
Avec le renforcement de l’éco-conditionnalité et le verdissement de la future Politique agricole commune, la notion de « paysage » est devenue une problématique à part entière, voire un facteur de production. Mais selon que l’on soit agriculteur, élu ou consommateur, l’avis sur son enjeu et son rôle n’est pas le même.
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Les données collectées ont été traitées et analysées en fonction de deux modèles de production :
- celui issu de la modernisation agricole des années 1960, fondé sur l’intensification et la spécialisation agricole donnant la priorité à la production ;
- et celui s’ancrant dans des pratiques plus extensives allant jusqu'aux labellisations AB et résultant, certaines fois, d’une désintensification de la production voulue par l’exploitant.
« Ces modèles de production ont été considérés comme des archétypes orientant l’exploitant dans la conduite de son élevage » précise la spécialiste. De fait, le paysage agricole a été analysé à la fois en tant que paysage, cadre de vie, perçu par les agriculteurs, mais aussi, en tant qu’espace construit à travers les pratiques agricoles. « Dans ce cas, la notion de paysage agricole renvoie avant tout aux contraintes productives de l’élevage et des parcelles agricoles. »
Dans le cas où la production à la priorité, le paysage agricole est surtout perçu comme un espace avant tout productif construit en fonction des contraintes productives et réglementaires.
À l’inverse, dans le cas où l’éleveur privilégie l’autonomie de son exploitation, l’espace reste certes productif, mais il se doit aussi d’être esthétique. « D’autres ordres de contraintes sont davantage pris en compte comme les aspects esthétiques. »
Le milieu, et donc le paysage, est avant tout productif
« Ce travail qui a étudié la relation des éleveurs laitiers au paysage, en partant de leur point de vue, a montré que dans l’ensemble ces éleveurs privilégient un rapport productif au milieu », résumait Véronique Van Tilbeurgh.
Un paysage, cinq fonctions Dans leur ouvrage Brossier et al. (2008) attribuent cinq fonctions au paysage :
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Cette dualité vient quelque part légitimer les actions menées, notamment au niveau réglementaire, pour protéger ces paysages. « C’est également cette distance qui explique la centralité de la question du paysage dans la relation entre les agriculteurs et les non agriculteurs aujourd’hui, alors que l’espace agricole n’est plus habité majoritairement par des agriculteurs. »
Mais comme souvent, tout n’est pas blanc ou noir et les résultats doivent être modulé, notamment en fonction des types d’élevage « mais surtout des modèles de production : on peut alors penser que les variations dans la relation au paysage agricole renvoient également à la conception qu’a l’éleveur de son rôle professionnel », c’est-à-dire que l’on se place soit du point de vue du citoyen, cherchant à s’intégrer localement et tenant compte des compromis locaux ; soit que l’on se place du point de vue de la filière « guidée avant tout par des objectifs productifs ».
Le paysage agit comme médiateur entre l’agriculture et la société
« Ainsi, la question du paysage renvoie non seulement à celle de la relation entre agriculteurs et non agriculteurs, mais également à la place et au rôle que la société, dans son ensemble, attribue à l’agriculture desquels résulte la définition des rôles professionnels » poursuit Véronique Van Tilbeurgh.
Sauf que le paysage agricole reste un espace public « que tout le monde peut évaluer et qui est construit, pour l’essentiel, par les agriculteurs ». Ainsi, selon l’idéal ou l’on se place, les comportements des éleveurs se distinguent nettement dès qu’il s’agit d’identifier les modalités de construction des paysages et la place laissée au paysage comme médiateur entre les éleveurs et le reste de la société.
Concrètement, les éleveurs qui se positionnent avant tout dans un système productif auront tendance à considérer le paysage agricole comme résultant d’un compromis avec le reste de la société locale ; les seconds construiront davantage le paysage en fonction de contraintes « à la fois productives et règlementaires ».
Pour aller plus loin Institut de l’élevage : www.inst-elevage.asso.fr. |
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