
« Je suis attaqué depuis 1996, mais je ne l'ai jamais vu », confie Thierry Giordan, berger aux 1.000 brebis. Autour de lui, des bénévoles qui aident à la cohabitation des troupeaux et de leur prédateur, aimeraient bien l'entrevoir un jour, le loup.
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« Certains sont arrivés ici en étant pro-loup et changent en découvrant le pastoralisme »
Dans cette délicate médiation, les motivations premières sont diverses, selon les acteurs, entre fascination pour le canis lupus italicus, l'espèce locale, penchant naturaliste, militantisme vert ou intérêt pour l'éco-bénévolat. Et le contact du berger et de ses difficultés fait évoluer les esprits. « Etre pour ou contre le loup, c'est stupide. Certains sont arrivés ici en étant pro-loup et changent en découvrant le pastoralisme », dit une participante. « Ils ne verront pas le loup a priori, mais ils en verront sans doute les victimes », confirme Rémi Leconte, l'animateur du programme. C'est le cas de Clément, un étudiant de 20 ans qui a déjà effectué une mission de dix-huit jours auprès d'un berger des Hautes-Alpes pour l'aider à surveiller son troupeau durant la nuit et à l'heure de la chaume. « L'attaque a eu lieu en plein jour, sur une crète. Deux agneaux sont morts », raconte-t-il, conscient du dommage causé.
Dans les Alpes-Maritimes, où le prédateur est réapparu en 1992, six meutes sont répertoriées, soit une trentaine d'animaux (sur 180 au total en France) responsables d'environ 350 attaques chaque année. « La problématique est stabilisée depuis dix ans dans le département, car tous les sites potentiels ont été colonisés », souligne Louis Bernard, chef du service local de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage, l'un des intervenants participant à la formation des bénévoles. Le sujet n'en demeure pas moins sensible. Le déclenchement depuis mai d'un protocole de tir mortel, pour prélever un loup dans la vallée voisine de la Vésubie, n'a ainsi pas contenté les éleveurs qui jugent les moyens engagés insuffisants au regard de ceux déployés récemment pour doter un prédateur d'une balise Gps à des fins de suivi scientifique.
« Le loup a compris que c'était plus facile la journée »
Berger depuis plus de trente ans, Thierry Giordan se défend d'être l'ami du loup mais accepte volontiers l'aide de ses partisans: il ne voit pas de recette miracle pour se protéger des attaques et tente, du mieux qu'il peut, d'en réduire la gravité avec ses patous (des chiens de protection), son parc électrifié pour la nuit et le soutien de bénévoles. Mais face à des bêtes aux crocs surpuissants, capables de retourner une peau comme une chaussette, et qui déboulent au milieu du troupeau à 70 km/h pour isoler leurs proies, la parade est limitée. « Au début, les attaques, c'était surtout la nuit, mais le loup est malin, il a compris que c'était plus facile la journée. Quand les brebis se promènent, elles couvrent facilement deux ou trois hectares. Quand elles sont dans le bois là-haut, qu'est-ce que vous voulez faire ? », soupire-t-il, fataliste.
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