
Avec les difficultés économiques actuelles et compte tenu du contexte réglementaire fluctuant, les éleveurs ont besoin de références sans cesse actualisées concernant les itinéraires de production. C’est notamment le cas pour la filière d’engraissement de jeunes bovins, pour adapter les carcasses aux demandes du marché. Cette adaptation passe en priorité par l’alimentation, qui permet de réagir rapidement.
![]() En élevage, modifier la ration peut entrainer un impact technique, sur les performances anomales, et économique, sur la rentabilité de l’activité. (© Terre-net Média) |
Actuellement, les éleveurs disposent d’un outil développé par l’Inra (INRAtion), permettant de calculer les rations d’engraissement à un instant donné. « Mais il n’intègre pas l’effet cumulé dans le temps de différents itinéraires de production », expliquait en décembre dernier Franck Rigot (Arvalis-Institut du végétal).
À côté, des références multiples existent mais il n’est pas toujours aisé de les utiliser directement, en particulier si les animaux (race, niveau génétique, poids initial ou final) ou les aliments sont différents.
Un simulateur pour toute la période d’engraissement
L’Inra et Arvalis ont décidé d’unir leurs compétences pour créer un simulateur couvrant toute la période d’engraissement. « Après avoir constitué une base de données, le travail a consisté à établir un ajustement statistique de l’ingestion, puis à actualiser le paramétrage du modèle dynamique de croissance, MECSIC, proposé par l’Inra », poursuivait Franck Rigot.
Ces deux travaux ont été réunis dans un prototype de simulateur de croissance permettant de décrire, à partir des données d’entrée (race, poids vif, ration), l’ingestion et la croissance des animaux au jour le jour, le poids estimé de leur carcasse et des dépôts adipeux correspondants.
Des premiers résultats prometteurs
Les résultats indiquent que la liaison entre matière sèche ingérée et poids vif est forte : « l’accroissement de l’ingestion par rapport au poids est d’autant plus faible que l’animal est lourd et donc engraissé ».
Construction de la base de donnéesDans un premier temps, une base de données a été construite pour regrouper les résultats d’essais d’engraissement de taurillons. L’unité retenue est la « bande » pour laquelle il existe des données d’alimentation. Elle est renseignée sur 174 bandes de 7 à 21 animaux, suivies dans des essais d’Arvalis-Institut du végétal. Elle concerne majoritairement des animaux de race à viande : 47 % charolaise, 25 % limousine, 3 % blonde d’aquitaine et 25 % de races laitières. Les rations sont essentiellement à base de maïs fourrage (associé en moyenne à 34 % de concentrés) ou des rations sèches (83 % de concentrés). L’ingestion de matière sèche (MS) a été ajustée en tenant compte, d’une part, des caractéristiques des animaux (race, poids vif) et, d’autre part, de la composition de la ration (teneur en cellulose apportée par les fourrages, teneur en amidon et teneur en concentrés…). |
« Les races laitières ingèrent moins que les races à viande », avec au sein des catégories, (laitière ou viande) une hiérarchie qui se dessine entre races.
L’acquisition de résultats a permis d’affiner le modèle statistique, en associant à la fois le modèle d’ingestion de l’Inra et le modèle de croissance MECSIC, donnant naissance à un prototype de simulateur interactif, créé sous tableur Excel : « le modèle MECSIC fournit, chaque jour, tous les paramètres décrivant l’évolution des quantités de lipides et de protéines dans la carcasse et dans le 5e quartier. On en déduit alors l’évolution du poids de carcasse et du poids vif, qui servira pour le jour d’après », détaillait Franck Rigot
Prototype
Ce simulateur, à l’état de prototype, doit être amélioré sur plusieurs points pour être opérationnel. Ainsi, il ne prend pour le moment pas en compte les différences possibles de potentiel génétique des jeunes bovins, pas plus que la perte de l’énergie potentiellement métabolisable lors de la digestion. Il n’empêche : ce prototype valorise des résultats d’essais accumulés pendant une vingtaine d’années et jusque là oubliés.
« Il permet de transformer des données connues à l’entrée en atelier d’engraissement en performances moyennes de l’atelier au jour le jour. » Reste à compléter les références et à faire évoluer le prototype vers un outil utilisable, par les techniciens spécialisés, pour aider les éleveurs dans leurs choix.
Pour aller plus loin : www.inst-elevage.asso.fr.
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