À quand des laits à la carte ?

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À quand des laits à la carte ?

Les acteurs de la profession laitière, de la filière génétique des ruminants et de la recherche-développement ont engagé le programme ‘PhénoFinLait’ de phénotypage et génotypage à grande échelle. Objectif : mieux connaître, qualifier et maîtriser la composition du lait.


La sélection génomique est un outil permettant
d’aider les éleveurs à produire des laits
adaptés à la demande. (© Terre-net Média)
Le lait est un produit complexe constitué de lipides, de protéines, de glucides et de minéraux, dont les teneurs relatives dépendent de facteurs environnementaux (alimentation, conduites d’élevage) et génétiques (espèce, race et génotype de l’animal).

Les composants fins du lait, pris individuellement, peuvent avoir des effets bénéfiques ou négatifs sur la santé humaine. Il apparaît donc crucial pour les filières laitières de bien connaître, de qualifier et de maîtriser cette composition.

Les acteurs de la profession laitière, de la filière génétique des ruminants et de la recherche-développement ont engagé le programme, PhénoFinLait, de phénotypage et génotypage à grande échelle pour la détection et l’utilisation de Qtls* spécifiques : il s’agit de régions du génome influençant de manière significative la composition fine des laits des espèces bovine, caprine et ovine.

Les caractères considérés sont les acides gras (AG) individuellement et par famille (saturés, insaturés, poly-insaturés, trans…) et douze protéines (caséines, a-lactalbumine, b-lactoglobuline, lactoferrine, sérum albumine…).

Le moyen infrarouge pertinent pour les acides gras

« Une première étape a montré que l’analyse statistique fine des spectres du moyen infrarouge, qui peut être produit en routine lors des analyses du contrôle laitier, permet une première estimation précise de la composition fine du lait pour les principaux acides gras, ainsi que pour les ratios d’intérêt nutritionnel comme le ration acides gras saturés sur acides gras insaturés », détaillait en ouverture de sa présentation Mickaël Brochard, de l’Institut de l’élevage, à l’occasion des rencontres 3R à Paris, en décembre 2009. Cette méthode peut donc être appliquée à grande échelle sur les acides gras.

Génotypage à haut débit

Pour les protéines, molécules particulièrement complexes, les scientifiques doivent au préalable passer par une méthode de référence. Cette dernière permettra d’évaluer la faisabilité de prédire, à partir des spectres du moyen infrarouge, la composition protéique des laits analysés.

Il y a encore quelques années, compte tenu du coût de telles opérations, il semblait bien incertain de pouvoir réaliser en routine et à grande échelle du génotypage à haut débit. « Aujourd’hui, les progrès de la génomique sont tels que les puces Snp à haute densité ouvrent de nouvelles perspectives et permettent d’avoir accès aux dernières avancées technologiques et autres connaissances scientifiques », poursuivait le spécialiste de l’Institut de l’élevage.

Des référentiels et des outils pour les éleveurs

En 2009 et 2010, les scientifiques ont donc collecté les données auprès d’un important échantillon : 12.000 vaches, 4.000 brebis et 4.000 chèvres représentant sept races différentes, 1.500 élevages et 26 départements. En 2011, deux tiers environ des animaux phénotypés seront génotypés sur les puces Snp retenues. « Cela représentera environ 8.000 bovins, 3.500 caprins et 2.000 ovins », résumait Mickaël Brochard.

Au final, l’ensemble des analyses permettra de jeter « les bases d’une sélection génomique ou assistée par marqueurs portant sur la composition fine du lait, à savoir acides gras et protéines. Elles permettront simultanément d’établir des référentiels et des outils d’appui technique pour conseiller les éleveurs et les aider à valoriser de façon optimale les ressources locales, génétiques et alimentaires pour qu’ils produisent ensuite des laits adaptés à la demande ».

Le programme national français de détection de Qtl et ou de gènes majeurs affectant la composition fine du lait des ruminants laitiers est « un véritable outil de filière ». En effet, il donnera aux décideurs des filières laitières des éléments pour les aider à définir les orientations à privilégier sur cet aspect précis de la composition du lait. Quant aux acteurs impliqués, « ils auront désormais les outils pour qualifier et maîtriser la qualité même des laits, en agissant sur tous les leviers disponibles ».

* Qtl : quantitative trait loci.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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