Circuits courts : retrouver proximité et valeur ajoutée

Circuits courts : retrouver proximité et valeur ajoutée

Face aux marges pratiquées dans les circuits traditionnels de distribution, l’agriculteur cherche le chemin le plus court vers son client. Un bon moyen de récupérer sa part de valeur ajoutée et de se rapprocher du consommateur, avec tous les bénéfices que cela implique. Un article extrait de Terre-net Magazine n°2.


« Je fixe ma marge à 17 % » : avec la vente de pain,
Inès Deraeve contribue au chiffre d’affaires de l’exploitation
céréalière à hauteur de 41 %. (© DR)

« En 2010, les circuits courts concernent environ 80.000 exploitations en France, selon les résultats de la dernière enquête sur les structures d’exploitations agricoles », indiquent Christine Aubry et Jean-Baptiste Traversac, du centre Inra de Versailles-Grignon. Ces 80.000 exploitations possèdent généralement une surface agricole utile inférieure à la moyenne régionale et font appel à plus de main-d’œuvre.  « En Ile-de-France, les exploitations en circuits courts ont en moyenne 76 ha de Sau et 4,4 employés à temps plein, contre 136 ha et 1,2 employé en circuits traditionnels », précisent les deux chercheurs.

L’engouement s’étend cependant et les exemples se multiplient au sein de structures de plus de 100 ha ou 50 animaux. D’ailleurs, selon une enquête du baromètre agricole Terre-net Bva, 40 % des agriculteurs estiment que la vente directe est le mode de commercialisation qui apporte le meilleur revenu. Christine Aubry et Jean-Baptiste Traversac assistent également à un développement des exploitations mixtes. « Celles-ci associent, à des grandes cultures classiques sur la majorité de la surface, un atelier spécialisé valorisant par exemple une main-d’œuvre familiale souhaitant rester sur la ferme », soulignent-ils.

Cumuler les savoir-faire... mais aussi les temps de travaux

La tendance s’inscrit dans la fourniture de produits qualitatifs, moins "standards" que dans les circuits traditionnels. Christine Aubry et Jean-Baptiste Traversac ajoutent que, pour les productions commercialisées en circuits courts, « les conduites techniques favorisent souvent des méthodes d’intervention manuelle coûteuses en temps de travail et limitant le recours aux intrants. »

Les exploitations en circuits courts cumulent trois types d’ateliers – production agricole, préparation/transformation et commercialisation –, « une accumulation de temps de travaux pouvant devenir difficile à assumer », selon les deux chercheurs de l’Inra. Les besoins multiples en savoir-faire et la combinaison de plusieurs fonctions caractérisent ce type d’activités, « un de leurs atouts majeurs en même temps que le principal frein à leur développement », poursuivent-ils.

En Bretagne, la vente à la ferme en croissance


Les circuits courts alimentaires se définissent, selon le
ministère de l’Agriculture, comme des circuits de
distribution impliquant au maximum un intermédiaire
entre le producteur et le consommateur. (© DR)

Ainsi, plus de 2.000 agriculteurs bretons ont choisi de vendre une partie ou la totalité de leur production dans le cadre des circuits courts. Deux installations sur dix valorisent ces nouveaux marchés et une exploitation en circuits courts sur trois a créé de l’emploi dans ses dix premières années d’activité.

Le mode de commercialisation le plus utilisé par les producteurs bretons reste le point de vente à la ferme (66 %), en légère régression au profit des marchés (25 %) et surtout de la vente en grandes surfaces et en magasins de proximité (17 %). La restauration commerciale et collective concerne 20 % des producteurs. Des modes de vente plus récents se confirment, comme la vente par internet (13 % des producteurs).

Dans la Somme, Inès Deraeve, installée en bio avec son père sur 45 hectares de polyculture, fabrique son pain. En 2010, elle a transformé 5,6 t de blé meunier en 11.600 pains vendus sur les marchés, en Amap, en magasins spécialisés et en direct à la ferme. Une activité qui contribue au chiffre d’affaires de l’exploitation à hauteur de 41 %. La vente du complément (108,4 t) à la coopérative représente, elle, 44 % du chiffre d’affaires. « Je fixe ma marge à 17 % du prix du pain », indique la jeune agricultrice. Quant au temps de travail, il se répartit plutôt équitablement entre Inès (1.738 heures de travail annuelles dont 940 pour la fabrication de la farine et du pain et 798 pour la vente) et son père (1.998 heures).

30 à 40 % moins cher qu’en distribution classique

Dans l’Ouest, des groupements de producteurs ont trouvé avec Ecomiam.com un mode de commercialisation original : la vente itinérante en camions réfrigérés de viande surgelée de poulet, bœuf, porc et dinde. Daniel Sauvaget, fondateur d’Ecomiam.com en 2009, a imaginé « un mode de distribution qui reprend les fondamentaux du commerce ». « La production crée la valeur ajoutée, c’est à elle qu’elle doit revenir. Le consommateur doit rémunérer la valeur d’usage du produit et non des artifices marketing. »



Ecomiam.com s’attache à afficher une information complète sur la composition des prix.
(© Ecomiam.com)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Déjà présent dans 71 villes du grand Ouest, Ecomiam.com commence à intéresser les points de vente fixes, comme le magasin de fruits et légumes Guéguen à Saint-Pol-de-Léon (Finistère), où les consommateurs pourront acheter les produits surgelés d’Ecomiam.com aux prix pratiqués dans les camions réfrigérés ou sur internet, soit 30 à 40 % moins cher qu’en distribution classique.

 

Cet article est extrait de Terre-net Magazine n°2. Si vous ne l'avez pas reçu chez vous, retrouvez Terre-net Magazine en ligne en cliquant ICI.

 


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