Effets limités de l’incorporation de fibres en post-sevrage

Article réservé aux abonnés.

Effets limités de l’incorporation de fibres en post-sevrage

Les diarrhées et autres troubles digestifs sont fréquemment rencontrés chez les porcelets après le sevrage. Diverse méthodes sont aujourd’hui avancées pour réduire ces troubles. L’Ifip et l’Inra ont mené l’enquête sur l’impact potentiel de fibres fermentescibles en post-servage dans deux conditions d’élevage : normal ou en conditions dégradées.

Les études réalisées sur le sujet montrent que l’origine des troubles digestifs est multifactorielle. L’apport d’antibiotiques permet d’agir efficacement sur la réduction de ces symptômes et montre par ailleurs l’implication de la microflore du tube digestif.Outre les antibiotiques, l’introduction de fibres fermentescibles dans les aliments de post-servage est une autre des pistes proposées.

Des fibres pour accroître la résistance des porcelets


« La distribution d’un aliment concentré en nutriments pendant toute
la durée de post-sevrage montre une évolution négative de la
fréquence d’apparition des fèces liquides lorsque les porcelets sont
soumis à des conditions dégradées d’élevage. Cette réponse peut
révéler l’intérêt d’un apport minimal de fibres surtout
lorsque la pression sanitaire s’accroît. » (© Terre-net Média)
« Ces fibres peuvent stimuler le développement d’une flore favorable à l’équilibre digestif du porcelet. Ce faisant, elles lui permettent d’accroître sa résistance à la colonisation par des micro-organismes pathogènes », expliquait en ouverture de sa présentation Didier Gaudré (Ifip-Institut du porc), le 2 février dernier. Reste que les résultats bibliographiques sont contradictoires, les différences pouvant s’expliquer par la nature des troubles digestifs, des fibres et des aliments testés ainsi que le modèle animal utilisé.

L’Ifip-Institut du porc et l’Inra ont donc souhaité préciser si l’effet de l’apport de fibres dans l’aliment de post-sevrage différait selon l’environnement sanitaire. Deux essais ont donc été conduits dans les stations expérimentales de l’Inra et de l’Ifip.

Influence des fibres et des conditions d’élevage

Les effets de l’incorporation de ces fibres (pulpes de betterave et coques de soja) sur les performances de croissance et l’état de santé des animaux, ont été comparés dans des conditions d’élevage soit sécurisées, soit volontairement dégradées. Un mélange constitué de pulpes de betterave et de coques de soja est introduit dans les aliments fibres (F). L’aliment F est comparé à l’aliment témoin (T) en 1er âge. En 2e âge, il est tenu compte de l’aliment reçu en 1er âge ; dans ce cas, les 4 combinaisons d’aliments (TT, TF, FT et FF) sont comparées.

Les animaux sont élevés en cases individuelles à l’Inra et en cases collectives à l’Ifip, dans des conditions d’élevage, soit sécurisées, soit volontairement dégradées. Lire ici les résultats dans le détail.

Le 1er âge sous influence forte des conditions d’élevage

L’analyse des résultats montre que les conditions dégradées détériorent les performances de croissance et l’état de santé des porcelets principalement en 1er âge.« Le ralentissement de croissance observé semble résulter d’une baisse d’ingestion à l’Ifip, alors qu’à l’Inra l’hypothèse d’une modification de la digestion et/ou du métabolisme est discutée », détaillait Didier Gaudré.

En outre, ces mauvaises conditions augmentent la fréquence des troubles digestifs, « principalement lors du 1er âge ». Conséquence : l’efficacité alimentaire est diminuée « tandis que la fréquence des fèces liquides et la proportion d’animaux recevant un traitement antibiotique augmentent pendant les deux semaines après le sevrage ».

Il faut toutefois moduler ces résultats : l’effet des conditions dégradées sur l’ingestion des porcelets est différent sur les deux sites expérimentaux. Les conditions dégradées entrainent à l’Ifip une baisse de la consommation d’aliment et de la vitesse de croissance ; à l’Inra, elles sont à l’origine d’une augmentation de la consommation, « la vitesse de croissance restant inchangée ».

Dans le premier cas, on peut poser l’hypothèse que la baisse d’ingestion est à l’origine de la baisse de la vitesse de croissance. « Par contre, les résultats obtenus à l’Inra suggèrent des modifications de la digestion et du métabolisme. Ainsi, la dégradation des conditions d’élevage stimule les réponses de défenses de l’organisme à l’origine de perturbations métaboliques. »

Au cours du 2e âge, les performances sont peu affectées par les conditions d’élevage, « la période précédente ayant sans doute permis une adaptation des porcelets ».

Les fibres sans influence sur la stimulation du système immunitaire

L’effet des fibres ne diverge que faiblement selon les conditions d’élevage. Quelles que soient celles-ci, elles améliorent en 1er âge la vitesse de croissance puis la ralentissent, détériorent l’efficacité alimentaire en 2e âge et augmentent transitoirement la fréquence des fèces liquides. « Ceci suggère la mise en place d’un mécanisme de régulation de la consommation d’aliment dépendant de la teneur en énergie de l’aliment distribué. »

De plus, les fibres n’ont pas d’effet sur les teneurs plasmatiques en haptoglobine et donc, sur le système immunitaire. Enfin, la consommation d’eau varie selon les conditions d’élevage et la nature de l’aliment distribué « mais uniquement au cours de la période de 2e âge ». En conditions dégradées, la consommation est augmentée de plus de 20%, « voire de 30% lorsqu’elle est rapportée aux quantités d’aliment ingérées ». L’aliment fibre réduit l’ingestion d’eau de l’ordre de 13%.

Pas d’interaction fibres/conditions d’élevage

« En résumé, ces résultats ne mettent pas en évidence d’interaction entre fibres et conditions d’élevage. Le choix de ne pas utiliser d’antibiotique à titre préventif a sans doute eu pour conséquence de réduire les écarts de statut sanitaire entre les deux conditions d’élevage. »

D’autre part, l’incorporation des fibres dans l’aliment a eu des effets limités sur les performances et l’état de santé des porcelets. « Les fibres ne diminuent pas la proportion de fèces liquides et tendent même parfois, pendant une courte période, à l’accroître. »

Enfin, si les fibres ont tendance à améliorer la vitesse de croissance en 1er âge, elles diminuent la croissance et l’efficacité alimentaire en 2e âge.

Pour aller plus loin : www.ifip.asso.fr.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,14 €/kg net +0,04
Vaches, charolaises, R= France 6,99 €/kg net +0,05
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo

Tapez un ou plusieurs mots-clés...