Les types fonctionnels de végétation (Tfv) sont des indicateurs de moyens et d’effets

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Les types fonctionnels de végétation (Tfv) sont des indicateurs de moyens et d’effets

Les systèmes fourragers basés sur des prairies permanentes sont généralement peu encouragés. La cause première de ce constat est sans doute le fait que leur valeur d’usage agricole soit mal connue.


« Nous avons ainsi pu établir qu’un faible chargement correspond
en général à une faible diversité des types de végétation »,
expliquait en décembre dernier Michel Duru, directeur de
recherche à l’Inra de Toulouse. » (© Terre-net Média)
L’Inra de Toulouse vient de mettre au point une méthode d’évaluation de la valeur d’usage agricole des prairies à l’échelle du système fourrager. Jusque là, la valeur d’usage agricole des systèmes fourragers basés sur les prairies permanentes était méconnue. Pourtant, outre leur intérêt environnemental, l’utilisation de ces prairies peut être un moyen de « réduire les coûts de production, d’alléger le travail et de réduire la vulnérabilité des systèmes d’alimentation face aux aléas climatiques », expliquait en décembre dernier Michel Duru, directeur de recherche à l’Inra de Toulouse.

Relevés floristiques

Pour préciser cette valeur, l’institut français a mis au point une méthode générique d’évaluation de la valeur d’usage agricole des prairies à l’échelle du système fourrager. « Cette méthode est basée sur la composition fonctionnelle des végétations établie à partir de relevés floristiques simplifiés des graminées dominantes », poursuivait le chercheur. Ces relevés permettent par la suite d’établir deux indicateurs (encadré) : le pourcentage de graminées et leur type fonctionnel dominant, ou types fonctionnels de végétation (Tfv).

Deux indicateurs

Une prairie est caractérisée par une liste d’espèces présentes et qui vont venir influer sur le comportement de cet espace herbager. Les études menées par l’Inra ont montré que la teneur en matière sèche des limbes de graminées était bien corrélée à la date de floraison et à la digestibilité des fourrages. « Nous avons également montré une convergence pour ces valeurs entre les graminées et les dicotylédones d’une même prairie », poursuivait Michel Duru, directeur de recherche à l’Inra de Toulouse.

Ces deux informations permettent ainsi de simplifier la caractérisation de la végétation en la limitant au calcul de la Tms des graminées et à l’estimation de la proportion de graminées dans la végétation. Ces deux valeurs permettent de définir le type fonctionnel de la végétation, ou Tfv.

« L’intérêt de cette méthode est qu’elle permet de renseigner facilement quatre caractéristiques clés de la valeur d’usage agricole des prairies : la productivité, la temporalité de production – c’est-à-dire les dates de départ en végétation et du pic de biomasse – la valeur nutritive (digestibilité) et enfin, la souplesse d’utilisation. » Concrètement, ces clés permettent par la suite de qualifier les stratégies des éleveurs à l’échelle du système fourrager pour « en comprendre les déterminants et aussi, estimer la flexibilité du système ».

Chargement élevé = distribution homogène

Pour évaluer la pertinence de cet outil, huit élevages bovins ont été étudiés, dont 4 laitiers et 4 allaitant, tous situés sur le plateau de l’Aubrac. « Pour chaque type de production, nous avons retenu un intensif et un extensif au vu du chargement global. » Au final, il a été défini 18 Tfv, sur la base de 6 classes de Tms et de 3 classes d’abondance de graminées.

Les résultats montrent que la distribution la plus homogène est observée pour l’élevage laitier ayant le chargement le plus élevé, alors qu’un seul Tfv domine dans l’élevage allaitant le plus extensif. « Nous avons ainsi pu établir qu’un faible chargement correspond en général à une faible diversité des types de végétation. En d’autres termes, les complémentarités entre parcelles sont potentiellement plus élevées pour les élevages à fort chargement. »

Entre outre, une proportion élevée de prairies à faible Tms est en général associée à une fertilisation élevée (impact économique), à une vitesse de rotation au pâturage plus rapide (système d’organisation moins souple) et à un nombre plus faible d’espèces et de Tfv (impact environnemental).

Identifier les marges de manœuvre

Une première analyse globale de ces résultats montre que « le système fourrager apparaît comme le niveau approprié pour comprendre la diversité des pratiques et leur cohérence ». L’utilisation des Tfv permet également l’apport de nouvelles informations agronomiques, « ce que n’aurait pas permis la seule connaissance des chargements par lots d’animaux ou saisons ».

L’étude montre également que pour une même fonction, la composition fonctionnelle à l’échelle de la parcelle ou de l’exploitation implique d’autres facteurs que l’alimentation. « Il est alors possible d’identifier les complémentarités entre Tfv et les marges de manœuvre à l’échelle du système fourrager. » Reste qu’à l’échelle de la parcelle, le type fonctionnel de végétation dépend principalement du chargement. À l’inverse, à l’échelle de l’exploitation, les différences de contraintes et d’objectifs entre élevages amplifient ou atténue cette diversité, ce qui permet d’avoir in fine des paysages différents. « Cette approche peut permettre aux conseillers de comprendre et d’évaluer les impacts des pratiques agricoles ou subventions. Pratique et Tfv sont à la fois des indicateurs de moyens et d’effets », concluait Michel Duru.

Pour aller plus loin : www.inst-elevage.asso.fr.

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