Une méthode fiable pour mesurer les émissions en porcherie

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Une méthode fiable pour mesurer les émissions en porcherie

L’élevage est souvent pointé du doigt pour sa contribution aux émissions de gaz à effet de serre. Mais les calculs d’inventaires reposent sur des facteurs non représentantif des pratiques nationales d’élevage. Un travail de l’Ifip, en collaboration avec l’Inra et Agrocampus Ouest vient d’établir une méthode de mesure simplifiée fiable, représentative et facilement applicable en élevage.

porcs engraissement ges
Sur la base de 3 jours de mesures (25, 60 et 80 jours d’engraissement) relevées sur une durée de 6 heures (entre 10h et 16h), l’Ifip, l’Inra et Agrocampus Ouest ont établi une méthode simplifié de mesure des émissions d’ammoniac et de gaz à effet de serre. (© Terre-net Média)

En France, le secteur agricole est responsable de 19 % des émissions de gaz à effet de serre (Ges) dont 46 % proviennent de l’élevage, selon une étude menée par le Citepa en 2008. Dans le détail, le secteur agricole « contribue » à plus de 95 % aux émissions d’ammoniac, dont 72 % proviennent directement de l’élevage.

Pourtant, le Citepa a utilisé des calculs d’inventaires nationaux utilisant des facteurs d’émissions pour les Ges et l’ammoniac « qui ne sont pas considérés comme représentatifs des pratiques nationales d’élevages » soulignait Nadine Guingand (Ifip-Institut de l’élevage) en février 2011, à l’occasion des 42e Journées de la recherche porcine.

Méthodologie

L’étude a été réalisée à la station expérimentale Ifip de Romillé, en Bretagne, sur deux bandes de 60 porcs charcutiers issus d’un croisement (PPxLW)x(LWxLD) élevés en conditions climatiques contrastées : conduite d’octobre à janvier (bande d’hiver) et conduite de mars à juin (bande d’été).
Pour chaque bande, la mesure des concentrations en ammoniac, en protoxyde d’azote, en dioxyde de carbone, en méthane et en vapeur d’eau a été réalisée en continu sur l’air ambiant et à l’extérieur. Les émissions cumulées par gaz sont ensuite calculées.
À l’entrée des animaux, les préfosses sont vides, nettoyées et désinfectées. À des fins d’analyses, des prélèvements de lisier sont réalisés dans les préfosses lors du changement d’aliment et lors de la vidange finale après le départ des porcs pour l’abattoir.

Pour affiner ces inventaires et surtout, réduire les incertitudes, « une connaissance approfondie des facteurs d’émissions français devient nécessaire » poursuivait-elle en présentant une nouvelle étude menée par l’Ifip, en partenariat avec l’Inra et Agrocampus Ouest.

Réduire temps et coûts

En effet, actuellement les mesures méthodes d’acquisition traditionnelles sont faites sur la mesure en continu des émissions gazeuses « qui ne peuvent être appliquées à un grand d’élevages du fait du temps nécessaire et du coût important lié à leurs mises en œuvre ».

Les instituts techniques ont donc cherché à développer une méthode de mesure simplifiée et applicable à un grand nombre d’élevages porcins.
« La mise au point d’une méthode simplifiée, basée sur des mesures ponctuelles doit permettre de combiner réduction du temps et coût de réalisation sans pour autant altérer la précision des données acquises. » Dans un premier temps, cette méthode n’a pu être développée que sur le stade engraissement « du fait de l’importance du stade porcs charcutiers dans les émissions gazeuses ».

Prochaine étape : test dans des élevages commerciaux

La finalité de ce travail a permis d’établir une méthode simplifiée de mesures de l’ammoniac et des gaz à effet de serre pour les porcs charcutiers. De plus, cette méthode a le mérite d’être facile à mettre en place et surtout fiable.

« Cependant, cette méthode a été validée au sein de la station expérimentale Ifip de Romillé. Il est prévu de valider cette méthode dans quelques élevages commerciaux en vue de tester sa fiabilité », précisait Nadine Guingand. À noter également qu’un programme, financé par l’Ademe, est actuellement en cours visant à la mise au point de méthode simplifiée pour l’ensemble des stades physiologiques.

Un calendrier de mesures

Enfin, la dernière étape a été d’identifier des périodes de mesures et la durée de ces dernières, pour que la fréquence et la durée des mesures ponctuelles soient réduites mais représentatives de la situation. « C’est ainsi que leurs déterminations doivent intégrer les spécificités de certaines conduites comme la conduite alimentaire », notait Nadine Guingand.

Or, il se trouve qu’en France, l’alimentation bi-phase concerne 82,6 % des places d’engraissement. « Cette caractéristique implique donc le fait qu’il est indispensable de positionner les jours de mesures de manière proportionnée sur les périodes croissance et finition. »
Sur ce postulat, les scientifiques ont donc pu établir un calendrier de mesure :

  • Le premier jour de mesures se situant entre 15 et 25 jours d’engraissement (période de croissance) ;
  • Le 2e jour entre 50 et 60 jours d’engraissement (début de la période de finition) ;
  • Le 3e jour entre 80 et 110 jours d’engraissement (fin de la période de finition).

Par ailleurs, les données indiquent qu’il est préférable de réaliser ces mesures sur la période 10h-16h, « période qui permet en outre une mise en œuvre la plus aisée pour les opérateurs ».

Pour aller plus loin

Ifip-Institut du porc : www.itp.asso.fr.

 

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