
Pour accroître l’autonomie de leurs exploitations, certains céréaliers ne se contentent pas de réduire la consommation d’intrants. Ils adoptent des modes de production, qui associent étroitement cultures et élevage. Diversification des revenus, amélioration des propriétés agronomiques des sols, baisse des charges, réduction des risques : qu’elle soit écologiquement extensive en Australie ou écologiquement intensive en France, la production de viande ovine en complément des céréales ne présente que des avantages. En tout cas, pour Ryck et Angus, agriculteurs en Nouvelle Galle et Bertrand, exploitant dans l’Aube. Un article extrait de Terre-net Magazine n°6.
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En Australie
Rick et Angus Maurice, céréaliers et éleveurs à Wellington (Nouvelle Galle)
Etre performants, à moindre coût et moindre risque
A Wellington, en Australie, Angus et Rick Maurice sont céréaliers et producteurs d’ovins sur 2.600 ha, à la fois cultivés et pâturés. "Prairies régénérées et pailles broyées" caractérisent le mode de production extensif, qu’ils ont adopté pour être économiquement performants, à moindre coût et surtout à moindre risque.
A moindre coût car, dans une économie libérale, production extensive n’est pas forcément synonyme de rentabilité et de revenu : en Australie plus qu’ailleurs, ce dernier dépend du marché et des surfaces, non des rendements. A moindre risque ensuite, toute mauvaise décision pouvant être fatale financièrement !
Le sol, principal outil de production
Angus et Rick produisent des céréales sur 1.170 ha, qui sont pâturés après la moisson, selon les années, par une troupe de 2.000 à 3.000 ovins ; et aussi, "à façon", par les 700 bovins d’un autre éleveur.
Les différentes rotations pratiquées sur les 2.600 ha alternent des périodes de production et de pâturage, ceci sur plusieurs années. Seuls 500 ha par an sont mis en culture (céréales, lupin, colza,orge entre autres) avant d’être pâturés. Les 670 ha consacrés aux céréales sont intégrés aux 1.400 spécifiquement alloués, en 2010, au pâturage et sont inscrits dans un cycle pluriannuel de rotations, alternant cultures (épeautre, orge, moutarde, seigle, etc) et prairies destinées aux animaux de la ferme.
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Faute de lisibilité
Afin de pérenniser leur système de production, à la fois écologique et extensif, Angus et Rick se sont fixés un cahier des charges. Leur "cercle vertueux" d’amélioration des parcelles cultivées et des pâturages, enrichit la terre en matière organique (mulch des pailles broyées, déjections animales). Il préserve l’outil de production essentiel des deux agriculteurs : le sol et ses propriétés agronomiques.
Dans un tel système, les rendements escomptés sont, en moyenne, de 20 q/ha en blé et de 28 q/ha en colza (en 2010, seuls 17 q/ha et 20 q/ha ont été obtenus respectivement pour les deux cultures) pour des charges de 200 $AU(1), le parc matériel étant réduit au strict minimum (un pulvérisateur et un griffeur). Faute de lisibilité sur les marchés, les éleveurs renoncent en effet à investir. Cependant, les rendements varient fortement d’un an sur l’autre, en raison des excès climatiques fréquents.
Etonnant, des champs de blé si verts à la moisson ! (© DR) |
Un revenu complémentaire appréciable
Fin 2010, le troupeau d’ovins de Rick et Angus comptaient 1.200 brebis et des béliers mérinos. En plus, les éleveurs achètent chaque année 1.500 à 2.000 agneaux à engraisser. A Wellington, l’élevage procure un revenu complémentaire aux agriculteurs, appréciable surtout en cas de sécheresse.
Un hectare de blé (20 q de rendement retenu), pâturé ensuite "à façon" par les bovins (4 $AU/semaine/animal), génère un chiffre d’affaires de 455 $AU. Une fois les charges déduites (200 $AU/ha), le revenu escompté s’élève à 250 $AU/ha. Si le cours du blé baisse à 100 $AU/t, le revenu, lui, chute à 55 $AU/ha. Quant aux agneaux, ils ont été vendus en vif, en 2010, 150 $AU l’unité ; la laine de chaque animal 30 $AU. Ainsi, avec des animaux passant l’hiver austral en plein air, ce qui limite les charges de structure, la production d’ovins viande s’avère très compétitive.
(1) 1 $AU (dollar australien) = 0,7123 €
Le foncier pèse sur la rentabilité En location, la terre revient à 120 $AU/ha/an. Une telle charge pèse immanquablement sur le revenu. Il faut, en effet, au moins dix ans pour amortir l’acquisition d’un hectare de terre (3.200 $AU). Pas étonnant, dans ces conditions, que la détention de terres en propriété sécurise les systèmes, notamment en période de crise. En ayant acheté 850 ha il y a cinq ans, Angus a conscience que, jusqu’en 2018, les revenus dégagés seront complètement absorbés par le remboursement des annuités. |
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Bertrand Patenôtre, céréalier et éleveur à Piney (Aube)
Les moutons, une assurance revenu
La crise de 2009 a eu au moins une vertu : conforter le choix de Bertrand Patenôtre, de s’être lancé dans l’élevage de moutons en 2006. Alors que les prix des produits végétaux étaient au plus bas, cet atelier a apporté la trésorerie nécessaire à l’exploitation.
L’association des productions céréalière et ovine (brebis romanes, béliers vendéens et charollais), alliée au semis direct, réduit les charges de mécanisation et de fertilisation. Elle enrichit, de plus, le sol en matière organique. Si ces économies sont difficiles à évaluer, le troupeau génère actuellement 15.000 à 20.000 € de résultat net (amortissement du bâtiment et salaire déduits). Et Bertrand perçoit comme "bonus" les primes ovines !
Des sous-produits valorisés
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De valeur nutritionnelle équivalente à celle du tourteau de colza, ceux-ci composent, avec le pois, la ration hivernale. En attendant la récolte des céréales, les brebis et les agnelles pâturent les prairies temporaires puis, jusqu’aux premières gelées, le couvert semé sur les pailles après la moisson, entre le 15 et 30 juillet (trèfle, crucifères, avoine brésilienne et vesce).
Depuis cinq ans, les 15 à 20 ha de prairies temporaires sont intégrés dans la rotation complexe de l’exploitation. Sur ses 176 ha en effet, Bertrand Patenôtre alterne, en semis direct, céréales, colza, betteraves, chanvre… Soit, au total, une dizaine de cultures.
Cet article est extrait de Terre-net Magazine n°6. Si vous ne l'avez pas reçu chez vous, retrouvez Terre-net Magazine en ligne en cliquant ICI.
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