
Les prix du lait dans le monde sont d’une grande hétérogénéité, avec un coefficient qui peut aller de un à quatre selon les pays. La comparaison a été réalisée entre 11 pays dans le monde, sur une moyenne des prix du lait à la production des années 2001 à 2007. Résultats.
Le comparatif, fait sur une moyenne des prix du lait à la production des années 2001 à 2007 dans 11 pays du monde, témoigne d'une grande variabilité des prix : de 150 €/tonne pour l'Argentine à plus de 600 €/tonne pour le Japon. La composition et la qualité sanitaire des laits produits n’expliquent pas à elles-seules cet écart des prix à travers le monde, explique Gérard You, agro-économiste à l’Institut de l’élevage : « Les écarts constatés proviennent de deux principaux facteurs : les politiques agricoles des pays et les coûts de production dans le pays, eux-mêmes fonction du contexte agricole et économique général ».
Parmi les pays positionnés au-dessus du prix français, estimé à 280€/tonne de prix moyen : le Japon (610€/tonne), la Suisse (480€/tonne), le Canada (410€/tonne), ou encore les Usa (284€/tonne). « Ce qui caractérise ces pays (ndlr : le Japon, la Suisse et le Canada), ce sont leur politique très protectionniste. Dans ces pays, les marchés sont très protégés, avec une politique de maintien de la production. De façon plus générale, on a une corrélation entre le prix du lait et le niveau d’ouverture ou de protection des marchés. Ainsi les pays les plus ouverts ont généralement les prix les plus faibles, en dehors du cas de l’Inde », précise Gérard You. Grâce à ces protections, les producteurs canadiens bénéficient par exemple d’un prix du lait élevé, croissant, indexé sur l’évolution des coûts de production. Ce prix est unique au sein de chaque province et les frais de collecte sont mutualisés. La production globale y est contingentée et ajustée aux besoins intérieurs.
En Argentine, un prix lié à celui du soja
Les Etats-Unis, avec un prix très légèrement supérieur pour la moyenne 2001-2007 au prix français, est donc le pays plus proche du notre hors Union Européenne. Mais la situation de la production laitière n’y est pas sans problème malgré les dispositifs de protection en place. « Dans ces deux pays, on a des politiques différentes mais des marchés relativement protégés, avec des mécanismes de soutien », commente Gérard You : soutien aux producteurs lorsque le prix chute, droits de douanes élevés pour limiter les importations de fromages étrangers, politique expansionniste et absence de contingent de production sont les dispositifs de protection en place aux Etats-Unis. Les prix sont identiques pour les producteurs d’une même zone, fixés par des Offices régionaux qui établissent une péréquation entre quatre marchés distincts du lait selon ses modes d’utilisations. Les principales différences avec la France : les prix peuvent varier d’une commune à l’autre, et bien sûr la présence des quotas. « Dans ces deux pays, les politiques laitières fortes permettent en quelque sorte, pour l’Europe, de limiter les variations des prix et pour les Etats-Unis de limiter celles des revenus en fonction de la conjoncture ».
![]() Le système d'exploitation laitier en Europe est trop différent de ceux de Nouvelle-Zélande, d'Argentine ou des Etats-Unis, pour pouvoir comparer des coûts de production entre eux (© Web Agri) |
Parmi les pays où les prix sont les plus faibles, l’Argentine (145€/tonne), la Nouvelle-Zélande (175€/tonne), ou encore l’Australie (190€/tonne). Ces marchés qui pratiquent des politiques libérales sont indexés sur les cours mondiaux. « On peut considérer que la Nouvelle-Zélande est un bon indicateur de l’évolution des cours mondiaux. L’évolution du prix du lait intègre complètement l’évolution du prix mondial ». En effet dans ce pays, une grosse coopérative, Fonterra, détient le quasi-monopole du marché avec 95% de la production, qu’elle transforme et exporte. Le prix du lait est fixé en début de campagne et plutôt stable, et est aligné d’une campagne à l’autre sur le marché mondial.
Le cas de l’Argentine est encore différent. Le prix est directement sous l’influence des prix mondiaux des produits laitiers, mais aussi de l’évolution des cours du soja. Les industriels ajustent le prix du lait en fonction des cours du soja, production concurrente dans le pays. Il n’y a pas de mécanisme de régulation des marchés, le prix du lait y est faible et instable. Par contre, des taxes à l’exportation protègent le marché intérieur et évitent la flambée des prix dans le pays, protégeant ainsi le pouvoir d’achat.
Mais la seule comparaison des prix de ventes entre pays ne suffit pas pour dresser une analyse complète de la situation économique des éleveurs laitiers dans les pays. Pour ce faire, il faudrait aussi étudier des facteurs comme les volumes produits par atelier, les cours des monnaies et le niveau de vie dans le pays, ou encore les coûts de production par type d’exploitation. « Or une comparaison des pays entre eux sur ce critère est délicate, signale Gérard You. Les logiques de production sont trop différentes d’un pays à l’autre. On peut difficilement comparer des coûts de production de schémas totalement opposés, comme par exemple celui d’un élevage domestique avec main d’œuvre familiale comme en Europe avec celui d’ un élevage de type industriel en Argentine, où les éleveurs sont des propriétaires fonciers avec uniquement emploi de main d’œuvre salariée ».
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