
Dans son dernier rapport sur la situation de l’alimentation et de l’agriculture dans le Monde, la Fao fait à la fois l’éloge et le procès en règle de l’élevage. Source d’émission de CO2 et de gaz à effet de serre, les experts de la Fao invitent les pays à remettre en cause cette activité pivot de toutes les sociétés de la planète. Et par conséquent à ne pas évaluer à leur juste proportion les atouts de cette activité pivot.
L’élevage est une alternative pour lutter contre la malnutrition en milieu rural et une activité rémunératrice pour les paysans dans les pays en développement, reconnaissent les experts la Fao dans leur rapport « La situation de l’alimentation et de l’agriculture dans le Monde ». C’est aussi une filière qui maintient davantage de paysans en activité que les cultures.
Dans les pays développés, l’élevage, traditionnel ou hors sol, est indispensable pour conserver des campagnes vivantes et des activités économiques pourvoyeuses d’emplois.
![]() L'élevage laitier, source de protéines animales (© Terre-net Média) |
« Les émissions de gaz à effet de serre surviennent à chacune des principales étapes du cycle de production animale. Les émissions liées à la production fourragère et à la pâture sont liées à la production et à l’application d’engrais et de pesticides chimiques, à l’appauvrissement des sols en matière organique et aux transports.»
« Au niveau des exploitations, les émissions de méthane (CH4) et d’oxyde nitreux (N2O) sont le produit de la fermentation entérique et des effluents animaux. Dans la panse de l’animal, la fermentation microbienne transforme les fibres et la cellulose en produits qui peuvent être digérés et utilisés par l’animal. Le méthane est un sous produit de cette fermentation exhalé par, les espèces ruminantes, bovins, buffles, chèvres et moutons inclus. L’oxyde nitreux est rejeté durant le stockage et l’épandage des effluents d’élevage, et lorsque ces effluents sont stockés dans des conditions anaérobies et à la chaleur, ils produisent également du méthane. Enfin, l’abattage, la transformation et le transport des produits animaux entraînent des émissions liées principalement à la consommation de carburants fossiles et au développement des infrastructures. »
Les cycles du carbone
Le procès en règle de l’élevage remet même en cause les fondements de nos sociétés. Dans le rapport de la Fao, l’impact des défrichements sur les émissions de CO2 est mis en exergue en arguant des propos similaires à ceux condamnant la combustion d’énergie fossile. Or tenir de tels propos revient à oublier que l’essor de l’agriculture européenne a d’abord reposé sur le défrichement massif des forêts, un défrichement entrepris par les moines de grandes abbayes et leurs serfs, par la grâce de Dieu!
Et lorsque la Fao écrit « à l’inverse, si de bonnes pratiques de gestion sont appliquées à des terres dégradées, les pâturages et les terres cultivées peuvent devenir des puits nets de carbone, piégeant le carbone présent dans l’atmosphère », faut-il croire, toujours en lisant le rapport, que l’ensemble de l’activité agricole a d’abord conduit à détruire le potentiel agronomique des terres ? Autrement dit l’outil de production des paysans!
Si oui, alors comment expliquer la croissance des rendements là où les agriculteurs ont les moyens de mettre leurs terres en valeur? Certes, en dénoncer les excès est nécessaire, mais cela ne justifie pas que la Fao généralisât le phénomène.
En fait, il semble que les experts de la Fao omettent dans leur rapport la notion de cycle du carbone et de faire la distinction entre :
- les cycles courts propres à l’activité biologique végétale et animale (production de fourrage à partir de CO2 atmosphérique, conversion des matières fécales en éléments fertilisants organique …).
- Et les cycles longs dont le carbone émis provient de la combustion d’hydrocarbures fossiles stockés depuis des centaines de millions d’années.
C’est ce carbone qui est à l’origine de l’augmentation des quantités de CO2 atmosphérique. Et parmi toutes les activités économiques émettrices, la responsabilité de l’agriculture reste faible. En fait, c’est au niveau de la seule consommation d’énergie fossile qu’il est nécessaire de comparer la contribution de l’agriculture aux autres activités économiques polluantes (transport, voitures sidérurgie).
Aussi, remettre en cause l’activité d’élevage en invitant les paysans à quitter les campagnes pour « rationaliser la filière » sans alternative sociale et économique crédible conduirait à une migration des populations sans précédent vers les villes et alors, à un accroissement massif de la quantité d’agents polluants dans l’atmosphère.
En cette période de crise, c’est l’agriculture et la main d’oeuve employée qui atténuent les hausses du chômage et la croissance de la pauvreté.
Conséquences consuméristes
Les prises de position des experts de la Fao ne sont pas non plus sans conséquences sur les tendances consuméristes en vogue dans les pays développés. Elles conduisent à ce que les européens se détournent encore davantage de la viande vers des produits qui s’avèrent parfois plus néfastes pour la santé!
Lutter contre les gaz à effet de serre efficacement ne peut reposer que sur l’innovation et le développement d’une nouvelle économie avec de nouvelles sources d’énergie. Et non pas en dénonçant simplement des activités et la consommation d’énergie fossile sans apporter de solution viable!
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