
Les quantités importantes de concentrés et de fourrages chers, consommées par les vaches à haut niveau de production, font souvent craindre des conséquences fâcheuses avec une moyenne économique élevée. Ces craintes sont-elles fondées ? Le point sur les coûts alimentaires observés dans 859 exploitations du réseau Ecolait en 2009.
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Le coût des concentrés est plus élevé
L’année 2009 a vu des prix d’achat élevés pour les concentrés en général et les correcteurs azotés en particulier. Voilà de quoi renchérir le coût de concentré de tous les ateliers, et surtout les plus consommateurs, c'est-à-dire les plus intensifs. Les concentrés ont généré une charge plus élevée dans les troupeaux à plus de 8.400 litres de lait par vache, de l’ordre de 5 à 10 euros de plus par rapport aux troupeaux à moins de 7.000 litres
Contrairement à ce qui se passe quand on ne regarde que le coût des concentrés, le coût alimentaire au litre de lait (concentrés + coproduits + fourrages) a tendance à baisser au fur et à mesure que la production par vache augmente.
Le coût des fourrages est bien moins élevé dans les troupeaux plus productifs
C’est sur les coûts fourragers que les écarts se creusent en faveur des plus intensifs. Les différences entre les niveaux les plus éloignés atteignent 15 à 20 €/1.000 l en moyenne. Les élevages ont été confrontés à des prix d’engrais élevés en début de campagne 2009, touchant aussi bien les surfaces en herbe que celles en maïs ou autres fourrages.
Les ateliers les moins intensifs utilisent moins de fourrages coûteux à produire : 45 % d’ensilage de maïs dans la ration de l’année contre plus de 60 % aux troupeaux plus productifs. Ils font par ailleurs plus de pâturage en contre-partie : plus de 1.000 kg de matière sèche en moyenne dans l’année contre 500 kg pour des niveaux de production plus élevés.
Si l’avantage tourne en faveur des rations de base les plus onéreuses à récolter, c’est bien que la dépense s’est trouvée diluée dans une quantité beaucoup plus importante de lait, produite à la fois par la ration de base elle-même et par les concentrés qui l’ont accompagnée.
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En contre partie, ils ont besoin d’installations parfaitement fonctionnelles, voire d’un niveau d’automatisation élevé dans les équipements, éléments qui ne sont pas pris en compte dans les coûts alimentaires.
La stratégie de moyenne économique n’est pas sans effet sur la productivité du travail : les ateliers laits à plus haut niveau de production élaborent un volume de lait plus important par unité de main d’œuvre consacrée au lait : 355.000 litres contre 250.000 litres pour les moins intensifs (figure ci-dessous).
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Des écarts très importants
Il ne faut pas, bien sûr, s’arrêter à cette seule constatation pour remettre en cause un système de production, puisque cela entraîne de nombreux autres changements dans la conduite de l’élevage: utilisation des surfaces et en particulier valorisation des surfaces difficiles, avances en trésorerie, logement et affouragement surtout en été, concurrence sur la main d’œuvre avec d’autres productions de l’exploitation, etc...
Dans le même temps, les écarts de coût alimentaire entre les élevages situés à des niveaux de production proches sont très importants, beaucoup plus qu’entre les niveaux de production cités ici.
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Dans la majorité des cas, il semble plus judicieux de chercher à diminuer la charge en améliorant l’existant plutôt qu’en changeant de niveau d’intensification.
Ces différentes observations nous amènent une fois de plus à conseiller la cohérence des systèmes. Quel que soit le niveau, il convient de mettre les charges d’investissement et de fonctionnement en rapport avec les produits obtenus, ou les produits en rapport avec les charges. Et surtout d'éviter d’opter pour des charges sans créer les produits qui pourront les rentabiliser. « Les moyens de ses ambitions, ou l’ambition de ses moyens » !
Les coûts alimentaires, version Btpl Coût alimentaire VL = coût des concentrés + coût des coproduits + coût des fourrages, consommés par les vaches laitières durant une année entière (y compris le tarissement). Le coût des concentrés englobe les concentrés et minéraux du commerce, et les concentrés autoconsommés estimés à un prix d’opportunité. Le coût des fourrages est l’objet d’une estimation puisque la plupart d’entre eux sont autoconsommés. Tous les frais sont pris en compte, depuis le fermage jusqu’aux frais de conservation, en suivant l’itinéraire de production. On y trouve bien sûr engrais, semences, traitements, amendements, bâches, conservateurs, mais aussi tous les frais de mécanisation de l’itinéraire cultural, qu’ils aient fait l’objet d’une prestation extérieure ou pas (travaux par tiers et travaux par les éleveurs eux-mêmes). Pour chaque fourrage, l’ensemble de ces frais fourragers est ensuite divisé par une estimation du rendement/ha, et enfin relevé par un pourcentage de pertes inévitable au champ et au bâtiment. Cette méthode de calcul, la plus complète possible, aboutit à des coûts fourragers bien plus élevés que les approches, largement diffusées, qui consistent à ne prendre en compte que les charges opérationnelles et les frais de travaux par tiers. |
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