
Un temps d’accès limité au pâturage vient-il pénaliser la production laitière des animaux ? Pour répondre à cette question, l’Inra de Saint-Gilles a mis en place en 2008 une étude qui semble confirmer cet effet.
|
Il est certes possible d’apporter une quantité optimale d’ensilage de maïs de manière à maintenir la production laitière souhaitée et à compenser cet effet. Et, dans le même temps, l'éleveur peut valoriser l’herbe disponible malgré un temps d’accès limité. Mais en quelle quantité ? Cela reste à définir.
En effet, de précédentes études montrent qu’un apport élevé d’ensilage de maïs altère la motivation des vaches à pâturer et diminue la consommation d’herbe. À l’inverse, lorsque le temps d’accès est faible (4h), des quantités trop faibles d’ensilage de maïs (5 kg MS) réduisent durablement les performances. Quel est donc le bon équilibre ?
Combien de maïs pour quel temps de pâture ?
L’objectif de l’expérience réalisée au printemps 2008, à la ferme expérimentale de Méjusseaume (Inra Le Rheu), a été d’évaluer l’effet de trois niveaux d’apports d’ensilage de maïs (5, 10 ou 15 kg MS/vache) sur les performances des 72 vaches laitières Holstein, dont 24 primipares. « Outre les trois niveaux d’apport, nous avons également mis les animaux dans deux situations au pâturage avec deux temps d’accès limité (4h ou 8h) », détaillait en décembre 2009 Luc Delaby, de l’Inra, lors de sa présentation aux Rencontres 3R.
Les vaches pâturant 4h ont reçu 9 kg de MS/vache, le second lot 16 kg MS. Une seconde série a complété ces résultats : toutes les vaches ont reçu pendant 20h 3 kg brut de concentré. Ont été mesurés la production laitière, le TB et le TP, les poids, les quantités ingérées individuellement de ration complète.
8h au pré pour une bonne valorisation de l’herbe
Les scientifiques ont relevé que les vaches ayant passé 8h au pâturage ont consommé 1,1 kg de MS de ration complète en moins, « mais seulement avec la dose maximale d’ensilage de maïs » (Ndlr : 15 kg MS).
Ce qu’il faut retenirIl existe bien une cohérence entre le temps d’accès et l’apport de fourrages pour maximiser l’ingestion totale. Concrètement, l’éleveur peut donc proposer des apports de 10 et 15 kg de matières sèches de ration complète pour des temps d’accès de 4 et 8h, sans altérer les performances zootechniques des animaux. |
De plus, on constate que ces 8h passées au pré permettent aux vaches de produire un lait plus riche en TP (+0,5 g/kg) « sans doute grâce à une meilleure synthèse de protéines ».
On note également une augmentation de la production laitière, mais celle-ci n’est toutefois pas statistiquement significative ; par ailleurs, cette augmentation n’a pas affecté le TB et la synthèse de matières grasses. Le fait d’augmenter la ration complète a permis une amélioration notable de l’ensemble des performances zootechniques, hormis pour le TB qui est resté stable.
Réponse linéaire
Par contre, le temps de réponse à cette augmentation de la ration, avec l’apport d’ensilage de maïs, est variable en fonction du temps passé au pré : avec un temps d’accès de 4h, cette réponse est restée linéaire (+0,4 kg de lait/kg de MS d’ensilage de maïs). « Malgré l’adaptation vraisemblable de leur comportement alimentaire, les vaches n’ont pas pu compenser au pâturage de trop faibles apports de ration complète. »
À l’inverse, lorsqu’elles passent 8h au pré, l’écart de performance entre une ration à 10 kg d’ensilage de maïs et une autre à 15 kg est faible (+0,15 kg de lait/kg de MS d’ensilage de maïs). « Ainsi, les productions de lait et de matières protéiques n’ont pas varié entre un pâturage de 4h ou un pâturage de 8h » chez les vaches recevant une quantité maximale, soit 15 kg de maïs ; « par contre, avec les deux quantités les plus faibles, le fait de ne mettre les vaches que 4h au pré a tendance à pénaliser la production avec une baisse de 0,9 kg de lait ».
Le fait de complémenter les animaux par la suite n’a pas profondément modifié ces résultats, « sauf chez les vaches qui ont reçu la plus faible ration d’ensilage et qui ont passé le moins de temps au pré : ces dernières sont restées pénalisées avec une baisse de la production de 1,43 kg de lait et une baisse des matières protéiques de 43 g ».
Pour aller plus loin : www.inst-elevage.asso.fr.
Retrouvez les palmarès des concours bovins du Space 2025
Dans le Cotentin, « nous vivons avec 30 vaches et 30 hectares chacun »
270 000 vaches dans le désert algérien, est-ce vraiment possible ? Un agronome décrypte
Madison sacrée grande championne Holstein sur le ring du Space 2025
Logiciel, lactosérum, pailleuse… 4 inventions d’éleveurs primées au Space
La FNSEA appelle à « une grande journée d'action » le 26 septembre
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
Comment préparer une vache à la césarienne
Face à une perte de compétitivité inédite, accompagner davantage les agriculteurs
Quelles implications environnementales de la proposition de l’UE pour la Pac ?