Un modèle pour prédire la digestibilité des prairies

Article réservé aux abonnés.

Un modèle pour prédire la digestibilité des prairies

Dans les régions situées en milieux difficiles, une meilleure connaissance de la valeur alimentaire de la végétation des prairies permanentes devrait permettre d’adapter leur utilisation de façon à concilier production et biodiversité.


Le modèle établi par l’Inra permet de comprendre pourquoi, dans
les
prairies ayant une grande diversité fonctionnelle, la digestibilité
diminue plus lentement au cours d’une repousse. (© Terre-net Média)

C’est particulièrement vrai pour les prairies riches en espèces qui comprennent parfois une proportion importante de dicotylédones. « On considère qu’il existe huit types génériques de végétation dans les prairies riches en espèces », expliquait en décembre 2009 Michel Duru, de l’Inra, à l’occasion des rencontres 3R à Paris.

En détail, une prairie n’est pas un système homogène, mais est constitué de plusieurs de ces types. « Les deux clés d’entrée sont le type de graminées et le type de dicotylédones associées à chacun de ces types de graminées », poursuivait le spécialiste. C’est pourquoi un modèle de prédiction doit être à même de prendre en compte cette grande diversité de végétations, afin de mieux la valoriser par des pratiques agricoles adaptées (fauche tardive par exemple).

Objectif de simplification

Pour établir ce modèle « et dans un objectif de simplification », l’équipe de l’Inra a considéré l’importance des dicotylédones « globalement », les différents groupes de dicotylédones étant réalisés « au prorata de chacun des quatre types de graminées ».

Pour la modélisation, les scientifiques sont partis du principe que toute plante est composée d’une partie entièrement digestible et d’une autre, dont la digestibilité baisse avec la pousse « et dont la proportion est d’autant plus élevée que la croissance est rapide ». Pour traduire cela simplement, ils considèrent donc que la diminution de la digestibilité est exprimée en fonction de la somme des températures depuis le 1er février.

Une croissance sous influence

La vitesse de croissance est par ailleurs soumise à différents facteurs, exprimés directement par le modèle (la température par exemple) ou indirectement « via le type de graminées », qui influe sur le niveau de nutrition minérale : « la vitesse est en effet plus élevée pour les graminées de type A par rapport aux graminées de type C ». Il est donc important d’introduire cet effet climat/nutrition (Coeff. A).

En outre, il est possible de caractériser les espèces en fonction de leur adaptation au niveau des ressources minérales en fonction d’un coefficient (Coeff. B). « Cela permet de tenir compte de la spécificité de chaque type : en effet, la digestibilité des feuilles et des tiges des graminées de type A est plus élevée par exemple. »

De plus, des analyses ont montré que l’augmentation des températures au printemps entraîne une accélération de la vitesse de croissance : « il faut donc tenir compte séparément de chaque phase productrice : on sait ainsi que les effets climat et nutrition sont plus élevés entre le début de montaison et la floraison et se réduisent par la suite », ce en fonction de chacun des quatre types de graminées.

Un couple graminées/dicotylédones indissociable

Les graminée interagissant avec les dicotylédones, il faut également tenir compte de ces dernières dans la digestibilité globale de la prairie. « On sait également que les dicotylédones ont généralement une digestibilité plus élevée que les graminées, tant pour les feuilles que les tiges. »

Autre paramètre important : les dicotylédones associées à chacun des quatre types de graminées ont généralement « une phénologie plus précoce » : les coefficients traduisant l’effet climat et nutrition (Coeff. A) et la valeur intrinsèque (Coeff. B) sont donc déterminés pour chacun des quatre types de graminées et pour les dicotylédones associées.

Comparaisons

Sur la base de ces postulats, un modèle a donc été établi et a permis de comparer par la suite trois communautés végétales : les deux premières sont composées de types de graminées A ou C purs, associés à 33 % de dicotylédones. La troisième est une prairie associant 50 % de graminées (même proportion de type A que de type C) et 50 % de dicotylédones.

« Le modèle a permis de montrer que la digestibilité d’une prairie de type A, d’abord plus élevée que pour une de type C, diminue par la suite rapidement. »

Trouver des réponses

Mieux encore, ce modèle ouvre des perspectives intéressantes d’études et de conseils. En effet, comme l’expliquait Michel Duru, « il permet d’expliquer pourquoi les prairies composées de graminées trouvées en milieux pauvres ont une digestibilité plus faible au stade feuillu, mais qui baisse plus lentement de telle sorte que les prairies de milieux riches ou de milieux pauvres ont finalement des digestibilités voisines au moment de la floraison. Le modèle permet par ailleurs de comprendre pourquoi, dans les prairies ayant une grande diversité fonctionnelle, la digestibilité diminue plus lentement au cours d’une repousse ».

Pour aller plus loin : www.inst-elevage.asso.fr.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,14 €/kg net +0,04
Vaches, charolaises, R= France 6,99 €/kg net +0,05
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo

Tapez un ou plusieurs mots-clés...