-Yves Carré, conseiller "énergie" à la Chambre d’agriculture du Finistère, débroussaille le terrain. Un article extrait de Terre-net Magazine n°14.
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Le bois constitue la première source d’énergie disponible de l’exploitation. Il peut se substituer au fioul ou à l’électricité pour le chauffage domestique ou celui des bâtiments d’élevage. La puissance d’une chaudière à plaquettes de bois, pour chauffer la maison, oscillera entre 25 et 30 kW selon le volume habitable, le niveau d’isolation et la chaleur souhaitée. Le financement se chiffre entre 15.000 et 25.000 € pour un retour sur investissement de six à huit ans.
Par exemple, un bâtiment d’élevage hors sol, pouvant accueillir 1.500 porcs en post-sevrage, aura besoin d’un équipement de 80 kW. Il faudra compter 50.000 € d’investissement, auxquels s’ajouteront 20.000 € pour la transformation du système de chauffage électrique en un circuit fonctionnant à l’eau chaude. Le retour sur investissement varie entre sept et neuf ans. L’évaluation de la ressource en bois s’avèrera utile aux calculs, sachant que les besoins pour la maison se chiffrent à 6-7 t par an contre 40 t pour un bâtiment d’élevage.
Pas de modification du système
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Enfin, les agriculteurs équipés subissent actuellement des retards de paiement qui peuvent créer des problèmes de trésorerie. L’engouement s’est essoufflé mais la démarche reste intéressante. Le photovoltaïque représente une source de diversification, qui n’entraîne ni charge de main-d’oeuvre additionnelle ni modification du système. Le calcul, qu’il faut presque refaire chaque trimestre, doit viser un équilibre entre le prix du panneau et le tarif de revente de l’électricité. Dix à douze ans sont aujourd’hui nécessaires pour rentabiliser ce type d’aménagement, d’une durée de vie de vingt ans.
Autonomie énergétique
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Il ne faut pas chercher à couvrir l’intégralité de sa consommation. Selon les constructeurs, un équipement de 10 kW coûte aux alentours de 50.000 €. La rentabilité dépend de la quantité d’électricité utilisée par rapport à celle générée, du montant de l’investissement et de la production réelle de l’éolienne. Pour ce dernier point, une étude de vent s’impose. L’installation de mâts pendant plusieurs semaines déterminera, en situation réelle, l’intensité de vent disponible. En fait, il s’agit d’optimiser l’équipement en valorisant au mieux sa puissance et l’électricité produite. Le petit éolien devrait se développer avec la hausse prévue du coût de l’électricité et la disparition en 2015 du tarif jaune (Ndlr : tarif réglementé de l’électricité, destiné aux entreprises possédant un compteur dont la puissance se situe entre 36 et 250 kVA).
Une équation plus complexe
La méthanisation, enfin, connaît un regain d’intérêt depuis l’année dernière grâce aux retours d’expérience sur les premières unités. C’est le mode de production d’énergie le plus complexe car il porte sur le système global d’exploitation et exige, en plus du coût financier, d’y consacrer du temps. Avant de se lancer, plusieurs questions doivent se poser. Entre autres, sur la matière première disponible pour alimenter le digesteur et sur son pouvoir méthanogène. Des réponses dépendra le dimensionnement de l’équipement.
L’apport de produit extérieur peut par ailleurs, selon sa nature, induire un changement de régime réglementaire. Ensuite, il s’agit de définir le mode de valorisation de la chaleur et/ou de l’électricité produite, ou encore du biogaz. Ce dernier peut être injecté dans le réseau "gaz naturel", sous réserve du respect de contraintes d’épuration et de pression. Le coût peut vite devenir rédhibitoire.
La voie classique, la cogénération (production d’électricité et de chaleur), reste très avantageuse d’un point de vue énergétique. La chaleur pourra être utilisée pour couvrir les besoins des élevages hors sol en énergie thermique. Les autres systèmes pourront être amenés à créer une nouvelle activité, des cultures sous serre par exemple. Par ailleurs, l’utilisation du digestat entre également dans l’équation. Le calcul doit finalement permettre de fixer les degrés d’autoconsommation et de revente, sachant qu’un retour sur investissement de l’ordre de six à huit ans présente un intérêt. Et qu’Edf établit le tarif de rachat de l’électricité en fonction de la puissance du méthaniseur, du procédé de valorisation de la chaleur et de la part de déjection animale consommée.
Ainsi, il existe plusieurs voies de production d’énergies renouvelables : le choix se fera en fonction des objectifs de l’exploitant et des atouts de l’exploitation. Pour optimiser son projet, il faudra analyser avec précision les éléments techniques, économiques, environnementaux et réglementaires, ainsi que la charge de travail éventuelle liée au fonctionnement de l'installation.
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