 La flexisécurité, une solution pour ajuster la production de lait. (© Terre-net Média) |
Pour sortir de la logique des quotas, pourquoi ne pas opter pour la flexisécurité ? Selon Michel Grasset (chambre d’agriculture d’Ille et Vilaine) et Gérard Losq du Cerel (Institut de l’élevage) (1), ce concept qui caractérise le système social danois (il associe souplesse du marché du travail et protection sociale) pourrait tout à fait être transposable en production laitière lorsque la suppression des quotas sera effective.
Ce concept tente de dépasser, autant que possible, les contraintes inhérentes à la conduite de n’importe quel troupeau laitier : lactation, renouvellement, vêlage, alimentation… et même d’en faire des atouts ce qui conduirait ainsi les éleveurs à être réactifs dans un environnement d’incertitudes.
Ceci dit, le concept mérite d’être affiné car de nombreuses questions techniques demeurent. C’est pourquoi a été lancé un projet d’études à l'échelle nationale, piloté par l’institut de l’élevage, pour le rendre plus perfectible.
En attendant, il est d’ores et déjà possible d’en donner les grandes lignes.
Il importe ainsi de définir, pour chaque élevage, son espace de flexibilité, autrement dit son potentiel d’adaptation, égal à la différence entre :
- le volume maximal de production envisageable de l’élevage défini en fonction des facteurs de production de l’élevage. Il s’apprécie en nombre de vaches laitières
- et le minimum vital, autrement dit la production minimale nécessaire pour couvrir les charges à un niveau de prix donné et pour sécuriser le revenu. Elle est aussi ramenée en nombre de vaches productives.
Estimer son espace de flexibilité
Bien connaître sa capacité maximale de production permet évidemment de maitriser les limites de son système et de mesurer ses goulots d’étrangement. L’idée défendue est d’aider l’éleveur à accroître sa production sans risque.
Prenons comme exemple, l’exploitation Marcel Dupont (un troupeau de 65 vaches et leur suite) dotée d’un bâtiment pour loger 70 vaches laitières. Or sa capacité de production fourragère permet de nourrir jusqu’à 75 animaux.
L’optimisation de cet élevage reposera, sans modification du système, sur la production de 37.500 litres supplémentaires, soit 5 vaches à 7.500 litres pour passer à 70.
Déjà entré en pratique
La flexisécurité est d’ores et déjà inscrite dans les moeurs. Fin 2007-2008, poussés par les collecteurs, les éleveurs français ont agi sur plusieurs leviers pour accroître leurs productions. Les lactations ont été prolongées et davantage de concentrés ont été distribuées. En 2009, ces mêmes éleveurs ont su réduire leur production pour ne pas engorger un peu plus les marchés du lait en crise. De nombreuses vaches ont alors été réformées. |
Quant au minimum vital, les calculs opérés montrent qu’il correspond à un troupeau de 53 vaches et leur suite.
Ainsi, c’est à l’intérieur d’un espace de flexibilité équivalent à 17 vaches (70 vaches – 53) que l’éleveur sera en mesure d’adapter sa production pour répondre à la conjoncture sans risque important.
Pour occuper cet espace de fléxibilité, l’éleveur aura recours à un ensemble de techniques à sa disposition, axées autour de trois leviers :
- l’alimentation : type de ration de base, quantité de concentrés ;
- la traite : monotraite, intervalle vêlage- vêlage, étalement des vêlages ;
- les effectifs : durée de lactation, tarissement, réformes et achats de génisses, âge au premier vêlage.
Dans tous les cas, c’est l’agrégation dans des proportions à définir au cas par cas de ces techniques qui aidera l’éleveur à adapter au plus juste sa production à la conjoncture (couverture des charges, prélèvements privés, impôts…).
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