Alors que la faim progresse dans le monde, les organisations spécialisées insistent, à l'occasion de la Journée mondiale de l'alimentation et en pleine crise financière, sur la nécessité d'investir massivement dans l'agriculture vivrière.
![]() Première cause citée, la production de biocarburant aurait privé le monde de 100 millions de tonnes de céréales. (© Terre-net Média) |
Dans la foulée, M. Diouf a accusé les dirigeants du monde d'avoir ignoré les avertissements lancés par son agence onusienne sur la crise alimentaire, estimant que ce qui avait manqué pour enrayer la crise était à la fois la volonté politique et les moyens. Selon la FAO, l'investissement dans l'agriculture entre 1980 et 2006 est tombé de 17% à 3% alors que la population mondiale a cru pendant ce temps de 78,9 millions chaque année.
La faim dans le monde touche aujourd'hui 923 millions de personnes
Parallèlement, les biocarburants ont privé le monde de 100 millions de tonnes de céréales comme le maïs ou le blé qui pourraient servir à alimenter des Hommes, a-t-elle souligné. "Le fait que la faim touche près d'un milliard de personnes dans le monde oblige tous les bailleurs à revoir l'orientation de l'aide et à en diriger à nouveau vers l'agriculture vivrière qui avait été un peu négligée ces dernières années au profit des secteurs de la santé et de l'éducation", souligne Stéphane Delpierre du service d'aide humanitaire de l'Union européenne (Echo).
"Relancer l'activité des petits paysans et lutter avec des programmes coordonnés contre la malnutrition qui menace de mort 19 millions d'enfants, sont les deux priorités actuellement face à la crise alimentaire", renchérit Erika Wagner de la Fondation Clinton.
"Depuis des années, nous insistons sur le manque de soutien au développement de l'agriculture du sud qui rendait la crise actuelle largement prévisible", souligne Catherine Gaudard, directrice du plaidoyer du Comité catholique contre la faim et pour le développement-Terre solidaire (Ccfd). "Mais des fonds supplémentaires, s'ils finissent par être versés en ces temps de crise financière, ne suffiront pas", ajoute-t-elle. "Il faut des politiques commerciales cohérentes pour permettre à ces agricultures de se développer et s'appuyer sur des agricultures familiales car s'il s'agit de financer le développement d'agricultures industrielles intensives ou d'investissements étrangers cela ne répondra pas au problème".
L'aide alimentaire internationale est tombée en 2008 à son niveau le plus bas depuis 40 ans
Pour Caroline Wilkinson, d'Action contre la Faim, "même si les programmes de relance agricoles sont extrêmement importants, l'urgence aujourd'hui est de traiter les 55 millions d'enfants qui souffrent de malnutrition". En août, le Programme alimentaire mondial avait de son côté annoncé la mise en oeuvre d'un programme d'aide pour lutter contre la crise alimentaire de 142 millions d'euros dans 16 pays particulièrement touchés par la faim dont l'Afghanistan, Haïti, le Liberia, le Mozambique, l'Ethiopie et la Somalie.
Mais selon l'agence onusienne, l'aide alimentaire internationale est tombée en 2008 à son niveau le plus bas depuis 40 ans. Pour Florence Lasbennes, agronome en poste au ministère français des Affaires Etrangères sur les questions de développement de très long terme, dans le monde "le politique n'avait absolument rien à faire des 800 millions de paysans qui souffraient de la faim avant les émeutes". "La question est aujourd'hui, en a-t-il quelque chose à faire ?", s'interroge Mme Lasbennes, avant de poursuivre avec diplomatie: "Je préfère laisser la question en suspens".
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