 « Les 13 fiches établies dans le cadre du projet ‘Redastreinte’ touchent en réalité trois domaines de l’exploitation : la simplification des opérations, l’organisation du travail et des chantiers et l’équipement. » (© Terre-net Média)
|
Améliorer les conditions de vie des producteurs de lait, la productivité de leur travail et renforcer l’attractivité du métier passent par le développement de techniques innovantes permettant de réduire le temps d’astreinte.
« Sur un temps d’astreinte total de 47 heures par semaine en hiver, la traite représente plus de 50 % du total et l’alimentation le tiers », résumait Gérard Losq, du pôle « herbivores », Chambres d’agriculture de Bretagne.
La structure a en effet souhaité trouver et synthétiser les solutions pour alléger le travail d’astreinte sur ces deux postes, traite et alimentation.
13 fiches de synthèse
De cette réflexion est née le projet « Redastreinte », lancé en 2006 en collaboration avec l’Inra, l’Institut de l’élevage, Agrocampus Ouest et l’Enitac.
Dans le cadre de Redastreinte, les différentes équipes de recherche ont mis en commun les conclusions de leurs travaux en matière de réduction du travail d’astreinte dans les domaines de la traite et de l’alimentation. Les solutions sont présentées dans un guide pratique de 13 fiches (encadré).
Les fiches techniques en un clin d’œil
- Traire une fois par jour est possible dans la plupart des élevages. Appliquée sur toute la lactation, la mono-traite réduit de 17 % le travail d'astreinte. La technique permet de faire face immédiatement à un déficit de main d'œuvre et on peut revenir à tout moment à la situation initiale. Elle nécessite une bonne maîtrise des facteurs de risque de mammites. Pour aller plus loin, lire ici.
- Simplifier l'hygiène de la traite est à réserver aux élevages en situations cellulaire et butyriques maîtrisées. Des seuils d'alerte sont à respecter : pas plus de 1.000 butyriques et plus de 80 % des vaches à moins de 300.000 cellules/ml.
- Allaiter les veaux avec un seul repas par jour, c'est 50 % de temps gagné pour des croissances similaires des veaux comparativement à deux repas. Pour aller plus loin, lire ici.
- Simplifier et rationaliser l'alimentation des génisses, c'est par exemple distribuer le maïs trois fois par semaine (gain de temps de 45 % sur ce poste), préparer la ration pour quinze à vingt jours, choisir le type de fourrage de façon à le distribuer seul sans complémentation. Pour aller plus loin, lire ici.
- Faire pâturer les veaux dès les premières semaines est possible sous réserve d'un minimum d'aménagement : parc extérieur avec abri, râtelier et bac à tétines. Il permet de supprimer paillage et curage. Pour aller plus loin, lire ici.
- Adopter la ration sèche diminue de moitié le temps d'astreinte de l'alimentation, mais la technique dégrade les résultats économiques. Pour aller plus loin, lire ici.
- Se ménager cinq à neuf mois sans vêlage permet de gagner dix heures à certaines périodes sans conséquence économique. La conduite de la reproduction doit être bien organisée.
- Choisir son intervalle de traite donne de la souplesse d'organisation. Dès lors que l'intervalle de traite ne descend pas en-dessous de cinq heures, les résultats techniques ne sont pas affectés.
- Réduire la durée d'élevage de la génisse laitière en passant l'âge au vêlage de 30 à 24 mois permet de réduire les effectifs de 20 % et le nombre de lots de trois à deux. Des repères de conduite sont à respecter pour une insémination vers 14-15 mois.
- Organiser et aménager le parcellaire de pâturage pour gagner du temps, concerne le découpage des parcelles, l'aménagement des chemins et des clôtures ainsi que l'installation des points d'eau.
- Choisir une installation de traite dépend du temps de traite souhaité (1 à 2h) et de l'investissement possible.
- Le robot de traite pour se libérer peut réduire le temps de traite de 60 % à rien en cas de bâtiment mal adapté. Il multiplie par deux les coûts de fonctionnement et nécessite la présence d'une personne mobilisable en cas d'alerte. Pour aller plus loin, lire ici.
- Affourager une fois par semaine avec la désileuse-cube permet de gagner 30 à 50 % du temps d'alimentation sans pénaliser les résultats techniques. Pour aller plus loin, lire ici.
|
Leurs conclusions montrent qu’il est possible de dégager entre 2 et 14 h par semaine selon les principes mis en application.
« Ce projet a été conduit en deux temps », précisait Gérard Losq : d’une part, l’acquisition de références entre 2006 et 2008, d’autre par, l’élaboration et la diffusion de la synthèse.
In fine, les partenaires scientifiques ont donc synthétiser ce projet de trois ans au travers de 13 fiches proposant « des solutions concrètes pour réduire de 2 à 14 h par semaine le temps d’astreinte, gagner en souplesse d’organisation ou réduire la pénibilité des tâches », poursuivait le spécialiste breton.
Ces fiches touchent en réalité trois domaines de l’exploitation : la simplification des opérations, l’organisation du travail et des chantiers et l’équipement.
Facilité de mise en œuvre
« La grande innovation de ces fiches est que les solutions proposées sont relativement faciles à mettre en œuvre et compatibles avec le maintien des résultats techniques et économiques », détaillait Gérard Losq.
Certes, certaines propositions sont évidemment plus délicates et viennent impacter de façon plus ou moins notable le système de production.
C’est en particulier le cas des vêlages groupés, de la durée d’élevage des génisses par exemple. « Dans ce cas, l’éleveur doit prendre son temps et bien réfléchir à ce qu’il veut faire et comment il veut le faire. »
L’équipement est également une autre voie possible. Mais l’éleveur doit bien maitrise les coûts d’investissement et de fonctionnement, sans oublier les possibles coûts d’entretien souvent négligés.
« En général, le passage à l’acte se fait de façon concomitantes avec une restructuration d’exploitation », concluait Gérard Losq.
Retrouvez les palmarès des concours bovins du Space 2025
Dans le Cotentin, « nous vivons avec 30 vaches et 30 hectares chacun »
270 000 vaches dans le désert algérien, est-ce vraiment possible ? Un agronome décrypte
Madison sacrée grande championne Holstein sur le ring du Space 2025
Logiciel, lactosérum, pailleuse… 4 inventions d’éleveurs primées au Space
La FNSEA appelle à « une grande journée d'action » le 26 septembre
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
Face à une perte de compétitivité inédite, accompagner davantage les agriculteurs
Comment préparer une vache à la césarienne
Le Grand Ouest met la main à la poche pour la recapitalisation bovine