
Gagner en productivité et réduire le temps d’astreinte. L’équation n’est pas aisée à résoudre mais une conduite du troupeau de vaches laitières basée sur une durée d'intervalle vêlage-vêlage de 18 mois permet d’atteindre cet objectif. Tel est le résultat d'un essai mené en Bretagne depuis 2005.
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Résultat : il est souvent difficile de maintenir cet Ivv à 12 mois exactement, d’autant que certaines vaches produisent encore plus de 20 kg de lait par jour après 10 mois de lactation.
« L’allongement volontaire de l’Ivv peut donc être envisagé », indique Valérie Brocard, chef de projet « Nutrition et conduite du troupeau laitier », à l’Institut de l’élevage.
Mais peu d’études viennent préciser les conséquences technico-économiques d’un tel allongement. Trois partenaires scientifiques – l’Institut de l’élevage, les Chambres d’agriculture de Bretagne et AgroCampus Ouest – ont donc mené l’enquête. Objectif de l’essai : comparer deux lots de Prim’Holstein en vêlages groupés. Le premier (20 vaches) montre un Ivv de 12 mois, contre 18 mois pour le second (20 vaches également).
Rationalisation du travail d’astreinte
L’essai a été mis en place en 2005, initialement pour une durée de trois ans avec des animaux de potentiel laitier élevé (50 % des meilleurs index du troupeau).
À noter enfin que le système fourrager est identique pour les deux lots : ensilage de maïs toute l’année, 20 ares d’herbe pâturée par vache et 900 kg de concentrés/vache/an (tourteau de soja 48, concentré de production, Cmv).
Pour appréhender au mieux les conditions réelles d’élevage, chaque lot comportait 35 % de primipares et des vêlages groupés sur 3 mois dans les deux cas « dans un objectif de rationalisation du travail d’astreinte », précisait Valérie Brocard.
Des vêlages à 18 mois « techniquement réalisables »
L’analyse de ces trois années d’essai (encadré) a d’ores et déjà permis de définir « des courbes de production allongées à 16 mois », des informations qui viennent « compléter les rares données bibliographiques disponibles sur ce sujet ».
Les résultats en bref
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En outre, le fait d’avoir intégré des primipares dans l’essai a fourni des informations précieuses : il apparait en effet que « les primipares semblent plus aptes à avoir des lactations longues en raison de leur meilleure persistance ».
Par ailleurs, toujours pour les primipares, les observations ont fait état d’une « augmentation de la quantité de matières protéiques ». Cette augmentation doit être confirmée « avec des effectifs plus importants » relevait Valérie Brocard.
Trois ans de plus
Mais cette première série d’essais (2005-2008) doit être prise avec circonspection : en effet, leur interprétation est « limitée » en raison du nombre de lactation du lot « 18 mois ». « Ces trois premières années d’essai se sont déroulées sur deux saisons de vêlage différentes », à savoir automne 2005 puis printemps 2007.
C’est pourquoi les trois partenaires scientifiques ont décidé de poursuivre l’aventure pour trois années supplémentaires (2008-2011) afin de « conclure sur l’impact éventuel de l’allongement et de la saison de vêlage sur les écarts observés » d’une part ; mais également « sur l’effet de l’allongement sur les résultats de reproduction et la santé du troupeau ».
Au tarissement, les vaches du lot 18 mois produisaient entre 10 et 15 kg de lait par jour. « Ce niveau de production montre qu’une conduite basée sur un Ivv de 18 mois est parfaitement faisable », résumait Valérie Brocard.
Concrètement en élevage, cette technique pourrait être compatible avec 2 périodes de vêlages groupés à 6 mois d’écart, avec allongement de 6 mois des lactations pour les vaches non gestantes dans la première période. « Cela permettrait de conserver l’avantage des vêlages groupés et réduirait le taux de réforme. »
Au niveau de la filière, ce système amènerait « un meilleur étalement de la production ». Les trois partenaires ont décidé de compléter cette première série de résultats en la doublant d’une étude économique complète « qui permettra de confirmer l’intérêt de cette stratégie ».
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