
Le compte à rebours a commencé... L’élevage des truies en groupes sera obligatoire en 2013, mais l’expérience des uns peut servir aux autres. En effet, la Bretagne compte déjà de nombreux éleveurs qui ont fait le choix d’anticiper la réglementation et de conduire leurs truies en groupes.
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Certains n’ont pas attendu la date fatidique pour faire évoluer leurs élevages comme le prouve une série d’enquêtes réalisées par le réseau Chambre d’agriculture de Bretagne, des Pays de la Loire et l’Ifip-Institut du Porc : ces dernières montrent qu’entre 2000 et 2008, la part des places pour le logement des truies en groupes est passé de 10 % à 18 %.
Mais tous ne sont pas dans ce cas : en effet, il reste encore un nombre important d’exploitations qui doivent réaliser les aménagements nécessaires pour respecter cette réglementation.
« Cette modification du mode de logement des truies constitue un changement considérable qui a des répercussions tant pour les éleveurs que pour l’ensemble de la filière » notait d’ailleurs Yannick Ramonet (Chambre régionale d’agriculture de Bretagne) lors des 43e Jrp à Paris en février 2011.
Difficile standardisation des techniques
Premier constat : les modes de logement et de conduite des truies en groupes en gestation sont nombreux et nouveaux pour les éleveurs, ce qui complique « la standardisation de techniques qui pourraient être adoptées par tous les éleveurs » notait le spécialiste breton.
La synthèse des enquêtes montre toutefois que les éleveurs ont adopté trois systèmes principaux : les petits groupes de 6-8 truies souvent associés à des bat-flancs séparant les places à l’auge ; les réfectoires avec libre accès à une courette arrière ; le distributeur automatique de concentré (Dac).
Seconde information de taille : le moment de la mise en groupe, la conduite des cochettes, l’alimentation des truies « doivent être adaptés aux truies en groupes ». Par exemple, pour les petits groupes, il est important de regrouper les truies en fonction de leur état corporel « et de garder les groupes stables ». À noter, pour les grands groupes de truies, qu’une alimentation au Dac aura l’avantage d’individualiser les rations.
Encore trop de questions
Mais à quelques mois du changement, force est de constater que de (trop) nombreuses questions pratiques restent encore posées sur la manière de loger et conduire des truies en groupes. « Le choix d’un système par l’éleveur dépend de nombreux facteurs tels que les bâtiments existants, les conditions de travail, le dynamisme commercial des équipementiers ou les capacités d’investissements de l’éleveur », poursuivait Yannick Ramonet.
Cette nouvelle réglementation bien-être va avoir un impact considérable sur l’évolution des systèmes d’élevage porcins : restructuration des exploitations, délégation du naissage, augmentation de la taille du troupeau, arrêt total ou partiel de la production porcine…
Mais dans cette évolution, une chose ne change pas : la préoccupation première de l’éleveur reste « d’adopter une technicité qui lui garantisse un résultat positif au niveau des performances animales, clé première de sa réussite technico-économique. Sur ce point, les résultats Gttt présentés par Boulot en 2011 soulignent la réussite des éleveurs qui maintiennent leurs truies en groupes ».
Le niveau d’investissement, principal frein
Les enquêtes ont également donné des informations sur les avis qualitatifs des éleveurs vis-à-vis de l’évolution de la réglementation. « Une part importante des éleveurs est convaincu des potentialités de l’élevage des truies en groupes », résumait Yannick Ramonet. « Ils mettent en avant des performances animales maintenues voire améliorées, des conditions de travail optimisées, une image positive du métier d’éleveur. »
Mais au-delà, le frein principal reste bien évidemment l’investissement dans de nouvelles structures ou l’aménagement des anciennes, ces « investissements qui structurent l’évolution de l’exploitation porcine. Les enjeux touchent alors à la stratégie de l’entreprise et à ses capacités de réaliser les travaux », concluait-il.
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