
L’Institut de l’élevage a réalisé deux séries d’enquêtes, en partenariat avec la junior entreprise d’AgroParisTech. Objectif : établir un état des lieux de la pratique de l’écornage dans les élevages laitiers et allaitants français. Résultats.
![]() « Bien que très fréquent, beaucoup d’éleveurs reconnaissent ne pas aimer écorner les animaux. Ils évoquent une intervention à la fois difficile à réaliser – voire dangereuse pour eux – et peu appréciée des animaux. » (© Terre-net Média) |
Tout d’abord, aucun troupeau ne comporte de façon volontaire et permanente des animaux écornés et des animaux non-écornés. L’éleveur a en général fait le choix de l’un ou de l’autre.
Par ailleurs, il n’existe quasiment pas d’animaux sélectionnés sur l’absence spécifique de cornes.
Des différences régionales
L’écornage des bovins est une pratique très répandue en France où il concerne environ 87 % des élevages laitiers et 60 % des élevages allaitants. La proportion est plus élevée quand les animaux sont en stabulation libre plutôt qu’en étable entravée.L’enquête a également mis en évidence des choix différenciés par les éleveurs selon les régions : on rencontre ainsi moins d’écornage dans le Massif central.
Le choix est également fait en fonction de la race de la vache : ainsi, la Prim’Holstein est quasiment systématiquement écornée, au contraire des races de montagne.
« Moins de risque »
Deux motivations principales ressortent en faveur de l’écornage : la sécurité de l’éleveur et celle des animaux entre eux. « Selon eux, la présence de cornes accroît la gravité des coûts de têtes données », détaillait Florence Kling-Eveillard.Ils avancent également l’argument disant que les animaux écornés auront moins facilement tendance à en faire usage, contre l’éleveur ou d’autres animaux, « des risques exacerbés selon eux dans les stabulations libres ».
L’enquête a également montré que, pour beaucoup d’éleveurs, la stabulation libre imposait de conduire des animaux sans cornes. « Implicitement pour eux, un élevage moderne est synonyme d’animaux écornés et élevés en stabulation libre. »
Difficile en stabulation libre
Certains ont toutefois tenté l’expérience du maintien des cornes. « Mais ils ont témoigné de la difficultés à conserver ces animaux en l’état lors d’un passage d’une étable entravée à une stabulation libre. » Cette difficulté les a contraints à écorner l’intégralité du troupeau, alors que ce n’était pas le choix initial.Autre son de cloche des éleveurs qui ont fait le choix de conserver les cornes, « très pratique selon eux pour attacher les animaux », en particulier en étable entravée.
D’autres éleveurs ont mis en avant une vision de la relation Homme-Animal, « où le respect de l’intégrité physique de l’animal est important ».
Dans les élevages allaitants, deux choix ont été mis en évidence : d’un côté, les éleveurs engraisseurs qui pratiquent l’écornage ; de l’autre, des éleveurs achetant des animaux destinés à leur atelier qui n’écornent pas systématiquement ces dernier, mais préfèrent allotir les animaux homogènes. Reste que pour ces derniers, la question est moins cruciale car l’animal reste finalement peu de temps sur l’exploitation.
Des méthodes variées
L’écornage d’animaux jeunes (moins de 2 mois) est quasi-systématique en élevage laitier et ne représente que 50 % des pratiques en élevage allaitant. Les éleveurs ont en priorité recour à la cautérisation (80 % des éleveurs laitiers, 60 % des éleveurs allaitants), l’utilisation de pâte caustique restant confidentielle. Enfin, ils restent plutôt fidèle à une méthode et en changent rarement.
C’est en général l’éleveur lui-même qui intervient, ne donnant que très peu souvent un sédatif à l’animal (8 % des éleveurs interrogés).
L’écornage adulte est plus fréquent en élevage allaitant et n’est pratique que dans 25 % des troupeaux laitiers « et plutôt ponctuellement, en réponse à un accident ou à l’achat d’un animal corné ».
Dans ces élevages, la pratique est d’avoir recours soit à un scie-fil, soit à une disqueuse électrique, soit à un écorneur hydraulique. « Ici, la médication de l’animal est plus fréquence (ndlr : 25 % des éleveurs interrogés), de même que le recours à un vétérinaire ou autre (ndlr : 20 % des écornages adultes) ».
Il faut également noter que la majorité des éleveurs interrogés préfèrent intervenir sur des animaux jeunes pour des questions pratiques et parce qu’ils considèrent que l’intervention est plus rapide et moins douloureuse pour l’animal.
« Beaucoup d’éleveurs n’aiment pas écorner les animaux. Ils évoquent une intervention à la fois difficile à réaliser – voire dangereuse pour eux – et peu appréciée des animaux. La majorité des éleveurs interrogés souhaitent ne pas changer » concluait Florence Kling-Eveillard. « L’utilisation d’animaux génétiquement sans cornes suscite l’attention de certains, mais sous réserve de maintien de la performance zootechniques. Quant aux autres, cette voie leur apparaît contre-nature. »
Pour aller plus loin : www.inst-elevage.asso.fr.
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