Des spécificités revendiquées et utiles

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Des spécificités revendiquées et utiles

Comme partout ailleurs dans la société française depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, la féminisation du métier est en marche dans le secteur porcin. Une étude vient d’en préciser les spécificités. Tour d’horizon.

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« La moitié des salariées interrogées a par ailleurs suivi une
formation initiale agricole, tandis qu’il s’agit de reconversion
professionnelle pour la seconde moitié. « Ces salariées ont choisi
la filière porcine parce qu’elle offre des débouchés professionnels
proches de leur domicile, et parce qu’elles souhaitaient travailler
avec des animaux. » (© Terre-net Média)
En 2008, la proportion de femmes salariées en élevage porcin était ainsi de 31 %. Comme dans les autres secteurs d'activité, les employeurs doivent tenir compte des spécificités du travail féminin : recours accru au temps partiel, impact plus important des maternités… 

« En milieu agricole, les femmes effectuent plus souvent des tâches dites féminines, telles que le travail administratif, la traite en élevage laitier, ou le travail en maternité en production porcine », selon une étude de l’Inra. Et, de fait, les femmes effectuent moins de tâches dites « masculines », comme la conduite d’engins agricoles et autres travaux de force.

Spécificités, freins et autres motivations

Caroline Depoudent et Marie-Laurence Grannec, travaillant toutes deux pour le réseau des chambres d’Agriculture de Bretagne, ont voulu en savoir plus et ont mené une enquête sociologique auprès de 15 élevages naisseurs engraisseurs bretons ayant de 150 à 900 truies et de 19 de leurs salariés (dont 18 sont en CDI). L’objectif de cette étude est double : d’une part, « identifier d’éventuelles spécificités du salariat féminin en élevage porcin » et d’autre part, « déterminer les freins et motivations des employeurs et des femmes au salariat féminin en élevage porcin », précisait Caroline Depoudent à l’occasion des 42 journées de la recherche porcine.

Pour analyser les représentations qu’employeurs et salariées se font du salariat féminin, les deux spécialistes bretonnes ont conduit des entretiens semi-directifs individuels d’une heure. « Nous avons interrogé les salariés sur leur parcours professionnel, leur poste, leurs conditions de travail, et la gestion de leurs éventuels congés maternité. »

Avec les employeurs, elles ont axé l’entretien sur l’organisation du travail, les modalités de recrutement et sur leur gestion de la mixité.

Pas de conflit entre vie professionnelle et personnelle

 

Des spécificités vues différemment par les employeurs et les salariées

L’enquête sur le salariat féminin en élevage porcin menée par le réseau chambre d’agriculture de Bretagne montre que les spécificités sont vues différemment par les employeurs et les salariées.

D’une manière générale, les femmes salariées effectuent « toutes les tâches associées à leur poste » même si « très peu utilisent le tracteur, par manque d’intérêt, d’aisance ou parce que les hommes de l’exploitation préfèrent l’utiliser » souligne cette étude.

Quant aux travaux de force, ils sont généralement limités pour les femmes et sont particulièrement « mentionnés par les employeurs, qui dans les petites exploitations remplacent leur salariée pour ces tâches ». Si les femmes insistent sur la force nécessaire pour mener à bien ces tâches physiquement exigeantes (lever une truie récalcitrante, porter des sacs d’aliment, etc.), la principale inquiétude exprimées à la fois par les salariées et les employeurs est leur faisabilité à long terme : « pour pallier les difficultés, salariées et employeurs s’appuient sur l’automatisation de l’élevage, le petit matériel ainsi que sur la gestion des temps de travail » précisait Caroline Depoudent (chambre d’agriculture de Bretagne).

Enfin, les relations humaines ou Homme-animal sont souvent perçues comme différentes par rapport à celles existant dans une équipe uniquement masculine : ainsi, de nombreuses mères de famille considèrent que leur expérience familiale leur permet de mettre en avant leur « instinct naturel ». Quant aux employeurs, ils remarquent qu’ils ont tendance à être plus formels avec une femme et à « mettre les formes », notant ainsi que « la mixité améliore l’ambiance de l’équipe ».

« Actuellement, les salariées en élevage porcin travaillent principalement en maternité, mais touchent aussi tous les autres postes », résumait Caroline Depoudent précisant par ailleurs que « la naissance d’enfants et la vie familiale n’entraient en aucun cas en conflit avec la vie professionnelle ». 

Mais l’enquête relève également des freins à l’emploi de femmes dans le secteur porcin, en particulier dans les petits élevages ou la polyvalence est de mise.

« Notre étude met en évidence que le faible usage du tracteur et l’implication limitée dans les travaux d’entretien sont parfois handicapants dans de petits élevages où l’ensemble de ces tâches revient alors à l’employeur » notait Caroline Depoudent qui propose qu’une « formation accrue dans ces domaines, la prise en compte de l’ergonomie dans la conception des postes et surtout la levée de freins culturels affectant certaines tâches à un genre donné pourraient permettre de renforcer l’autonomie des salariés ».

Des congés maternités prévisibles donc peu contraignants

Dans le détail, les entretiens menés avec les salariés montrent que ces dernières travaillent « majoritairement en maternité » (12 sur 19, ndlr). Les autres postes occupés sont la verraterie gestante, complétée ou non de l’engraissement, l’appui polyvalent et le travail administratif.

En termes d’organisation du travail, les horaires sont qualifiés « d’horaires de bureau », et jugés « plus avantageux » que les autres secteurs d’emploi (industrie, grande distribution).

Mieux, « la majorité des binômes employeur-salariée n’évoque aucune difficulté liée à la conciliation des temps familiaux et professionnels ».

Quant aux congés maternités, ils n’ont pas été jugés contraignants par les employeurs : lors de leur grossesse, leur poste a été adapté pour limiter le lavage, le port de charges et la manipulation d’hormones. « Plusieurs employeurs estiment les congés maternité peu pénalisants, car plus prévisibles que les arrêts de travail, ce qui facilite les remplacements », concluait par ailleurs Caroline Depoudent.

Pour aller plus loin

Ifip-Institut du porc : www.itp.asso.fr.

 

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