Une prévention excessive, source de surcoût

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Une prévention excessive, source de surcoût

Dans le contexte actuel de crise, le secteur laitier est en difficulté. Il devient alors essentiel de maîtriser les coûts, liés à chaque phase d’élevage, tout en optimisant la croissance des jeunes animaux. Le centre de recherche de Gembloux, en Belgique, s’est penché sur les pratiques antiparasitaires menées par 30 éleveurs lors de la première mise à l’herbe. Résultats.


Cette étude belge montre que les éleveurs laitiers font durer la saison
de pâturage des génisses en moyenne 4,7 mois, plus ou moins 1,2 mois.
Chez certains, la saison débute en avril ; mais la majorité mettent les
génisses au pré à la mi-juin.(© Terre-net Média)

« La première mise à l’herbe est, dans ce cadre, une étape importante et sensible », soulignait Pascale Picroux, chercheuse à Gemboux (Belgique), en présentant l’étude menée par son département.

Cependant, la méconnaissance de cet aspect de la part des éleveurs et le recours à des pratiques bien souvent inappropriées engendrent des frais superflus sans garantir, de manière systématique, l’état sanitaire du cheptel.

Quelles pratiques ?

Cette étude vise à suivre et analyser les pratiques de 30 éleveurs laitiers en matière de lutte antiparasitaire contre les vers parasites intestinaux, lors de la première mise à l’herbe.

Les résultats en bref

Dans le détail, les éleveurs font durer la saison de pâturage en moyenne 4,7 mois, plus ou moins 1,2 mois. « Chez certains, la saison débute en avril ; mais la majorité mettent les génisses au pré à la mi-juin », précisait Pascale Picroux. À noter qu’en 2007, les conditions climatiques favorables ont permis d’étirer la saison et de ne rentrer les bêtes qu’en novembre.

Seconde information : en matière de lutte antiparasitaire, c’est plus la routine qui domine que la réflexion : « les pratiques sont plus souvent systématiques que réellement raisonnées », poursuivait-elle. Côté produit, les éleveurs ont recours à 9 principes actifs.

En majorité, les éleveurs n’interviennent qu’une seule fois, « soit à la mise à l’herbe (60 %), soit à la rentrée », 27 % le font deux fois (sortie et rentrée) et 18 % trois fois (à la mise à l’herbe, à mi-parcours et à la rentrée). À noter que les produits utilisés à la sortie sont des rémanents, avec une persistance d'action de 1 à 6 mois. « En résumé, on peut dire que 74 % des éleveurs traitent de manière systématique à la fin de la saison.» Seuls 25 % d’entre eux utilisent, à cette occasion, un produit peu rémanent à vocation curative.

Enfin, le coût des traitements varie de 5 à 21 € par animal.

Pour se faire, 572 génisses de race holstein ont été suivies en 2007 et les données enregistrées (date de mise à l’herbe, moment d’application des traitements, nombre de traitements).

« Nous avons également procédé à des prises de sang sur une partie des animaux, au plus tard 10 jours après la rentrée à l’étable et avant tout traitement antiparasitaire. L’idée était de mesurer le taux de pepsinogène sanguin dans le sérum des animaux et d’en estimer la pression parasitaire en fin de première saison de pâturage », poursuivait la scientifique belge.

Une prévention excessive

L’analyse des informations recueillies montre que les éleveurs belges enquêtés vermifugent de manière « excessive » les génisses.

« Nous avons constaté que l’immunité n’est pas acquise de manière suffisante en fin de première année de pâturage. De fait, un traitement s’avère nécessaire l’année suivante » résumait Pascale Picroux.

Cet excès de vermifugation entraîne un surcoût qui pourrait être évité, selon la scientifique, par des stratégies mieux adaptées, « définies de manière spécifique en fonction des risques réels auxquels sont soumis les animaux et tenant compte non seulement de la durée de pâturage, mais aussi de l’espace disponible, de la rémanence du produit, des moyens de contention et du temps disponible de l’éleveur ».

Des animaux exposés

Non seulement les éleveurs vermifugent de manière excessive, mais ils exposent également leurs animaux à des risques parasitaires ,soit en en ayant recours à un antiparasitaire peu rémanent (lire encadré) uniquement à la mise à l’herbe, soit en surprotégeant l’animal qui n’est alors plus en mesure de développer seul son système immunitaire.

De plus, l’utilisation de produits à large spectre d’action présente des risques pour les insectes non-cibles, coprophages, qui jouent un rôle essentiel dans les mécanismes de métabolisation et de recirculation de la matière organique morte (feuilles mortes, animaux morts, excréments). Et donc, au final, limitent par la suite la dégradation des excréments dans les prés et sur les prédateurs de l’entomofaune.

« Ces produits coûtent déjà chers et l’absence d’acquisition de l’immunité chez l’animal peut contraindre l’éleveur à devoir vermifuger à nouveau la saison suivante. » Or, les traitements systématiques à la rentrée à l’étable ne sont pas nécessaires « si l’éleveur a adopté de bonnes pratiques de gestion du parasitisme et que la charge parasitaire du troupeau reste inférieure à une charge critique », poursuivait Pascale Picroux.

Pour aller plus loin

Institut de l’élevage : www.inst-elevage.asso.fr.

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Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
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