Les porcs se mettent au métal

Il est possible de mettre des chaînes en métal pour favoriser les activités d’investigation du porc, mais il est conseillé de les positionner au sol ou fixées au sol. (© Terre-net Média)

Ces dernières années, les travaux menés sur l’amélioration du bien-être du porc en élevage ont montré tout l’intérêt d’enrichir le milieu d’élevage lors de sa croissance (fouissage). Cet enrichissement (paille, objets…) permet en effet à l’animal d’investiguer son espace de vie, à condition bien entendu de lui fournir dans le même temps un espace suffisant pour ne pas favoriser le développement de trouble du comportement, comme de l’agressivité ou des activités orales fortement redirigées vers les congénères ou le matériel.

Ces travaux visent ainsi à répondre aux principales dispositions de la Directive du Conseil adoptée le 23 octobre 2001 (encadré ci-contre).

Une controverse à vérifier

Or, il s’avère que « l’utilisation d’une chaîne comme matériau d’enrichissement du milieu de vie des porcs est largement controversée », rappelait Valérie Courboulay, de l’Ifip - Institut du Porc à l’occasion des dernières Journées de la recherche porcine, précisant toutefois « la plupart des études comparent en effet cet objet à des substrats manipulables de type paille ».

La réglementation européenne Les principales dispositions de la Directive du Conseil adoptée le 23 octobre 2001 visent plus particulièrement l’'interdiction d'utiliser des stalles individuelles pour les cochettes et truies en gestation, l’amélioration de la qualité des surfaces au sol ou bien encore la possibilité pour les porcs et truies d'avoir un accès permanent aux matériels de fouissage. Pour rappel, ces conditions sont applicables, depuis le 1er janvier 2003, à toutes les exploitations nouvellement construites ou reconstruites. Et d’ici le 1er janvier 2013, elles devront être appliquées à toutes les exploitations. En parallèle de cette directive, la Commission a adopté le 9 novembre 2001 une autre directive visant à améliorer le bien être des porcs avec des conditions de luminosité et niveaux maximaux de bruit, un accès permanent à des matériaux de fouissage et de jeux, un accès permanent à l'eau fraîche…

Pourtant, des observations préliminaires réalisées en post sevrage semblent montrer la position de la chaine jouerait un rôle déterminant par rapport à l’utilisation qu’en font les porcs.

Partant de ces observations, l’Ifip a donc cherché à voir si le positionnement des chaînes était effectivement déterminant pour leur utilisation par les animaux. L’institut a pour cela comparé trois dispositifs utilisant des chaînes à un objet prototype mis au point à l’Ifip.

L’essai se déroulait à la station de Romillé et portait sur deux bandes successives de 120 porcs chacune (encadré ci-dessous).

Au sol ou fixée au sol

L’analyse des résultats enregistrés dans cette étude montre que « la mise à disposition de chaîne pour les porcs à l’engrais permet de satisfaire leur besoin d’investigation et de manipulation ».

Mais l’essai valide également le fait que « le mode de présentation influe sur l’ampleur des manipulations », comme cela a déjà été démontré pour d’autres matériaux (paille sous forme de brins longs ou paille hachée) : « nous avons constaté dans cet essai que l’utilisation des objets est d’autant plus forte que la chaîne est positionnée près du sol, voire fixée au sol. Dans ce dernier cas, cet objet est équivalent à l’objet prototype utilisé dans cette étude », résumait Valérie Courboulay.

La méthodologie Les animaux ont été répartis dans 12 cases d’une même salle à un âge moyen de 62 jours (10 animaux par case). Trois objets sont donc comparé au prototype : - une chaîne métallique placée à hauteur de groin et relevée régulièrement au cours de l’engraissement ; - une chaîne métallique descendant au ras du sol ; - un objet composé de trois tuyaux en plastique d’environ 30 cm à l’intérieur desquels une chaîne est passée et reliée au sol ; - un objet placé au sol et constitué de trois chaînes métalliques terminées chacune par une double maille « de façon à ce que la chaîne ne tombe pas sous le caillebotis, l’autre extrémité la chaîne étant fixée au sol ». Des notations du comportement des animaux sont effectuées après 1, 4, 7, 10 et 13 semaines de présence, selon un éthogramme détaillé. Les scientifiques relèvent également le nombre de lésions et note de l’état des queues en trois modalités d’intensité croissante (0/1/2) le jour suivant les observations de comportement.

Dans le détail, l’analyse des résultats montre que la nature de l’objet n’a pas d’influence sur l’intensité des lésions des animaux : ces dernières sont logiquement plus importantes en début d’engraissement « du fait de la mise en place de la hiérarchie » et en fin d’engraissement « en lien avec la promiscuité ».

En outre, l’analyse des données de comportement ne met en évidence aucun effet significatif du type d’objet sur l’ensemble des comportements sociaux ou orientés vers l’aliment.

« Par contre, les activités d’investigation dirigées vers l’objet diffèrent significativement selon la position de l’objet : les objets au sol (chaînes dans le tuyau en plastique ou prototype) sont plus utilisés que la chaîne descendant au ras du sol ; par ailleurs, la chaîne descendant au ras du sol est plus manipulée que celle arrivant à hauteur du groin des animaux », concluait Valérie Courboulay.

 

Pour aller plus loin Ifip-Institut du porc : www.itp.asso.fr.