Les crises vécues au plan international en 2007 et 2008 viennent d’un déficit de régulation et le retour du politique dans le domaine de la finance pourrait permettre d’aborder des vraies questions sur la prochaine politique agricole commune. André Pflimlin saisit cette occasion pour ouvrir le débat et proposer un scénario de politique laitière recentrée sur le marché intérieur européen avec un prix du lait stabilisé, une politique environnementale cohérente et aidée.
« La Pac de 2003 est dépassée et mal orientée. Beaucoup de choses ont changé depuis. Le contexte mondial a radicalement changé. Les prévisions à moyen et long terme montrent que nous sommes en train de basculer de l’ère d’abondance à l’ère de la pénurie. Il faudra produire plus avec moins de surfaces et moins d’intrants, il s’agit donc d’une révolution agricole incontournable. La protection de l’environnement et le changement climatique nous obligent à produire autrement, plus efficace, plus sobre, plus propre. »
![]() « Ne faudrait-il pas revenir aux fondamentaux de la Pac et redonner la priorité au marché interne, promouvoir la sécurité alimentaire ?», demande André Pflimlin, Institut de l'élevage lors de la journée d'automne de l'AFPF le 16 octobre dernier. (© NPetit) |
« Or ce sont les systèmes herbagers qui permettent mieux que d’autre de concilier productivité et protection de l’environnement et ce sont eux qui devraient être soutenus en priorité», estime André Pflimlin. « Dans ce contexte, la production à l’herbe pourrait avoir un bel avenir, mais ce n’est pas ce qui se passe aujourd’hui, le marché reste plus favorable aux cultures, y compris le maïs ensilage. »
Laisser au marché les arbitrages territoriaux
« Seulement 1/3 des prairies françaises ont droit à la prime à l’herbe de 76€ avec pour conséquence une diminution des prairies, des retournements accélérés qui découragent les régions herbagères. Et à l’heure actuelle, le stockage du carbone dans les prairies n’est pas pris en compte. »
Chargé des questions européennes à l’Institut, André Pflimlin a projeté deux scénarios qui s’offrent à l’Union, deux options contrastées : un plan A et un plan B. Le plan A qui prépare activement la fin des quotas, présente beaucoup de fragilité et un impact social à ne pas négliger. « Il ne faut pas oublier que c’est la Nouvelle Zélande qui définit les cours mondiaux laitiers, que cette nation exporte toute sa production sans aide à un coût de production deux à trois fois inférieur à celui des Européens. » Le plan B consiste à se recentrer sur le marché intérieur européen avec un prix du lait stable, une politique environnementale cohérente et aidée. André Pflimlin voit dans cette période l’occasion de rebâtir une politique laitière sans mettre en opposition les différents systèmes d’élevage et fourragers mais en jouant sur la complémentarité des élevages si hétérogènes au sein de l’union européenne. « L’Europe des 27 est constituée d’une telle hétérogénéité de milieux, systèmes pédoclimatiques et fourragers des régions laitières qu’on ne peut pas laisser au marché le soin de faire les arbitrages face aux enjeux territoriaux et sociaux. On ne peut surement pas imposer aux éleveurs européens des contraintes réglementaires croissantes pour l’environnement, l’hygiène, le bien-être animal… et importer de la viande et des produits laitiers sans taxe et sans garantie sur les conditions de production.»
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