
Trouver du foin à tout prix, même loin : la sécheresse qui frappe l'Europe ne laisse pas le choix aux éleveurs s'ils veulent conserver leurs bêtes, mais leur pose d'énormes problèmes financiers et logistiques.
|
Un surcoût variant de plusieurs milliers à plusieurs dizaines de milliers d'euros
« A la différence de 2003, la sécheresse frappe en pleine pousse de printemps, la principale pour les foins comme pour les pâtures. Elle nous prive de réserves, ce qui est dramatique », s'alarme Joseph Giroud, président de la Chambre d'agriculture du Rhône. Nombre d'éleveurs sont donc contraints d'acheter du foin, dès maintenant et pour toute l'année à venir, un surcoût variant de plusieurs milliers à plusieurs dizaines de milliers d'euros selon la taille des exploitations, d'après la préfecture du Rhône et les syndicats. Or cette dépense touche des exploitations fragilisées par une série de crises, fièvre catarrhale ovine, grave crise du lait en 2009, envolée du cours des céréales et du carburant, qui n'ont épargné aucun type d'élevage ces dernières années. « On a un petit matelas de réserves pour passer le cap. Mais ce n'est pas le cas des jeunes installés ou de ceux qui ont fait des investissements conséquents », souligne Mme Douillon.
Cette quête d'un fourrage lointain pose de surcroît un gros problème de transport
D'autant que l'argent n'est pas la seule difficulté : où trouver du fourrage, quand la sécheresse sévit dans toute la France et une bonne partie de l'Europe? Dans les régions mêlant élevage et agriculture, notamment en Bourgogne, « la solidarité joue avec les céréaliers, qui mettent leurs foins à disposition à un prix raisonnable, mais le volume est loin de couvrir les besoins », selon David Bichet, des Jeunes Agriculteurs de Saône-et-Loire. La situation est encore plus difficile dans les élevages isolés, comme le Cantal. Là, « on tente de passer des contrats dans le Puy-de-Dôme, en Midi-Pyrénées, dans le Languedoc-Roussillon ou en Indre-et-Loire, mais leurs propres éleveurs sont déjà demandeurs », confie Patrick Escure, de la Fdsea. Reste à « monter jusque dans l'Aube ou dans la Marne », quitte à se heurter à la concurrence des éleveurs belges ou néerlandais, ou à chercher de la luzerne en Espagne, poursuit-il. Cette quête d'un fourrage lointain pose de surcroît un gros problème de transport: les quelques entreprises spécialisées sont saturées et les transporteurs classiques n'ont pas les équipements adaptés, ce qui renchérit le coût du trajet.
Rien d'étonnant, relèvent les observateurs, à ce que certains éleveurs craquent et fassent abattre leurs bêtes prématurément. Chez Bovi-Coop, importante coopérative de viande dans l'Ain et dans le Rhône, on signale « un doublement » de la demande d'enlèvement par rapport à la normale. « Non seulement ça fait baisser le cours de la viande, mais on tue même des animaux reproducteurs faute de pouvoir les nourrir, ce qui compromet la pérennité des troupeaux », s'inquiète Dominique Despras, président de la Fdsea du Rhône.
« J’ai opté pour un système très simple car c’est rentable »
270 000 vaches dans le désert algérien, est-ce vraiment possible ? Un agronome décrypte
Réformer ou garder ? 26 éleveurs dévoilent leur stratégie de renouvellement
La prochaine génération de tracteurs New Holland T5S débarque au Sommet de l'élevage
« J’ai gagné presque un mois d’IVV grâce aux colliers de détection de chaleur »
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
La FNSEA appelle à « une grande journée d'action » le 26 septembre
Comment préparer une vache à la césarienne
T. Bussy (FNSafer) : « Beaucoup de monde pense que la Safer, c’est opaque »
Pourquoi la proposition de budget de l’UE inquiète le monde agricole