Un avantage environnemental… et zootechnique !

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Un avantage environnemental… et zootechnique !

Compte tenu des normes environnementales actuellement en vigueur, il est pratique courante dans les exploitations porcines d’évacuer régulièrement les déjections des porcheries pour réduire la formation d’ammoniac. Après le raclage en V, de nouveaux systèmes d’évacuation des déjections ont été comparé en Bretagne. Les résultats sont sans appel !


L’étude menée pendant trois ans, par les Chambres
d’agriculture
de Bretagne et l’Inra, confirme l’intérêt des
systèmes d’évacuation régulière des déjections sur la réduction
des émissions gazeuses azotées. (© Terre-net Média)

Des travaux menés dans les principaux pays production, comme le Canada, les Pays-Bas et la France, ont montré que des systèmes d’évacuation fréquente permettaient de réduire les émissions d'ammoniac de 50 à 70 %.

Au-delà de cette réduction, des bâtiments équipés de ces matériels présentent en outre un intérêt zootechnique au niveau de l’élevage. En effet, les études réalisées ont montré que les conditions sanitaires ainsi que l’ambiance d’élevage étaient améliorées, entraînant de fait une meilleure résistance des animaux aux attaques de maladies ou aux parasites.

Des constructeurs réactifs

Le marché a rapidement réagi à ces résultats et les constructeurs proposent aujourd’hui des systèmes automatisés, mécaniques ou hydrauliques. « Mais tous n’ont pas encore été évalués », expliquait Brigitte Landrain (Chambre d’agriculture de Bretagne) à l’occasion des 42e JRP. Les premiers résultats sur le raclage en ‘V’, installé à la station de Guernevez, avaient été présentés lors des Journées porcines 2008 (lire l'article ici).

En 2009, une nouvelle étude a donc été lancée par le réseau des Chambres d’agriculture de Bretagne, en partenariat avec l’Inra. « Nous avons comparé quatre porcheries sur caillebotis intégral, utilisant un système d’évacuation régulière des déjections à trois porcheries témoins sur lisier stocké », résumait Brigitte Landrain.

Trois années d’enregistrement

Dans cette nouvelle étude, quatre bâtiments expérimentaux, possèdant un système d’évacuation régulière des déjections, sont étudiés (encadré). Ces porcheries sont comparées à trois autres de la station,  installées sur lisier stocké et caillebotis intégral.

Les quatre systèmes d’évacuation

Le système ‘Gisoir drainant’ : un système de recirculation du lisier dans des drains inclus dans un sol bétonné (gisoir drainant). Le lisier est préalablement séparé grossièrement grâce à un système de grille.

Le système ‘Couloir’ : une deuxième porcherie utilise le lisier de chasse traité par centrifugation, boues activées et filtration membranaire pour nettoyer un fond de fosse séparé en couloirs.

Le système ‘Fond de fosse ondulé’ : la troisième porcherie utilise le lisier de chasse traité par tamisage, puis lombrifiltration, pour l’amener dans des bacs basculants et nettoyer un fond de fosse possédant des ondulations peu profondes.

Le système ‘Raclage en V’ : une quatrième porcherie fonctionne par raclage sous le caillebotis (« Raclage en V »). Le système permet la séparation des urines et fécès : les urines sont évacuées par écoulement vers une fosse et les fécès par raclage régulier.

L’essai a été mené pendant trois années pendant lesquelles les performances zootechniques (Gmq, indice de consommation, taux de muscles des pièces, taux de pertes) et des indicateurs respiratoires ont été enregistrés (nombre de toux et d’éternuements, récupération et analyse des poumons pour une notation des lésions de pneumonie).

De même, la concentration et les émissions de NH3 et de N2O ont été enregistrées au cours de l’engraissement.

Limitation de la pression respiratoire

« Cette étude confirme l’intérêt des systèmes d’évacuation régulière des déjections sur la réduction des émissions gazeuses azotées », analysait Brigitte Landrain.

Par ailleurs, « pour certaines porcheries, cet avantage environnemental s’accompagne d’une amélioration des performances zootechniques des animaux, sans doute liée à une limitation de la pression sanitaire, respiratoire notamment ». Dans le détail, les résultats indiquent, au niveau des performances zootechniques, que les Gmq et les IC sont de meilleures tenues dans les porcheries sans lisier – gisoir drainant et raclage en V – par rapport aux porcheries en lisier stocké, comme l’indique le tableau ci-dessous :

Performance zootechniques et indicateurs respiratoires

Modalité GMQ (g/j) IC Taux de muscles des pièces Note pneumonie
Lisier stocké (témoin) 746 (b) 2,97 (b) 59,8 (a) 2,09 (b)
Gisoir drainant 781 (a) 2,83 (a) 59,3 (b) 0,76 (a)
Couloir 754 (b) 2,96 (b) 59,4 (b) 2,34 (b)
Fonds de fosse ondulé 750 (b) 2,86 (ab) 59,6 (ab) 2,36 (b)
Raclage en V 807 (a) 2,78 (a) 59,6 (ab) 1,2 (a)

Du côté des émissions gazeuses, les scientifiques ont relevé une différence significative, sur les concentrations en NH3 et les émissions de NH3 et de N2O, entre les bâtiments où le lisier était stocké et ceux où il ne l’était pas (Graphique).


Emission nette d’ammoniac selon le type de bâtiment et la période d’engraissement. (© 42e JRP)

Par ailleurs, « la comparaison des résultats par période d’engraissement montre un effet significatif du type de porcherie et aussi de la période d’engraissement sur les émissions de gaz azotés », détaillait Brigitte Landrain poursuivant : « cette analyse permet également de montrer que, pour certaines périodes d’engraissement, il existe un effet significatif du type de porcherie sans lisier : ainsi, la porcherie avec raclage en V diffère des autres avec une émission azotée stable au cours de l’engraissement. Cette stabilité s’explique par la séparation précoce des urines et fèces ».

Pour aller plus loin : www.ifip.asso.fr.

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