Le mouvement de "grève du lait" des éleveurs pour protester contre l'effondrement des prix se poursuivait lundi un peu partout en France, avec un boycott des livraisons aux industriels et des distributions gratuites dont l'impact était difficile à évaluer.
Le taux de participation au mouvement initié jeudi au niveau européen, qui semble très variable d'un bassin laitier à l'autre, fait l'objet d'une guerre des chiffres entre pro et anti-grévistes au sein de la profession. Selon l'Organisation des producteurs de lait (OPL), qui soutient le mouvement, le taux de grévistes atteignait lundi 40% en moyenne au niveau national.
Mais, selon la Fédération nationale des producteurs laitiers (FNPL), branche laitière de la FNSEA hostile au mouvement, ce taux n'était que de 7%. Dans le Grand Ouest, principale région laitière, la participation était particulièrement importante dans le Calvados et le Centre-Bretagne, affirment les syndicats, même si des sources industrielles font état d'un « impact très faible ».
Plusieurs grévistes de l'Ouest font état de pressions des industriels. Lactalis ferait notamment courir, selon eux, des rumeurs de poursuites judiciaires contre des éleveurs pour rupture de contrat, afin de les intimider. Dans le Sud-Ouest, le taux de grévistes atteignait « 80 à 90% » dans les Pyrénées-Atlantique, notamment au pays Basque, a affirmé un délégué de l'Association des producteurs de lait indépendants (Apli).
Dans le Nord/Pas-de-Calais, la « grève du lait » était suivie par 25% à 30% des producteurs, toujours selon l'Apli. « Le mouvement est bien suivi, les consciences commencent à se réveiller. Au début, les producteurs étaient peut-être un peu réservés, craignant de se retrouver seul à faire grève. Mais maintenant, qu'ils voient que c'est suivi, ils sont de plus en plus nombreux à entrer dans le mouvement », a déclaré à l'AFP Karol Bulcke, délégué Apli du Nord.
« J'entends parler de 30% de participation, pour moi tout ça, c'est de l'intox. Autour de moi, il n'y a aucun producteur qui fait grève », assure Philippe Cartieaux, le président des producteurs de lait du Nord, affilié à la FNPL. Cette organisation insistait d'ailleurs sur la situation dans l'Est, où la mobilisation était « proche de zéro » selon elle.
Aucune action massive n'était signalée en France, mais un peu partout les distributions gratuites sur les marchés ou dans les exploitations se multipliaient, les producteurs grévistes détruisant leur reliquat de lait. Plusieurs centaines de litres de lait ont ainsi été distribués dans la matinée sur le marché de La Mure (Isère), tandis que dans le Bas-Rhin, plusieurs agriculteurs, membres de la Coordination rurale, ont déversé leur production dans leurs fosses à lisier.
Dans la Haute-Saône, un blocage de l'usine Eurosérum, filiale du groupe Entremont Alliance, était organisé à Port-sur-Saône par les exploitants laitiers de la Confédération paysanne. Dans l'Aveyron, une tour de séchage, qui sert à fabriquer la poudre de lait, a été occupée. La présidente socialiste de Poitou-Charente, Ségolène Royal, a apporté lundi « son soutien » aux éleveurs en grève, appelant le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire à mettre en oeuvre « des actions immédiates » pour obtenir un « prix rémunérateur pour les éleveurs ».
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