
Les agriculteurs accusent les vautours de s'en prendre aux brebis. Les défenseurs des animaux crient à l'exagération, accusant au passage les porcheries espagnoles d'avoir été responsables de l'invasion des rapaces. Au Pays basque, la guerre des vautours bat son plein.
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2.000 à 20.000 couples
Pour le vautour, nichant dans des falaises verticales et connu pour sa fidélité (les couples restent le plus souvent unis pour la vie) ce fut alors une belle époque. « Nous avons effectué des actions auprès des éleveurs en installant des charniers pour leur donner à manger. Ils étaient les meilleurs garants contre la propagation d'une épidémie. Un vautour dévore une brebis en moins d'une demi-heure et le soleil finit par tout stériliser. Les vautours étaient devenus ce qu'ils n'ont jamais cessé d'être, des auxiliaires de l'agriculture en montagne », explique-t-il. Parallèlement, en Espagne, les porcheries pullulaient. Les industriels déposaient les cadavres à l'air libre et les vautours se sont multipliés. La population au sud des Pyrénées est ainsi passée de 2.000 à 20.000 couples.
La crise de la vache folle a mis fin à cet eldorado pour vautours, l'Espagne interdisant au début des années 2000 les charniers à ciel ouvert. « 20.000 vautours criant famine se sont mis à prospecter le piémont pyrénéen », explique le spécialiste. Et au Pays basque, la cohabitation avec le rapace est devenue de plus en plus difficile.
« On se croirait revenus au Moyen-Age »
Le 29 février, le maire d'Ainharp, Jean-Pierre Arhanciague, a ainsi publié une lettre ouverte pour dénoncer une énième attaque de vautours dans son village. Le 12 mars, un éleveur d'Ossas-Suhare a saisi les gendarmes pour qu'ils constatent le dépeçage d'une de ses brebis qui mettait bas et de deux agneaux nouveau-nés. En 2011, 27 attaques ont été rapportées à l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (Oncfs), chiffre en-dessous de la réalité car « les paysans, faute d'indemnisation, ne déclarent pas les pertes », précise Jean-Michel Delver, le sous-préfet d'Oloron. Du coup, la préfecture des Pyrénées-Atlantiques a autorisé le 21 mars les tirs d'effarouchement et déclenché une polémique.
« C'est une atteinte à une espèce protégée », affirme Martine Razin, coordinatrice de la Lpo, en annonçant un recours. « Faudra-t-il attendre des attaques sur des humains pour qu'on entende enfin la voix des éleveurs ? », rétorque M. Arhanciague. « On se croirait revenus au Moyen-Age », lâche Mme Razin: « Des procès étaient faits aux animaux, accusés de toutes sortes de méfaits, en particulier d'enlever des enfants », dit-elle, en précisant que ces rapaces « ne s'attaquent pas à des bêtes en bonne santé », sauf, effectivement, lors des mises bas, car ils apprécient le placenta. « Le but est de ramener le vautour dans sa zone naturelle, la montagne » tente de convaincre le sous-préfet: « les tirs d'effarouchement sont des tirs à blanc ».
Des « mesures inapplicables »
Au final, personne n'est satisfait, y compris chez les éleveurs qui dénoncent des « mesures inapplicables ». « Ces tirs doivent être effectués par les gardes de l'Oncfs. Qui peut croire que des paysans apercevant des vautours vont rentrer chez eux, appeler les gardes pour qu'ils viennent, pistolet à la main, éparpiller les charognards ? », ironise Andde Sainte-Marie, éleveur à Lantabat qui demande « le dédommagement des éleveurs et l'ouverture de placettes d'équarrissage naturel ».
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