La future réglementation « phosphore » inquiète…

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La future réglementation « phosphore » inquiète…

L’autonomie environnementale des élevages porcin de moins de 150 truies, enquêtés par les Chambre d’agriculture de Bretagne entre mars et juillet 2009 est élevée : en effet, d’après les résultats, 70 % d’entre eux possèdent plus de 60 % de leur plan d’épandage. Mais la future réglementation phosphore pourrait tout remettre en cause.


16 % des éleveurs interrogé dans cette enquête menée par les
Chambres d’agriculture de Bretagne ont décidé ou réfléchissent à
l’arrêt du naissage.(© Terre-net Média)

« En plus d’une autonomie environnementale élevée, les élevages de moins de 150 truies n’ont pas à satisfaire à l’exigence de recourir au traitement du lisier », relevait Marie-Laurence Grannec (Chambres d’agriculture de Bretagne), à l’occasion des 43e JRP, en février dernier à Paris.
Sauf que… cette situation ne devrait pas perdurer ! En effet, l’évolution future de la réglementation de la fertilisation en phosphore pourrait tout remettre en cause.

Peu de solution de repli

En cas de non respect de cette future réglementation, les solutions de repli sont, de plus, peu nombreuses, « la disponibilité en terres supplémentaires étant incertaine ». Par ailleurs, cette incertitude est renforcée par deux interrogations : la pression foncière relative aux plans d’épandage et la future libéralisation des quotas laitiers. De plus, ces petits élevages ne peuvent pas envisager l’option du traitement individuel du lisier, option bien trop coûteuse. Conséquence, ces incertitudes accentuent encore plus la mise en œuvre des travaux de regroupement des truies gestantes comme le traduit l’enquête : 7 % des éleveurs interrogés envisagent en effet de réduire l’effectif, voire d’arrêter l’activité. « Cette évolution de la réglementation phosphore pourrait donc constituer un enjeu majeur et les éleveurs sont en attente d’informations et d’accompagnement pour étudier des solutions pérennes. »

Près de deux tiers n’envisagent pas de modification importante

Quand on leur demande quel(s) sont leur projet pour la décennie à venir, 23 % des éleveurs enquêtés répondent par un agrandissement de l’exploitation, en particulier de l’atelier « porc ». Second changement évoqué spontanément : l’association (14 %), ce qui répondrait en même temps à un autre objectif : se dégager du temps. Enfin, la création d’un atelier de vente directe reste marginale (3 %). « Mais dans leur grande majorité (63 %, ndlr), ils ne prévoient pas de modification importante (ni agrandissement, ni autre investissement). Dans 38 % des cas, il s’agit d’un choix subi, lié aux contraintes, notamment environnementales. Mais pour une majorité d’éleveurs il s’agit d’une réelle volonté », résumait Marie-Laurence Grannec.

Ne rien changer…

Ce choix de ne rien changer vient du fait qu’ils jugent leurs conditions de travail satisfaisantes (42 %) ou sur leur performances économiques (18 %). On note toutefois que les choix sont aussi liés à l’âge des exploitants : 13 % d’entre eux citent le départ à la retraite comme raison à un non-investissement. Par ailleurs, en fonction des évolutions réglementaires et de la conjoncture économiques, les réponses seront différentes : « 16 % des éleveurs ont décidé ou réfléchissent à l’arrêt du naissage : 33 % a déjà choisi ou envisagent de ne pas réaliser la mise en groupes des truies gestantes. Reste donc potentiellement 33 % d’éleveurs qui pourraient être amenés à arrêter le naissage ou à la déléguer à une maternité collective ».

… mais faire des progrès

Si la majorité des éleveurs de porcs enquêtés apparait donc très satisfaits ou satisfaits (43 %) voire plutôt satisfaits (38 %) de ses conditions de travail et du métier, ils concèdent que les marges de progrès existent, avec, en premier lieu l’amélioration des résultats techniques (82 %) et notamment de la productivité (68 %). Un tiers des éleveurs citent également une meilleure différenciation de leur produit via la création de signes de qualité. « Au delà des moyens pouvant être mis en œuvre au sein de l’exploitation, les attentes des éleveurs concernant la filière soulignent également la prépondérance des inquiétudes liées au revenu : 84 % des éleveurs attendent plus de sécurité dans les prix et 83 % estiment que l’évolution du prix du marché sera cruciale pour le maintien de la filière bretonne. »Enfin, sans surprise, ils citent également les distorsions de concurrence internationales et notamment au sein de l’UE. « Les éleveurs estiment ainsi que l’avenir de la filière est dépendant des politiques européennes (43 %) et nationales (29 %). »

Pour aller plus loin

Ifip-Institut du porc : www.itp.asso.fr.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,14 €/kg net +0,04
Vaches, charolaises, R= France 6,99 €/kg net +0,05
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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