 Des plantes riches en tanins contre le parasitisme? (© Terre-net Média) |
En raison de leur très large répartition géographique, de leur fréquence et de l’importance des pertes économiques provoquées, les nématodes du tube digestif (strongles gastro-intestinaux) sont considérés à l’échelle mondiale comme une des principales menaces parasitaires pesant sur l’élevage des ovins et des caprins.
La maîtrise actuelle des strongyloses repose pour l’essentiel sur l’emploi répété, stratégique ou tactique, d’anthelminthiques (AHs) de synthèse. Les menaces et contraintes touchant l’usage de telles molécules chimiques chez les principales espèces domestiques, notamment chez celles à vocation laitière, sont désormais de plus en plus sévères. Surtout, le développement croissant, très préoccupant, des phénomènes de résistance aux AHs chez les vers, en particulier dans l’espèce caprine, oblige à reconsidérer l’ensemble des stratégies usuelles de lutte. Les solutions alternatives visent à compléter voire remplacer les AHs chimiques.
Utiliser des plantes riches en tanins
Certains résultats récents et prometteurs ont été obtenus avec des plantes riches en tannins. Il a ainsi été montré que la consommation, par des moutons ou des chèvres, de certains fourrages riches en tannins (exemple : sainfoin, sulla, sericea) contribuait à freiner la dynamique des infestations par les SGI. Ces résultats supposent une distribution prolongée des ressources fourragères ciblées.
« L’effet tanin nous a semblé intéressant à étudier suite à des observations réalisées sur des chevreaux ayant reçu une cure de tanins pendant dix jours », explique les animatrices de l’atelier ‘gestion du parasitisme’, proposé lors dernier lors du salon Tech & Bio de Loriol. « Nos observations montraient en effet que le lot ayant reçu des tanins montrait une stabilisation de la population de strongles, à l’inverse du lot témoin où, au contraire, elle augmentait de façon préoccupante. »
Deux lots distincts de chèvres adultes ont donc été constitués, l’un recevant une cure de sainfoin pendant 7 j, le second une ration classique. « Nous avons relevé une concentration de strongles plus faible dans le lot ayant reçu du sainfoin ; mais il faut toutefois noter que la population n’est pas détruite, mais sa vitesse d’évolution est ralenti mais toujours là. Sur le lot témoin, nous avons au contraire eu à déplorer la mort de deux animaux. »
Entre 3% et 9% de tanin
Selon les spécialistes, le tanin agirait en réduisant l’installation des larves de 3e génération (L3) : en effet, le sainfoin apporte des molécules de tanins complexes qui déstabilisent la larve qui, en conséquence, a du mal à s’installer dans les muqueuses intestinales. Ainsi, la fertilité des strongles est entamée et l’on observe logiquement moins d’œufs.
« On a toutefois remarqué qu’il fallait une concentration minimale en tanin contenue dans le sainfoin pour avoir un effet sur le parasite. Nos observations montrent que cette concentration doit être au minimum de 3% et dans tous les cas, inférieure à 9% sous peine de toxicité. Les effets sont de toute façon variables en fonction de l’hôte. Enfin, il faut que ces tanins soient effectivement en contact avec les parasites, ce qui suppose que le sainfoin soit effectivement consommé par l’animal. Ainsi, l’apport de sainfoin est à raisonner en fonction de la présence avérée du parasite. »
Ces travaux ouvrent donc de nouvelles perspectives en termes de lutte contre les strongles avec des plantes riches en tanins « qui de toutes façons doivent être adossées à d’autres moyens de lutte, car ces plantes ralentissent l’évolution des strongles, mais ne les éradiquent pas ».
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