
Au Danemark, un choix politique fort a été fait : celui des grandes structures d’élevage. Là-bas, les élevages porcins sont quatre fois plus grands qu’en France. Et la concentration des structures n’a pas marqué le pas ces dernières années. Au contraire, elle s’accélère.
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Désormais, les élevages de 500 truies et plus, « les seuls à se développer », détiennent 62 % des truies du pays. Les moins de 200 truies ne détiennent presque plus de production (8 % des truies, 43 % des élevages). À titre de comparaison, en France, les élevages de moins de 200 truies représentent encore 80 % des élevages et la moitié du cheptel.
Cette tendance pourrait se poursuivre, selon le Danish Pig Production (Dpp) à cause de l’obligation de conduire en groupe les truies gestantes d’ici 2012. En 2008, entre 60 et 75 % des gestantes étaient en groupe, contre 25 à 30 % en France.
Spécialisation
Une seconde explication vient immédiatement après la concentration : celle de la spécialisation, en naisseur ou en engraisseur (Tableau ci-dessous).
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Toujours selon le Dpp, la production porcine danoise serait dans les mains de 3.500 exploitations en 2015. En 2020, la filière tournerait grâce à 400-500 exploitations naisseur (de 1.000 à 5.000 truies chacune) produisant 80 % des porcelets danois. Ces porcelets seraient alors engraissés pour partie au Danemark dans les 800 à 1.000 élevages de 15.000 à 30.000 charcutiers produits/an/exploitation. « Ces grandes structures seront gérées par des familles sur plusieurs sites », selon Christine Roguet.
Pour les experts danois, ces conduites en grands troupeaux permettraient d’avoir des conditions de travail plus attractives, une meilleure productivité, des résultats zootechniques toujours plus performants avec « une concentration des efforts sur la reproduction et la mise-bas ». Toujours selon eux, ces conduites seraient en outre adaptées aux exigences des engraisseurs « préférant des camions entiers de porcelets et une taille minimale en naisseur de 300 à 400 truies ». « Le Ddp prévoit un développement du " naisseur " au détriment du " naisseur-engraisseur " tandis que la restructuration de l’engraissement se poursuivra », expliquait encore Christine Roguet.
Une exploitation de type « sociétaire-multisites »
Spécialiser et contrôler l’ensemble du cycle de production est une solution mise en avant par les éleveurs danois et leurs structures professionnelles pour sécuriser leur filière. Ces derniers pensent également que l’élevage porcin danois va encore changer de visage pour s’orienter « vers une exploitation sociétaire-multisite bipolaire avec, d’un côté, un site de naisseur de 2.000 truies en moyenne produisant des porcelets de 30 kg et d’un autre, un site d’engraissement conduit en " tout plein-tout vide ", avec ponctuellement, des porcelets de 8 kg transférés vers des sites de post-sevrage et d’engraissement conduits en Wean to Finish ».
Cette bipolarisation ne fera que s’accentuer avec le temps puisque déjà, en 2006, seulement 28 % des porcelets produits restaient dans un processus complet naisseur-engraisseur, le reste changeant d’élevage. « Ceci peut s’expliquer, selon l’organisation Dansk, par le fait qu'environ 80 % du commerce de porcelets est contractualisé », détaillait Christine Roguet, précisant que la durée de préavis pour rompre les contrats était de trois mois.
Développement des exportations
Conséquence logique de cette machine à produire : le développement des exportations, multipliées par 3,8 entre 1998 et 2008. L’objectif des Danois est d’ailleurs d’atteindre 10 millions de porcelets exportés par an d’ici 2015, « grâce à une amélioration de 10 % de la productivité des truies et au recul de l’engraissement devant les contraintes environnementales ».
Reste que la séparation du naissage et de l’engraissement accentue les risques économiques, sanitaires et réglementaires avec, notamment, l’évolution des obligations sur le bien-être animal durant le transport.
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