
Après un pic de départ à la retraite en 1990 puis en 2010, il faut s’attendre au départ massif d’une 3e génération de papy-boomer, d’ici 2015-2020. Un nouveau virage qu’il va falloir ajuster sous peine de voir s’effondrer la collecte laitière française.
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Ces politiques se sont notamment traduites par l’application de la politique de préretraite mise en place avec la réforme de 1992 « et spécialement configurée pour favoriser les transmissions jusqu’en 1997-98 ».
Cette réforme a eu un énorme succès dans le secteur laitier, ce qui a eu pour effet de rajeunir énormément la population des chefs d’exploitations : en 1990, 49 % des chefs d’entreprise avaient plus de 50 ans ; dix ans après, la moyenne d’âge était largement tombée puisque 38 % des chefs d’exploitations avaient moins de 40 ans en 2000.
Le couperet 2015
« L’effet de ce changement démographique a été d’autant plus important que le nombre d’installations s’est effondré par la suite, au début des années 2000. » Il n’en reste pas moins que cette population de moins de 40 ans va se présenter à l’âge de retraite peu de temps après la fin des quotas laitiers (2015). « Aux très fortes incertitudes économiques marquées par cette perspective, notamment en France où un lien au foncier ou au territoire très strict a été maintenu jusqu’à maintenant, s’ajoute donc pour notre pays une incertitude démographique de taille », résume Christophe Perrot. Quel sera le taux de remplacement pour ces nombreux chefs lorsqu’ils seront sur le départ ?
Des ateliers plus grands
Pour stabiliser le nombre d’exploitations laitières françaises à hauteur de 30.000 exploitations laitières vers 2035, il faudrait que se maintienne le « modeste niveau actuel des installations en valeur absolue », soit environ 1.200 nouveaux chefs par an, hors conjoints et co-exploitants de même génération.
Mais si l’actuel taux de remplacement (1 départ remplacé sur 5,1, ndlr) se maintenait, les choses iraient tout autrement selon l’étude prospective menée par l’Institut de l’élevage : au final, la France compterait 20 000 exploitations présentant une dimension moyenne d’atelier en zone de plaine plus grande, à 1,5 millions de litres (Ml) contre 0,9 Ml actuellement. « Mais cette dimension serait nettement moins compatible avec l’emploi de main-d’œuvre familiale et le maintien d’une place significative du pâturage dans l’alimentation des vaches laitières », résume Christophe Perrot.
Le taux de départs précoces en question
La vraie question qui ressort de l’étude commandée par FranceAgriMer et le Cniel à l’Institut de l’élevage est le taux de départs précoces – c'est-à-dire avant 55 ans – « aujourd’hui très contrastés entre territoires et très révélateurs des dynamiques laitières ». La moyenne nationale se situe actuellement à 2,3 % par an, « mais ce taux est deux fois plus faible dans le massif du Jura, et deux fois plus élevé dans les zones de polyculture-élevage, qui connaissent une désaffection pour la production laitière », note le scientifique.
D’ici 2014, c’est ce paramètre (ainsi que le renoncement à des successions prévues) qui va préférentiellement faire bouger les lignes des scénarii établis par l’Institut. Et le risque est élevé ! Si le taux de départs précoces augmente dans des proportions élevées, et que l’on se retrouve donc avec « 54.000 exploitations laitières au lieu de 68.000 prévues », la collecte risquerait logiquement s’effondrer de 30 % dans les zones de polyculture-élevage et de 20 % en montagne-piémont (Massif Central). « Ce risque est clairement identifié ! »
Un nouvel enjeu politique
« Ce n’est pas la première fois que la France laitière est confrontée à la gestion d’un déséquilibre démographique », rappelle pourtant Christophe Perrot. Mais ce 3e papy-boom, après celui de 1990 et de 2010 est « en cours de création et correspond à l’apparition très rapide d’un déficit de jeunes chefs d’exploitation depuis 2000 ».
Comme la carrière médiane des chefs d’exploitation laitière est actuellement de 23 ans – 28 ans si l’exploitation est transmise – la prochaine génération de ‘papyboomer’ sera à gérer aux environs de 2020. « Il s’agira d’une nouvelle opportunité pour les politiques publiques agissant sur le taux de remplacement de modeler durablement le futur visage de la France laitière en tenant compte de spécificités territoriales de plus en plus criantes », conclue le scientifique de l’Institut de l’élevage.
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