Mieux prendre en compte les signes secondaires

Mieux prendre en compte les signes secondaires

Des travaux menés entre 2008 et 2010 sur trois races de vaches allaitantes, confirment l’intérêt d’enrichir les protocoles d’observation avec les comportements sexuels secondaires, pour la détection des chaleurs chez la vache allaitante.


« Cette étude a permis de mettre en évidence les différents
comportements caractéristiques de l’œstrus chez trois races
allaitantes. »
(© Terre-net Média)

En élevage bovin, les performances de reproduction et les résultats de fécondité du troupeau, laitier ou allaitant, font souvent le résultat économique de l’exploitation.

Ces dernières décennies, la révolution est venue de l’insémination artificielle (IA) qui a bouleversé les pratiques de reproduction. Mais l’emploi de l’IA nécessite « une parfaite connaissance des signes de l’œstrus de manière à être capable de le détecter et donc d’inséminer les femelles au moment adéquat pour qu’elles soient fécondées », précise Fabienne Blanc, de VetAgro Sup.

Reste que bien détecter un œstrus dépend de plusieurs facteurs : tout d’abord, l’expertise de l’éleveur en matière de reconnaissance des manifestations comportementales de l’œstrus ; ensuite, des protocoles d’observation qu’il a mis en place (moments et durées des observations, outils de détection) ; enfin, de la détectabilité de l’œstrus lui même (manifestations comportementales et/ou physiologiques, durabilité et intensité).

Méthodologie

Pour décrire les manifestations comportementales associées à l’œstrus chez des vaches allaitantes de race Charolaise, Limousine et Blonde d’Aquitaine conduites en stabulation libre pendant l’hiver, des lots de vaches ont été filmés en continu à l’aide de caméras depuis le vêlage jusqu’à la mise à l’herbe.

Les données vidéo enregistrées ont été dépouillées (logiciel The Observer®) à partir d’un catalogue de comportement (éthogramme) commun : les interactions sociales (conflit et affinité), les signes sexuels secondaires (léchages et flairages de la zone ano-génitale, cajolements…), les comportements de chevauchement (tentatives et acceptations de chevauchement) ainsi que le temps passé en position debout ont été analysés afin d’étudier la variabilité de la durée et de l’intensité des œstrus.

Il est donc indispensable de mieux maitriser cet outil pour sélectionner des caractères difficilement mesurables « telles les capacités adaptatives » en vue notamment de concevoir de nouveaux outils de détection, comme « les détecteurs de chevauchement, d’activité ou les podomètres ».

Entre 2008 et 2010, des scientifiques se sont donc attelés à mieux définir les caractéristiques de l’œstrus en mettant sur pied 5 expérimentations. Objectif : décrire les manifestations comportementales associées à l’œstrus chez des vaches allaitantes de race Charolaise, Limousine et Blonde d’Aquitaine.

Pour chacune de ces expérimentations, des lots de vaches (primipares et multipares), conduites en vêlages d’hiver groupés, ont été constitués et conduits en stabulation libre depuis la rentrée à l’étable jusqu’à la mise à l’herbe. L’étude a porté sur 118 œstrus exprimés.

Les acceptations de chevauchement relativement peu visibles

« Nos travaux montrent qu’il est désormais nécessaire de tenir compte des comportements sexuels secondaires pour la détection des chaleurs chez la vache allaitante car les acceptations de chevauchement sont relativement peu visibles comparativement à l’ensemble des signes sexuels exprimés », résume Fabienne Blanc.

En effet, les acceptations de chevauchement ne représentent que 3 à 7 % des signes sexuels observés durant l’œstrus « et seulement 2 à 5 % de la totalité des comportements exprimés ». Seconde information notable : la variabilité observée dans l’expression de l’œstrus « qui nous incite à développer des méthodes de détection basées sur l’analyse de plusieurs variables combinées ».

Entre 11 et 12 heures

La durée moyenne des œstrus a été de 12 h en race Charolaise et de 11 h en races Limousine et Blonde d’Aquitaine.

Enfin, « le temps passé debout nous semble être une variable simple à mesurer et relativement sensible » qui pourrait être davantage intégrée dans les outils d’aide à la détection des chaleurs.

Les résultats indiquent en effet que le temps passé debout a été augmenté en moyenne de 30 % durant l’œstrus : les vaches passent en moyenne 86 % de leur temps dans cette position lors de l’œstrus, contre 55 % en phase lutéale.

Des comportements identiques pendant l’œstrus

Moins de 15 % d’IA en élevage allaitant

De nos jours, l’IA est une pratique largement répandue en élevage laitier. 85 % des femelles sont inséminées en moyenne selon l’Unceia « la bibliographie est riche en références comportementales sur l’expression de l’œstrus » précise Fabienne Blanc (VetAgro Sup, Inra).

Ces derniers mois, de nouvelles études ont mis en évidence l’intérêt de la prise en compte de plusieurs signes sexuels pour la détection des chaleurs en dehors de l’unique acceptation du chevauchement, spécifique de l’œstrus, « d’autant que cette dernière n’est pas systématiquement exprimée ».

En élevage allaitant, l’IA reste nettement moins utilisées, avec seulement 15 % des femelles inséminées en 2008 ; par ailleurs, contrairement à l’élevage laitier, « les connaissances en matière d’expression de l’œstrus sont plus limitées ».Or, cette connaissance est un préalable indispensable à l’emploi raisonné de l’IA. « De plus, l’IA est une technique en progression chez certaines races allaitantes, notamment en race pire Charolaise. »

Reste que les résultats enregistrés pendant ces 5 expérimentations semblent indiquer qu’il n’existe « pas de grandes différences dans l’expression comportementale de l’œstrus entre vaches de race charolaise, Limousine et Blonde d’Aquitaine ».

Les études confirment également une augmentation significative de l’expression des comportements sexuels secondaires, comme cela a déjà pu être constaté chez les vaches laitières. De même, il apparaît que la parité n’a pas d’effet notable sur l’expression de l’œstrus.

Mais il faut noter un résultat original à confirmer par d’autres travaux : « l’effet de la sous-alimentation post-partum sur l’expression de l’œstrus est un résultat original dans la mesure où la littérature conclut plutôt à l’absence d’influence du niveau alimentaire sur la durée ou l’intensité de l’œstrus ».

Ce résultat devra être conforté par des observations complémentaires. « L’effet du nombre d’œstrus simultanés sur l’intensité de l’œstrus confirme les résultats rapportés chez la vache laitière » conclue Fabienne Blanc.

 

Pour aller plus loin

Institut de l’élevage : www.inst-elevage.asso.fr.
Journée 3R : www.journees3R.fr

 

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