Les possibles freins à la poursuite de la course en avant

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Les possibles freins à la poursuite de la course en avant

En trente ans, la filière porcine danoise a procédé à une restructuration profonde. Pourrait-elle poursuivre sur ce rythme ? Peut-être pas, car la situation d’hier n’est pas celle d’aujourd’hui. Explications.


Entre 20 et 30% des élevages dans le Danemark du Sud ne
pourraient plus s’agrandir selon le Danish Pig Production.
(© Terre-net Média)

En 2008, le chargement moyen d’une exploitation porcine danoise était de 15 porcs/ha (contre 20 porcs/ha en France) avec en moyenne 140 ha de SAU.

Ce foncier important permet l’épandage des lisiers sur les céréales produites pour l’alimentation des porcs. En effet, la fabrication d’aliments à la ferme couvre 50 % des besoins des porcs au Danemark, contre 30 % en France.

Ce lien au sol, base du financement de l’agriculture danois, est d’ailleurs soutenu par deux réglementations : la règle d’harmonie et la loi sur l’agriculture. « La première plafonne le nombre d’animaux autorisés à l’hectare (Ndlr : 1,4 Unité animale1). La seconde contrôle l’utilisation et la propriété des surfaces agricoles et réglemente la structure des exploitations et leur succession. » Cette loi sur l’agriculture, en vigueur depuis 1994, a été assouplie en 2005.

Elle stipule, entre autres choses, que tout producteur a l’obligation de posséder 25 % de ses terres d’épandage en deçà de 120 UA1 et 30 % au-delà. « Cette règle doit faciliter l’agrandissement des exploitations et relancer l’engraissement. Les élevages ont jusqu’à 2019 pour se mettre en conformité avec la nouvelle réglementation, mais toute création ou modification d’élevages oblige à l’adaptation immédiate. »

Accélération de la maîtrise technique

La restructuration rapide de ces élevages déjà performants a permis d’accélérer encore davantage la productivité des facteurs de production. Ces derniers se sont d’ailleurs améliorés bien plus vite qu’en France, traduisant ainsi les résultats de la restructuration, mais aussi des choix génétiques (prolificité, vitesse de croissance, conversion alimentaire).

« Le revers de la médaille est l’épuisement plus rapide des truies, avec 14 % de mortalité en moyenne au Danemark contre 6 % dans les autres bassins. » Sans doute une première limite de ce système de production.

Haut niveau d’endettement

Une seconde limite est le niveau d’endettement de l’agriculture danoise, un des plus élevés en Europe. Pour preuve, le doublement de la dette moyenne par porc entre 2000 et 2007. Toutefois, le mode de financement de l’agriculture est tel qu’il répond à l’important besoin en capitaux des exploitations, sans pour autant fragiliser la trésorerie des agriculteurs.

Pour ce faire, les emprunts sont remboursés sur 20 à 30 ans (contre 7 à 15 ans en France), « avec possibilité de différer d’amortissement de dix ans ». Selon la loi, ces crédits hypothécaires peuvent représenter 70 % de la valeur de la ferme. Ils sont garantis à la fois sur les terres et sur le cheptel et peuvent être complétés par un prêt bancaire classique.

« Ce système fonctionne tant que la valeur de la terre augmente. Mais depuis la crise économique mondiale, la bulle spéculative de 2005-2008 (+60 % en trois ans) se dégonfle avec une baisse de 21 % du prix du foncier sur un an », poursuit la spécialiste de l’Ifip, précisant par ailleurs qu’en 2008, le prix du foncier avait atteint 29.500 €/ha au Danemark contre 5.200 € en France.

Une nouvelle loi environnementale

Reste que la nouvelle loi sur l’agrément environnemental des exploitations agricoles de 2007 pourraient rendre plus difficile la poursuite de la croissance. Au Danemark, la directive Eie est transposée dans la loi sur l’aménagement (Planning Act). Cette loi, qui contrôle l’établissement de nouvelles unités de production ou l’agrandissement des sites existants, a ainsi fait tomber le seuil de 250 UA à 75 UA. Certes, les formes sociétaires, en essor, permettent de multiplier ce seuil par le nombre d’associés.

Mais déjà, l’autorisation n’est accordée qu’aux projets situés loin des zones sensibles et qui minimisent pollution et nuisances. De plus, depuis 2007, l’obtention d’une autorisation au titre de la procédure Eie est subordonnée à la capacité de l’élevage de réduire ses émissions d’ammoniac de 15 % en 2007, 20 % en 2008 et 25 % au moins en 2009 par rapport aux niveaux enregistrés en 2005 dans des élevages mettant en œuvre les meilleures techniques alors disponibles. Entre 20 et 30 % des élevages dans le Danemark du Sud ne pourraient plus s’agrandir selon le Dpp. D’autant plus qu’un 4e plan d’action sur l’environnement aquatique sera mis en place avant 2011.

 

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