
Dans un objectif de maîtrise des coûts de production, certains éleveurs s’orientent depuis 4-5 ans vers la création de maternité collective, une option qui offre l’avantage de permettre des économies d’échelles et de spécialiser la main d’œuvre. La réglementation sur le groupement des truies gestantes pourrait d’ailleurs accélérer la tendance. Ces conclusions émanent d’une enquête menée en Bretagne. Détails.
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Dans ce contexte économique tendu, les maternités collectives porcines peuvent apparaître comme une alternative solide car elles facilitent les économies d’échelle externes (mise en réseau) et internes et sous-entendent une certaine spécialisation de la main-d’œuvre.
Ces 15 dernières années, la filière porcine a entamé une profonde restructuration dans laquelle les maternités collectives ont, semble-t-il, trouvé leur place.
Maternité collective en Bretagne
Pour valider cette hypothèse, les Chambres d’agriculture de Bretagne et Pays de La Loire ont mené en 2008 et 2009 une enquête dont l’objectif était triple : analyser les motivations des éleveurs, caractériser le fonctionnement des structures et évaluer les avantages attendus et les freins au développement.
« Nous avons mené l’enquête pendant deux ans auprès de 31 maternités déjà en place et de 5 projets en cours de montage, soit 36 enquêtes sous forme d’entretiens semi ouverts », détaillait Marie-Laurence Grannec (Chambre d’agriculture de Bretagne).
Le questionnaire balayait des sujets comme l’historique de l’exploitation, le profil des associés, la structure et la gestion de l’élevage et, bien sûr, les résultats technico-économiques.
En moyenne, les élevages enquêtés comptent en moyenne 662 truies, sont détenus par 4,7 associés « initialement majoritairement des post-sevreurs engraisseurs » et emploient 3,8 salariés Equivalent temps plein.
Les naisseurs-engraisseurs particulièrement intéressés
L’installation de maternité collective s’est accélérée à partir du milieu des années 2000, en particulier chez les naisseurs-engraisseurs puisque ces derniers représentent 30 % des associés en place et « 40 % des éleveurs en cours de réflexion ».
Logique donc que les maternités de moins de quatre ans représentent un tiers des structures existantes. « Ces maternités récentes se distinguent des plus anciennes : elles correspondent toujours à des reprises de sites existants et non plus à des créations d’élevages, et le cheptel compte au moins 400 truies », précisait Marie-Laurence Grannec.
Deux motivations principales ont guidé les naisseur-engraisseurs à développer une maternité collective : réduire leur charge de travail (28 %) et ne plus investir sur leur site initial (28 %). « Ces chiffres montrent surtout que les éleveurs ont fait le choix de ne pas réaliser individuellement la mise en groupes des truies gestantes sur des exploitations considérées comme trop petites et/ou sans perspective d’évolution (20 %). »
Les projets sont surtout portés par les éleveurs (74 %), les partenaires (groupement, fabricant d’aliment) détenant parfois (22 %) une partie du capital et ce pour différentes raisons : « prise en charge d’un excédent de porcelets, demande de garantie de la part des banques… », détaillait la spécialiste.
Enfin, les post-sevreurs engraisseurs ont intégré une maternité collective dans 96 % des cas « pour sécuriser leur fourniture en porcelets ».
Une tendance d’avenir ?
« L’enquête nous a permis de voir que les maternités collectives peuvent constituer une solution d’avenir pour certains élevages, et notamment ceux de taille plus modeste » résumait Marie-Laurence Grannec : en effet, 6 % des éleveurs naisseurs-engraisseurs bretons de moins de 150 truies prévoient de déléguer le naissage d’ici à dix ans et 10 % y réfléchissent.
Cette tendance pourrait d’ailleurs être accentuée par l’obligation européenne de grouper les truies gestantes « car elles offrent une alternative à la réalisation individuelle de travaux et permettent ainsi de bénéficier d’économies d’échelles ».
En outre, cette obligation pourrait inciter certains éleveurs à refondre leur système d’élevage et son organisation dans son ensemble. « Le nombre de projets sera donc probablement en augmentation au cours des deux prochaines années. »
Mais il faudra pour cela convaincre la société publique, aujourd’hui peu encline à favoriser des projets entrainant une concentration des animaux, en particulier des porcs. « Une option serait de communiquer largement, notamment pour démontrer que ces projets ne correspondent pas uniquement à des projets de développement d’entreprises mais aussi à des projets de vie personnels », concluait Marie-Laurence Grannec.
Pour aller plus loinIfip-Institut du porc : www.itp.asso.fr. |
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