Tourisme et agriculture : interdépendance ou interactions ?

Tourisme et agriculture : interdépendance ou interactions ?

Les logiques d’exploitation, les enjeux de territoires et les stratégies de filière ne sont pas toujours en phase, mais parfois si. C’est ce que démontre une étude menée dans la vallée de l’Abondance en Savoie par le Cemagref et l’Inra.

 


« Les simulations faites par le Cemagref et l’Inra soulignent les
enjeux sur l’espace (fermeture, gestion des fumiers) et sur la
filière Aoc d’une agriculture durable à l’échelle d’un territoire. »
 (© Terre-net Média)
La question n’est pas simple : comment peut évoluer la durabilité de l’agriculture à l’échelle d’un territoire, sans perdre le lien avec les niveaux d’organisation de l’exploitation et de la filière ?
En effet, la durabilité de l’agriculture de montagne soulève invariablement la question des interactions entre systèmes d’élevages, filières et bien entendu, territoires.

 

Agriculture et tourisme, je t’aime moi non plus

Dans le cadre d’un projet ‘Trans’ – comprenez ‘transformation de l’élevage et dynamiques des espaces’ –, une équipe scientifique composée du Cemagref et de l’Inra a cherché à évaluer cette durabilité à l’échelle d’un territoire, à savoir la vallée de l’Abondance.

« L’étude a porté sur l’évolution conjointe des activités agricoles et de l’utilisation de l’espace, en intégrant les modifications du contexte socio-économique liées notamment au tourisme », expliquait le 3 décembre dernier Lucie Polge de Combret (Cemagref), au cours des Rencontres recherche ruminants à Paris.

Le canton de six communes de l’étude est en effet un haut lieu touristique en été ; de fait, la filière agricole et la filière touristique sont liées via notamment la possibilité de vendre du fromage à la ferme et donc, de générer de l’emploi. Mais le tourisme impacte également l’agriculture en termes d’urbanisation, de fermeture du paysage sans oublier bien entendu les pratiques d’élevage (ex : épandage) qui influent en retour.

« Nous abordons les notions de viabilité économique et de viabilité à l’échelle des exploitations », poursuivait Lucie Polge de Combret. La viabilité économique est traduite au travers des effets des changements dans les exploitations laitières (volumes livrés, transformés ou vendus directement) et de l’objectif d’autonomie en foin visée par le cahier des charges Aoc.

Trois scénarii

Côté environnement, la lecture de l’interaction entre tourisme et agriculture se fait à la fois au niveau de la parcelle et à l’échelle de la vallée, au travers de la carte d’utilisation de l’espace et d’indicateurs de jugement de durabilité.

« Nous utilisons pour cela des modèles rendant compte des logiques de fonctionnement des exploitations, de leur organisation spatiale et de leurs projets, le tout dans un contexte qui évolue et qui peut donc influer sur l’usage des parcelles. »

L’étude a donc été menée avec trois niveaux d’approche : des enquêtes sur les fonctionnements des exploitations et leurs projets récents ; une extrapolation à l’ensemble des exploitations et à la typologie des exploitations ; enfin, des scénarii prospectifs. Une trentaine d’exploitations a donc été suivie dans le cadre de cette étude menée en 2000-2001, 2006 et 2008.

L'enjeu de l'espace

Des règles simulant les adaptations envisagées sont définies selon les types d’exploitation et les scénarios. La durabilité de l’agriculture est évaluée selon les scénarii (lire ici).

Les simulations soulignent les enjeux sur l’espace (fermeture, gestion des fumiers) et pour la filière Aoc. Les acteurs locaux ont nuancé l’importance des différents enjeux environnementaux et réfléchissent à des actions collectives.

« Pour aller au-delà et faire de cette étude un outil d’aide à la réflexion pour une agriculture durable, il nous semble nécessaire de placer les acteurs locaux au centre du débat pour élaborer un projet local de territoire », concluait Lucie Polge de Combret.

Pour aller plus loin : www.inst-elevage.asso.fr.

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Vaches, charolaises, R= France 6,99 €/kg net +0,05
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