
Le réseau Chambres d’agriculture de Bretagne et l’Anses ont réalisé une synthèse des travaux menés ces dernières décennies destinés à rappeler les conditions de production et d’utilisation des porcs reproducteurs assainis, et de montrer leur intérêt dans le peuplement d’élevages.
|
La démultiplication des échanges mondiaux a facilité le transport des biens et des services, mais également des animaux, des maladies, des ravageurs… Mais face à une pression sociétale toujours plus forte, la notion de gestion des risques est également montée en puissance ces dernières années, avec dans son sillage des réglementations et autres lois, qui conditionnent désormais la compétitivité de la ferme France en général, et des élevages de porcs en particulier.
Ajoutez à cela la nécessité de rénover les outils de production et les interrogations quant à l’impact des pratiques médicamenteuses en élevage, et l’importante question de la pérennité d’une filière basée sur des modes de production souvent contestés et dont les outils ne se renouvellent que très peu est posée !
Début des démarches en 1995
« La production d’animaux à statut sanitaire contrôlé Eops (exempts d’organismes pathogènes spécifiques) ou Spf (Specific Pathogen Free) a été largement décrite dans la littérature » détaillait en février 2011 Roland Cariolet (Service de production de porcs assainis et d’expérimentation, Anses), lors des 43e JRP qui se déroulaient à Paris.
« Sa mise en application sur le terrain est restée limitée hormis de certains pays comme le Danemark. En France, la démarche a été initiée à partir des années 1995 afin de protéger certains élevages de sélection des risques de contamination par le virus de la maladie d’Aujeszky. »
Une analyse de la situation avait montré que la majorité des contaminants pathogènes étant véhiculés par les reproducteurs. Le réseau Chambres d’agriculture de Bretagne et l’Anses ont réalisé une synthèse des travaux menés ces dernières décennies destinées à « rappeler les conditions de production et d’utilisation des porcs reproducteurs assainis et de montrer leur intérêt dans le peuplement d’élevages ».
Pour cela, les spécialistes se sont basés sur l’exploitation de trois outils :
- la porcherie protégée de l’Anses (ex Afssa), initiée par la Station de pathologie porcine en 1979 sur le site de Ploufragan. Son objectif est d’évaluer l’efficacité de la filtration de l’air dans un contexte de terrain ;
- l’atelier filtré de démonstration de Guernevez mis en place en 1996 : son objectif était d’une part à produire des animaux sains par la méthode de sevrage précoce et d’autre part à évaluer l’adaptation de ces animaux dans l’élevage conventionnel ;
- enfin, la station régionale porcine de Crécom repeuplée en 2006 où les scientifiques ont suivi l’évolution sanitaire de l’élevage, suite à son repeuplement en janvier 2006.
Les avantages apportés par l’utilisation des porcs assainis sont indéniables tant sur les performances de croissance, que l’indice de consommation ainsi que sur les taux de mortalité. La prophylaxie médicale est également limitée dans ces élevages.
Les organisations de sélection porcine ont suivi le mouvement en lançant de leur côté la production d’animaux assainis. Cela a permis de « constater que les moyens à mettre en œuvre évoqués précédemment sont opérationnels en particulier en tête de pyramide » précisait Roland Cariolet, rapportant que « l’utilisation la plus délicate des animaux assainis restait celle à l’étage de production en zone à forte densité porcine ».
Importance des règles de biosécurité
Ce qu’il faut retenir En définitive, la production de porcs assainis est aujourd’hui maîtrisée. Leur mise en place en haut des pyramides génétiques permet de diffuser des reproducteurs d’excellent état de santé et en nombre important. |
Dans ce contexte, l’intérêt de la filtration de l’air est indéniable pour les élevages de sélection et multiplication implantés en zone de forte densité. Cette filtration nécessite que les locaux soient évidemment étanches, cette règle de conduite permettant « de limiter les risques d’intrusion des rongeurs et des oiseaux » et renforçant « le niveau d’exigence des éleveurs à l’égard des règles de biosécurité internes mises en œuvre ».
Un contrôle individuel maintenu
La source de contamination principale est évidemment à l’origine le troupeau de reproducteurs. « Le commerce des animaux est par conséquent l’élément primordial de la biosécurité externe » résumait Roland Cariolet, précisant que « les méthodes d’obtention par les voies chirurgicales étaient plus sécurisantes que la production de porcs assainis par la méthode de sevrage précoce » d’après des études menés à Guernevez.
Pour autant, la voie chirurgicale ne doit pas être l’unique solution choisie : il est primordial d’accompagner cette démarche par des contrôles sanitaires systématiques devant valider les animaux, via un contrôle individuel de tous les animaux vis à vis de tous les contaminants réputés pathogènes.
Analyser les flux d’animaux
Au-delà, l’analyse du flux des animaux doit également être pris en compte afin d’évaluer « le différentiel sanitaire entre les futurs reproducteurs et le troupeau en place ».
Des travaux ont en effet démontré que des porcs exempts d’organismes pathogènes spécifiques mis en contact avec des animaux issus d’élevages conventionnels ne s’adaptaient pas de la même façon. Concrètement, « lorsque le niveau sanitaire est fortement dégradé, l’option d’un dépeuplement suivi d’un repeuplement est recommandée ».
Mais il est vital d’être accompagné techniquement dans ce choix, qui doit rester celui de l’éleveur. À noter que des études menées sur des élevages ayant mené cette procédure à terme montre qu’il faut attendre au minimum deux ans pour constater un retour sur investissement.
Cas des systèmes fermés
Enfin, d’importantes informations ont été recueillies dans la porcherie protégée de l’Anses. Malgré les moyens de protection mis en place, les scientifiques ont relevé la présence de contaminants tels que le Rotavirus ainsi que plus récemment de Yersinia enterocolitica.
L’analyse des risques a montré que le Rotavirus avait certainement été introduit par le personnel « ce contaminant étant aussi porté par l’homme ». Toute la difficulté avec les systèmes hermétiquement clos est qu’une fois introduit, « ce contaminant peut circuler via le troupeau de reproducteurs ».
Concernant Yersinia enterocolitica, la voie d’entrée est difficile à déterminer dans notre configuration d’élevage. Certains élevages assainis sont restés indemnes de cette bactérie, concluait Roland Cariolet.
Pour aller plus loin Ifip-Institut du porc : www.itp.asso.fr. |
Retrouvez les palmarès des concours bovins du Space 2025
Dans le Cotentin, « nous vivons avec 30 vaches et 30 hectares chacun »
270 000 vaches dans le désert algérien, est-ce vraiment possible ? Un agronome décrypte
Madison sacrée grande championne Holstein sur le ring du Space 2025
Logiciel, lactosérum, pailleuse… 4 inventions d’éleveurs primées au Space
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
La FNSEA appelle à « une grande journée d'action » le 26 septembre
Face à une perte de compétitivité inédite, accompagner davantage les agriculteurs
Comment préparer une vache à la césarienne
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés