Le stock d’herbe sur pieds, une technique dépendante du climat

Le stock d’herbe sur pieds, une technique dépendante du climat

Le pâturage hivernal est globalement peu utilisé en France, contrairement aux Etats-Unis. Il peut être soit partiel, soit réduit aux « marges de l’hiver », soit total. Des études ont montré que le pâturage hivernal de prairies temporaires ou permanentes n’affectait pas la production d’herbe du printemps suivant et se « contentait » de décaler la production en début de printemps.

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« Dans le détail, le 1er hiver a été nettement plus propice
au pâturage hivernal avec 105 jours de pâturage contre
78 jours en 2008/2009. » (© Terre-net Média)

Face à l’accroissement de la taille des troupeaux allaitants, les éleveurs sont aujourd’hui fortement obligé de réduire les coûts de production, et notamment ceux liés à l’alimentation. Pour cela, ils cherchent en premier lieu à améliorer l’efficience du travail. Mais cette double quête n’est pas sans poser le problème de la simplification des pratiques.

Nombre d’études menées traitent de l’hivernage extérieur, avec un affourragement quotidien, ou de l’allongement de la période de pâturage. Mais peut-on envisager d’utiliser un stock d’herbe sur pied en période hivernale ?

L’idée derrière cette hypothèse est que ce stock permettrait tout à la fois de réduire les surfaces et les quantités récoltées, et d’augmenter, dans le même temps, la durée de pâturage et en simplifiant le travail hivernal.

Deux hivers d’étude

Pour mener à bien cette étude, l’unité de l’Inra des Monts d’Auvergne à Laqueuille (63) a suivi durant deux hivers (2007/08 et 2008/09), 3 lots de 8 vaches charolaises vêlant en juin, taries et au 3e mois de gestation.

Dans le protocole expérimental, deux lots ont été maintenus en bâtiment tout au long de l’hiver et affourragés à +1 UF par rapport aux besoins d’entretien pour l’un et à -1 UF pour l’autre. Le 3e lot a disposé d’une prairie permanente de 3,7 ha ; sur cette prairie, les scientifiques ont laissé l’herbe s’accumuler depuis la dernière coupe fin juin/mi-juillet avec une biomasse disponible en entrée estimée en moyenne à 3,4 T MS/ha.

« Sur la parcelle, une étable et un parc stabilisé à copeaux étaient à libre disposition pour le lot extérieur », précisent les scientifiques.

Côté mesure, les poids vifs et les notes d’état corporel des 3 lots ont été mesurés toutes les 2 semaines. L’herbe offerte au lot extérieur a été mesurée toutes les 2 semaines sur quatre carrés de 60 par 60 cm déplacés à chaque fois. Quatre placettes ont été mises en place dans la parcelle pâturée afin de suivre l’évolution de la sénescence de l’herbe tout au long de l’hiver.

Gain de fourrage non assuré

L’analyse des résultats met en évidence un bilan mitigé. D’un côté, les performances zootechniques sont globalement équivalentes entre les trois lots, malgré les difficultés de pâturage.

Le lot +1 UF a eu un gain de poids vif de 59 kg en moyenne, contre +13 kg pour le lot -1 UF, contre -8 kg pour le lot extérieur en 2007/08 et +3 kg pour le lot extérieur en 2008/09.

« On constate toutefois une perte d’environ 0,4 point d’état corporel pour les animaux au pâturage qui restent proche du lot -1UF. Mais le lot +1UF se distingue nettement. Toutefois, ces écarts de poids disparaissent après vêlage (mi-mai). »

La raison principale est certainement que la règle d’affourragement a permis de compenser la perte en extérieur. « Mais le gain de fourrage lié à ce système de pâturage n’est pas assuré et dépend fortement du climat hivernal. »

En outre, plusieurs modalités restent à étudier pour améliorer ce bilan fourrager tel que la hauteur d’herbe en entrée de pâturage et les espèces herbacées plus ou moins valorisables en hiver.

Une digestibilité moindre

Pour apprécier au plus près la qualité de l’herbe offerte au pâturage, cette dernière a été suivie et analysée. Ces analyses montrent que la digestibilité de la matière organique diminue au fil de l’hiver (58 % début décembre contre 47 % en mars).

La matière azotée totale reste étonnamment élevée en 2007/2008 (12 % de la MS) mais elle descend à 9 % en 2008/2009, sous influence des conditions climatiques.

Enfin, les scientifiques ne mettent pas en évidence d’impact négatif du pâturage hivernal sur la production de la prairie dans les conditions de l’essai (chargement compris entre 150 et 210 Ugb jour/ha).

Dans le détail, le premier hiver a été nettement plus propice au pâturage hivernal avec 105 jours de pâturage contre 78 jours en 2008/2009. La faute aux importantes chutes de neige qui ont obligé à affourager les animaux placés à l’extérieur pendant près de 42 jours.

Pour aller plus loin

Institut de l’élevage : www.inst-elevage.asso.fr.
Journée 3R : www.journees3R.fr

 

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